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EAN : 9782073025357
368 pages
Gallimard (04/05/2023)
3.83/5   216 notes
Résumé :
Plus de trois siècles après la Grande Nuit, Sheltel, l’île du centre du monde, se croit seule rescapée de la catastrophe. Mais un jour, la Main, sorcière chargée de donner la vie et de la reprendre, aperçoit un navire à l’horizon. Il est commandé par une pirate impitoyable, bien surprise de trouver une île au milieu du Désert Mouillé.
Si la Main voit en ces étrangers une menace pour ses secrets, Arthur Pozar, commerçant sans scrupules, considère les intrus co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (64) Voir plus Ajouter une critique
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Pour ses 20 ans, Folio-SF a eu une idée pour le moins originale et enthousiasmante : organiser un concours d'écriture pour publier un premier roman français d'imaginaire.
Un an plus tard, après moult débats, voici donc la lauréate et son oeuvre : Chris Vuklisevic pour Derniers jours d'un monde oublié !
Au programme : de la fantasy où noirceur et anachronisme(s) cohabitent, des personnages fascinants bourrés de surprises et un univers original prêt à s'ouvrir au monde…et aux lecteurs curieux !

Un île perdue
Terre en vue ! Terre en vue !
Tout commence par la découverte par Erika et ses compagnons pirates d'une île inconnue en plein milieu du Désert Mouillé.
Inconnue, vraiment ? En réalité, Sheltel a disparu plus de trois cents ans auparavant, durant la Grande Nuit.
Sous l'implacable autorité de Kreed, la capitaine du vaisseau pirate La Couronne, Erika fait route vers ce mystérieux îlot.
Sur Sheltel règle le Natif, sorte de roi affligé d'une bénédiction (ou une malédiction, qui sait ?) et dont le corps se couvre d'écailles reptiliennes à moins de s'enduire d'une substance appelé Prystine.
Seul le roi a le droit d'arborer ces écailles, les malheureux qui s'en retrouvent affublés sont impitoyablement punis.
La population de Sheltel se divise en deux ethnies : les Dusties (peuplant Dust, la principale ville de l'île) et les Ashims (rescapés de la Grande Nuit échoués sur Sheltel et qui y ont trouvé refuge dans des conditions pour le moins précaires).
La toute-puissance des Natifs est remise en cause depuis quelques années par l'influence de la Bénie, sorte de prêtresse d'un culte pour miséreux sous la coupe d'un vieux marchand du nom d'Arthur Pozar.
Pour réguler sa population, Sheltel abrite également une figure particulièrement terrifiante : la Main. Considérée par beaucoup comme une sorcière, la Main et ses Phalanges (au nombre de cinq : Petit, Anneau, Majeur, Index et Pouce) tiennent l'arbre généalogique de l'île d'une poigne de fer, depuis ses racines jusqu'à ses branches naissantes…et parfois pourries.
Car dans un espace clos comme celui de Sheltel, la consanguinité guette et les naissances monstrueuses se doivent d'être promptement éliminées…
Dans cette société à l'équilibre précaire, l'arrivée des pirates risque de tout remettre en question car derrière Erika, Kreed et les siens, le monde attend.
Chris Vuklisevic construit son roman par petites touches, alternant trois points de vues : celui d'Erika, celui d'Arthur Pozar et celui de la Main.
Entre ces chapitres, la française intercale des documents divers, de la proclamation officielle à l'extrait de journal en passant par la missive privé et la publicité. D'aspect anodin, ces ajouts prennent pourtant toutes leurs importances mis en rapport avec le reste, ajoutant des éléments historiques et sociaux, annonçant certains développements de l'histoire sans passer par des pages et des pages d'explications et, surtout, jonglant entre anachronisme, humour et noirceur. le lecteur sera ainsi surpris de trouver parfois des publicités ou des pages de journaux étrangement proches des nôtres dans le ton comme dans la forme. Un décalage qui permet le sourire dans un monde pourtant au demeurant infiniment cruel.

Vivre en reclus
En effet, bien loin du conte de fée ou du récit feel-good, Derniers jours d'un monde oublié vous parle des méfaits du repli sur soi et des conséquences de la mainmise des puissants sur un peuple pris au piège. Sur Sheltel, la probabilité de marier son cousin ou son demi-frère n'a rien d'exceptionnelle. Pour maintenir l'équilibre (et un pool génétique acceptable), la Main tue les malformés et interdits les unions contre-nature. Cette sorcière régulatrice et sans pitié possède une autorité quasiment sans limite et ses acolytes, les Phalanges, s'assurent du reste. Car la menace génétique n'est pas la seule à peser sur Sheltel et Chris Vuklisevic nous parle également d'un autre danger que nous connaissons bien, celui de la surpopulation. Vivant sur un territoire congru avec des ressources (notamment en eau) très limitées, Sheltel ne peut se permettre la fantaisie d'une population pléthorique. Ainsi la Main, en sus de son penchant eugéniste, a également la charge de réguler la population en éliminant les inutiles ou en troquant la vie d'un parent contre celle d'un enfant. Évocation à peine voilée d'une problématique très actuelle (avec l'épuisement des ressources et la pression du réchauffement climatique), l'emploi de la Main fascine autant qu'il horrifie. Peut-on moralement accepter cette solution à un problème pourtant évident et incontestable ?
La tendance à vivre replié sur soi est l'un des traits fondamentaux de la société établie sur Sheltel. L'arrivée des pirates va donc permettre la découverte d'un autre monde pour ceux qui avait oublié l'existence d'un ailleurs et entraîner des conséquences forcément très importantes pour les puissants qui, jusqu'ici, régnaient sans partage sur l'île.
Le coeur du roman se retrouve donc dans cette ouvertures au monde et aux autres et sur ce que le changement peut avoir de terrifiant.

Une part de lumière au coeur des ombres
Ce qui permet pourtant à Derniers jours d'un monde oublié de se distinguer définitivement du tout-venant, outre sa langue affûtée comme une lame de rasoir, c'est la facilité avec laquelle Chris Vuklisevic construit des personnages cruels et apparemment inhumains pour finir par les humaniser même après les pires révélations.
Chacun des trois personnages que nous suivons exercent une forme de terreur sur le quidam moyen. Arthur, sous ses apparences de vieillard décati, contrôle le marché du Feu Origine (un feu éternel qui ne brûle pas), élimine la concurrence en enfermant les personnes avec des dons surnaturels pouvant lui faire de l'ombre au fond des sinistres cellules rouges, n'hésitant jamais à manipuler tout ceux qu'il peut pour asseoir son autorité. Erika, elle, vit dans la violence et tue sans même réfléchir depuis son enfance, comme une seconde nature. Enfin, la Main…fait ce que la Main doit faire, prenant la vie et l'espoir d'une famille, éprouvant les limites du tolérable et gardant son faciès monstrueux à l'écart du monde.
Pourtant, avec malice et subtilité, Chris Vuklisevic infiltre de la bonté et de la nuance à ces personnages en apparence monstrueuse. L'enfance d'Erika et sa volonté de liberté, les sévices endurés par la Main et sa soudaine humanité retrouvée face à une difformité qui lui rappelle la sienne, l'attachement d'Arthur à son petit fils aveugle et ses origines miséreuses, ici, rien n'est aussi simple qu'il n'en a l'air et la capacité à nuancer les personnages permet de sortir avec brio des stéréotypes du genre.
Mieux, l'autorité incarnée par chacun permet un message plus politique encore puisque la toute-puissance des uns et des autres repose sur la violence, la terreur et la cruauté. Mais que se passe-t-il quand tout cela ne suffit plus et que la révolte gronde ? Que se passe-t-il une fois que l'on se confronte à ses propres insuffisances ?
En filigrane, les marginalisés retrouvent une voix, eux qui, pourtant, possèdent des dons bien plus impressionnants et puissants que la plupart et qui semblent s'être convaincus eux-mêmes de leur impuissance et de leur nature indésirable. Et si l'oppression ne tenait qu'à l'illusion d'une infériorité entretenue par des puissants impitoyables et inhumains prêts à tout pour conserver leurs pouvoirs ?

Magistrale entrée en matière dans le monde de la fantasy, Derniers jours d'un monde oublié convoque une galerie de personnages tout en niveaux de gris pour peupler un univers fascinant au possible où la peur de l'autre et l'ouverture au monde s'affrontent dans une ultime confrontation lourde de sens. Chris Vuklisevic fait ainsi une entrée fracassante dans le monde de l'imaginaire.
Lien : https://justaword.fr/dernier..
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Challenge plumes féminines 2021 – n°16

Livre reçu dans le cadre de la dernière Masse Critique. La couverture m'a beaucoup intrigué, toute de bleue vêtue. le résumé a fini de me convaincre de l'ajouter à ma longue liste de choix. C'est le premier roman de cette auteure et j'espère découvrir un univers vraiment à part.

Le début est très intrigant avec ce peuple perdu sur une île et entouré de règles très strictes liées à la survie. J'aime beaucoup comment l'auteure a construit son histoire et son alternance de personnages. La magie qui opère sur cette île est très originale mais également très complexe et très réglementée. Tout le monde n'a pas forcément le droit de vivre comme les autres. Certains ont également plus de pouvoirs que d'autres, ils peuvent s'octroyer des bénéfices que d'autres n'auront jamais. Malgré l'univers très original et à cause de la fatigue, je n'avançais que de quelques pages par jour dans l'histoire, je l'ai donc abandonné temporairement pour pouvoir le finir pendant le week-end et au calme. Il m'a fallu un peu de temps pour me remettre dans l'histoire et de me rattacher aux personnages. J'ai quand même une préférence pour la Main. J'ai eu un coup de coeur pour l'univers qui est unique mais, je ne sais si c'est dû à la fatigue, j'ai fini par perdre le fil de l'histoire et à avoir du mal à lire certains passages. L'auteure reprend les tares de l'humanité pour faire son histoire, j'ai trouvé ça un peu dommage car le reste était rempli d'imagination même si les personnages restaient assez manichéens. J'aurais aimé avoir une histoire originale de bout en bout, j'ai donc été un peu déçue par les évènements qui se produisent à certains passages. L'alternance des personnages et de certains écrits permet malgré tout d'avoir une vue d'ensemble de ce monde en miniature.

Comme vous l'aurez compris, ce roman a été une excellente découverte, la fin rehausse un peu le milieu de cette histoire. Elle reste malgré tout une nouvelle auteure à suivre si elle continue à écrire. Je remercie donc Babelio et Folio SF pour l'envoi de ce roman. Je conseille aux amateurs de SF de découvrir cette auteure et son univers original.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Lauréate du concours organisé par Folio SF pour les 20 ans de la maison d'éditions, Chris Vuklisevic livre son premier roman, une fantasy noire où les intrigues foisonnent.

L'Ile de Sheltel se dresse comme un phare au milieu des océans. Sur ce petit territoire, les habitants pensent être les derniers survivants de l'humanité, décimée par la Grande Nuit, 300 ans auparavant.
La population se divise en 2 clans : les Dusties qui habitaient l'île avant l'apocalypse et les Ashims, descendants des naufragés rescapés de la Grande Nuit.
Sur ce peuple qui cohabitent précairement, règne le Natif, un être réputé magique dont le corps est partiellement recouvert d'écailles.
L'isolement et le rationnement ont commencé à faire des ravages auprès des populations. Consanguinité, malformation des nouveaux-nés et le manque d'eau marquent le quotidien.
Aussi, le jour où un navire pointe les voiles à l'horizon, la révolution s'empare des habitants et divise les esprits. Certains y voient l'occasion de mettre un terme à leur isolement et à s'enrichir, comme autrefois grâce au commerce, quand d'autres déplorent déjà la fin de leurs traditions.

Un récit assez dur marqué par la cruauté des conditions de vie et des traditions qui ont permis à ce peuple de survivre sans s'entre-tuer.
J'ai aimé découvrir les différentes histoires de chacun des personnages. le gros point fort de ce récit est la dimension réaliste donnée aux protagonistes.
Ainsi, La Main, une sorcière aux pouvoirs mortels et les Phalanges, ses apprentis, ont endossé le rôle de régulateur pour les habitants. Chaque naissance doit donner lieu à un décès et les personnes les plus fragiles et les plus inutiles sont désignées au sein de chaque famille pour laisser la place à ceux qui naissent. Meurtrière, généalogiste, les qualificatifs ne manquent pas pour ce personnage sombre qui voit d'un mauvais oeil l'arrivée du navire et l'ouverture au monde qui se profile.
Arthur Pozar est commerçant et représente ceux qui voient l'espoir avec cette arrivée inespérée. J'ai aimé suivre ses intrigues et sa relation particulière avec la Bénie, une femme qui dirige un sanctuaire dédié aux enfants handicapés dont les parents ont les moyens de payer le placement.
Enfin Erika, la jeune pirate, est d'abord surprise de découvrir une île au milieu de nul part. Elle voit enfin l'occasion d'échapper à son enrôlement forcé et surtout, au capitaine Kreed, la capitaine du navire, aussi cruelle que rusée.
Trois regards différents sont ainsi portés sur les événements et le dynamisme du récit s'en ressent. L'écriture est fluide, le style plaisant et l'histoire est assez intéressante pour que l'on ne se lasse pas pendant la lecture.
Un bon moment.
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En 2020, la collection Folio SF de Gallimard fêtait ses vingt ans et organisait un concours d'écriture au terme duquel elle proposait de publier le roman du lauréat. Cette lauréate, c'est Chris Vuklisevic dont « Derniers jours d'un monde oublié » est donc le premier ouvrage. le roman met en scène une île esseulée, Sheltel, persuadée d'être le seul endroit épargné après la Grande Nuit, une catastrophe à propos de laquelle on ne sait presque rien mais qui a des allures d'apocalypse. Trois siècles plus tard, la petite vie tranquille des habitants de l'île se voit bouleverser par une nouvelle incroyable : un navire mouille au large des côtes, preuve irréfutable qu'un monde existerait bien encore au-delà de ce territoire étriqué. Un monde dangereux pour certains, car il risquerait de remettre en cause les traditions séculaires de l'île, mais un monde plein de possibilités, notamment commerciales, pour d'autres. Trois personnages occupent le coeur du récit. La première est une femme qui occupe l'une des fonctions les plus prestigieuses et que l'on associe à une sorcière. Appelée la « Main » et appuyée par cinq assistants qui constituent ses doigts, elle est chargée de contrôler les naissances et les morts sur l'île grâce à son terrifiant pouvoir, la balance devant être parfaitement équilibré afin d'assurer la pérennité de Sheltel. L'autre est un vieux marchand, à la fois ravi à la perspective de l'ouverture de nouveaux marchés mais aussi profondément inquiet que les innovations techniques de ces étrangers ne soient d'une qualité supérieure à celles qu'il a conçu et ne viennent ainsi menacer son monopole. Enfin, on va suivre le parcours d'une jeune femme appartenant à l'équipage du navire mouillant au large et qui fait le choix de déserter pour échapper à l'emprise de la capitaine, responsable de la disparition de ses parents et qui n'hésite pas à l'utiliser pour distraire l'équipage en lui faisant affronter les matelots lors de combats sanglants. La sorcière. le vieux marchand. La pirate. le roman alterne entre les points de vue de ces trois personnages qui permettent chacun de mieux comprendre le fonctionnement de l'île et qui vont tous jouer un rôle dans son effondrement.

Car c'est à la disparition d'un monde que nous convie Chris Vuklisevic, près de trois siècles après la fameuse catastrophe ayant coupé l'île du reste du monde. L'action se déroule dans un temps très court, une dizaine de jours, et met en scène l'effondrement rapide des principales institutions de Sheltel et de sa classe dirigeante. Il faut dire que le monde que nous dépeint l'autrice est enserré dans un carcan religieux/magique et politique très étroit qui en font à la fois un enfer mais aussi une véritable poudrière. L'ambiance est sombre, certaines scènes se révélant même d'une cruauté qui met le lecteur mal à l'aise et ne lui donne guère envie de s'attarder dans un univers aussi barbare. La population est maintenue dans un état de quasi servitude, soumises aux règles drastiques du pouvoir en matière de restriction de l'eau, de circulation, ou encore de mise à l'écart des personnes possédant la capacité de générer du feu (emprisonnés car risquant là encore d'inquiéter le monopole commercial des feutiers, corporation spécialisée dans la pyrotechnie). La régulation des naissances y est également terrible puisque les enfants possédant la moindre malformation sont supprimés tandis que chaque famille doit choisir à la naissance d'un enfant s'il le laissera mourir ou si un membre plus âgé se sacrifiera pour lui. On a dans un premier temps bien du mal à comprendre le fonctionnement de l'île, l'autrice disséminant ses informations de façon très parcellaires. Les petits apartés qui précèdent chaque chapitre (articles de presse, annonces, publicités, documents officiels…) aident souvent à mieux cerner l'environnement dans lequel évoluent les personnages mais, dans la mesure où ils sont déconnectés du récit, cela ne facilite pas vraiment l'immersion du lecteur. Les personnages sont quant à eux distants et par conséquent difficiles à cerner dans la mesure où ils semblent peu impactés par la violence qui les entoure. Cette indifférence se révèle manifestement communicative et on suit sans ennui mais sans passion non plus l'agonie de cette île étrange dont on a déjà du mal à comprendre comment elle a pu se maintenir à flot aussi longtemps. La plume de l'autrice, elle, est agréable et fluide mais là encore trop froide.

« Derniers jours d'un monde oublié » est un roman original qui dépeint le déclin d'une île qui découvre avec stupeur qu'elle n'est pas seule au monde lors de l'arrivée d'un navire à proximité de ses côtes. L'histoire ne manque pas d'attraits mais est plombée par une froideur émanant de la narration autant que des personnages, ce qui ne permet pas une immersion ou une implication émotionnelle très profonde. On décèle toutefois chez Chris Vuklisevic un beau potentiel qui s'épanouira sans doute davantage dans son prochain roman qui paraîtra au Bélial en mai prochain (« Du thé pour les fantômes »).
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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J'avais dit: je fais une pause dans l'imaginaire.

Et puis tout récemment j'ai lu de chouettes avis du thé pour les fantômes, fuck ai-je pensé, celui là aussi je l'aurais bien gagné lors de la dernière masse critique (forcément c'était mon thème préféré)(j'avais une belle liste d'envies) (mais there can be only one toussa) et j'ai lu également de bons avis de ce livre, que par chance je peux emprunter, alors zou, c'est parti on y va.

Le titre présage du funeste. Pourtant on l'oublie vite, plongés dans cet univers riche, généreux en types et caractères de personnages et leurs but distincts.

Il y a eu une presque fin du monde, depuis les habitants d'une île qui se croient seuls rescapés ont rebâti une hiérarchie, qui se partage l'amour de son peuple, qui s'octroie les richesses, qui les terres les plus fertiles. Sauf qu'un navire-pirates survient un jour, à la grande joie ou crainte des différents iliens.

J'ai trouvé que c'était très fort, les intérêts et croyances de chacun, l'équilibre précaire qui s'écroule de rien. Les deux mondes qui se confrontent et contemplent une situation qui leur semble impossible. J'ai particulièrement aimé suivre la sorcière, sorte de Moires à elle seule, qui doit justement affronter la perte de son pouvoir. J'ai aimé aussi Erika, jeune pirate, qui connaît le monde de son "Désert mouillé". Arthur, que j'ai appris à aimer sur la fin. Et puis surtout l'écriture. Belle, poétique parfois mais jamais élitiste. Une heureuse surprise. Un régal. Avec des petites pages de vies, decrets, messages qui donnent à l'ensemble quelque chose de très concret pour nous. Ça faisait longtemps que je n'avais veillé bien trop tard pour être raisonnable pour terminer un livre. Et ça fait du bien.

Il m'a manqué une chose. Qui n'aurait servi à rien. Une carte de Sheltel, l'île de ce roman.
Je vais la dessiner, demain, si je peux.
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critiques presse (2)
Syfantasy
19 juillet 2021
Derniers jours d’un monde oublié est un pari réussi pour Folio SF. Chris Vuklisevic a, en moins de 400 pages, créé un univers complexe et profond qui marque par sa maturité et son réalisme. Ses personnages sont touchants et peints d’une manière très humaine, avec leurs peurs et leurs ambitions. Je ne peux que comprendre Folio SF d’avoir accordé sa confiance à ce texte, il est splendide, vif et indéniablement novateur.
Lire la critique sur le site : Syfantasy
Elbakin.net
06 avril 2021
La fin, douce-amère, nous accompagne ainsi jusqu’à la dernière page avec de nombreuses images en tête.
Indéniablement porté par une vision affirmée, ce premier roman mérite pour le coup bien des encouragements !
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Le navire de Kreed avait fait visiter à Erika tous les rivages des continents. Elle avait vu des ogres servir de montures à des enfants pour quelque gouttes de Nectar des rêves. Elle avait rencontré, sur le port de Neono, un roi pirate qui se prenait pour un cachalot et s'exprimait par mugissements. Dans l'oasis de diamants du Nord, au bord du désert de charbon, elle avait même joué aux dés avec une femme à trois yeux. Mais ce soir-là, au fond des cellules rouges, elle découvrit en une heure plus d'étrangetés que sur n'importe quel continent.
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La Main frappa quatre coups à la porte. Tous les commerces étaient clos à cette heure brûlante ; le panneau sur la porte de l'armurier "Vipérine" indiquait "FERME" en lettres épaisses.
Comme on ne réagissait pas, elle poussa le vantail et entra sans se presser. L'intérieur, par contraste avec la fournaise de la rue, lui parut frais tandis qu'elle passait devant les étals de pistolets, de fusils, de carabines et de mousquets. Derrière le comptoir, une carapace retournée débordait de munitions. L'air sentait la poudre et le métal.
Elle ouvrit une porte au fond du magasin. Là, dans un salon étroit où fanaient des dentelles et des porcelaines, une vieille oscillait sur un fauteuil à bascule. Près d'elle, un homme triturait son chapeau en cuir. Il se figea en voyant la cape noire surmontée du masque blanc. Sans nez ni bouche, sans expression, le grand ovale immaculé le fixait de ses deux fentes sombres, penché sur le côté.
La Main était dans la maison.
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Chaque ville de chaque continent recèle des horreurs […]. Mais pour une atrocité existent mille splendeurs. Des palais-labyrinthes où chaque pièce renferme un univers. Des fleuves qui chantent selon l’humeur des nageurs. Des gens qui ont voyagé au delà des glaciers et qui en sont revenus.
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Il a compris ce que son oncle n'a jamais voulu écouter. Il a accepté la proposition de cette femme descendue hier de la montagne : désormais, elle consignera les naissances, les morts, les généalogies ; et lorsqu'il le faudra, elle rétablira l'équilibre. Les gens ont déjà peur d'elle et de la capuche noire qu'il lui assombrit le visage. C'est bien ainsi.
Commenter  J’apprécie          40
Le matin où les étrangers arrivèrent sur l'île, la Main de Sheltel fut la première à les voir.
Elle allait revêtir son masque quand, par la fenêtre, elle aperçut un point sombre à l'horizon. Un mirage, crut-elle ; un tremblement de la chaleur sur l'eau. La mer était vide, bien sûr. Rien ne venait jamais de l'océan.
Elle ne lança pas l'alerte.
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Videos de Chris Vuklisevic (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Chris Vuklisevic
Une longue discussion autour Du thé pour les fantômes, de Chris Vuklisevic, par la Garde de Nuit
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