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Citations sur Totale éclipse (6)

Les chansons qu’on aime touchent plus encore lorsqu’elles prennent au dépourvu. Quand on ne choisit pas de les entendre, que le hasard décide à votre place. Lorsqu’une voix s’élève du fond du temps. P 10
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Les chansons sont faites pour les absents, les chansons sont des lettres qui restent sans réponse. Le poète hongrois. Toi. Ceux que nous avons côtoyés ou aimés, tous ces gens qui emplissaient nos vies continuent leur chemin loin de nous, peut-être dans une rue voisine, mais nous ne les voyons plus et nous les imaginons tels qu’ils étaient à l’époque sans penser que leur vie a changé ou qu’elle s’est simplement poursuivie, comme la nôtre. P 13
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J’essayais les visages, j’essayais de capter une essence, l’expression, croyais-je, finissait par se révéler ou plutôt, finissait par révéler quelque chose. Le portrait ne ressemblait pas forcément à la personne parce qu’il en constituait la quintessence. P 12
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"À quoi sert une chanson si on ne peut l'écouter dix, quinze fois de suite, si elle n'exprime pas ce qu'on ressent au moment où on l'entend, si elle n'exprime pas mieux qu'on ne le pourrait des choses enfouies ou à fleur de peau, une partie de notre vie ? De retour chez moi j'avais mis un refrain qui me taraudait, une sorte de confidence presque murmurée, once upon a time I was falling in love, now I am just falling apart - autrefois je tombais amoureuse, maintenant je tombe en morceaux. Je n'y peux rien. Totale éclipse du cœur. Rien faire d'autre qu'entendre cette chanson pour la centième fois, trop fort, me laisser submerger par l'orchestration, la voix rauque, et attendre. Attendre qu'il revienne, espérer. Ai-je jamais attendu ainsi ? Quelqu'un que je ne connais pas ? Je croyais avoir renoncé, m'être consacrée à l'art, faire de mon mieux, rendre mon travail unique, en tout cas repérable, voir des expositions, être en contact avec d'autres photographes en pensant toujours à l'art, au métier, atteindre un jour, peut-être, la célébrité, au moins une renommée. Je croyais avoir décidé de donner la priorité aux images et non à ma vie, je faisait des conférences sur l'histoire de la photo, je montrais les premiers reportages, le témoignage lointain de la guerre de Crimée, 1855, la tour de Malakoff prise par Langlois, un fort en ruine et une petite maison de bois qui semble dominer un paysage désertique, une plaine dévastée. Un télégraphe rudimentaire et des ciels retouchés, un ensemble présenté dans un panorama sur les Champs-Élysées - un panorama ? C'est une rotonde où sont exposées des photographies ou des dessins qui permettent de voir un paysage sur 360 degrés. Ou bien Roger Fenton, le photographe anglais apportant son lourd matériel en Crimée, toujours, et cette prise de vues intitulée Valley of the Shadow of Death, vallée de l'ombre de la mort, dont il existe deux versions, l'une où la route est encombrée de boulets de canon, l'autre où la route est vide et les boulets sur le bas-côté. Ont-ils été placés sur la route dans un deuxième temps, pour figurer la présence de la guerre - ainsi que le suggère Susan Sonntag dans une célèbre analyse - ou la photographie vide a-t-elle été prise avant l'autre, les boulets n'étant pas encore tombés ? L'ordre des photos , outre son importance historique, aiderait à déterminer si la photographie des boulets sur la route est une mise en scène - et du point de vue contemporain, une falsification - ou si le reportage montre une réalité. Il m'arrivait de poser ces questions devant un auditoire, et quand je les posais, de m'y intéresser, il m'arrivait de décrypter la fameuse photographie de la prise du Reichstag et du drapeau soviétique flottant sur Berlin, d'Evgueni Khadei, dont on sait aujourd'hui qu'elle ne fut pas spontanée, que le soldat s'y reprit à plusieurs fois pour monter et brandir le drapeau symbole de victoire. Je parlais de guerres que je n'avais pas connues, d'un matériel que je n'utilisais pas, au nom de l'Histoire et de la nécessaire connaissance du passé, mais devant cette ombre d'homme, rien ne tenait plus. Total Eclipse of the Heart, au milieu du refrain - Once upon a time I was falling in love - la pluie avait cessé. And now I am falling apart. Je retourne au café chaque matin en espérant qu'il reviendra. J'y suis à l'ouverture et je n'ose pas partir."
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Détruire. Ce qu'on a construit lentement, avec hésitation, remords, avec incrédulité. Obtenir ce qu'on veut et se le voir refuser. D'un coup. Sans raison. Sans explication. Quelque chose et puis plus rien. Recommencer – combien de fois ? A chaque âge de la vie. Quelque chose et puis plus rien. Quelqu'un et personne. Il était là, je le voyais, je le sentais, il venait, m'appelait, il me parlait, me touchait. Je vivais le présent. Chaque rencontre était l'unique, ma vie, un pont de l'une à l'autre. Les phrases sans lui illuminées par les phrases avec lui. Les moments sans lui justifiés par le souvenir de sa venue ou par l'attente. Mon corps n'existant que par le sien. Ma vie en dehors de lui éclatée, incendiée – anéantie. Maintenant je n'existe plus. Je revis chaque instant, chaque rare parole, je vois ses gestes, je sens son approche, ses mouvements, je sens le vide en moi.
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It’s four in the morning, the end of December/I am writing you now just to see if you’re better. La guitare parle autant que la voix, j’écris pour savoir si tu vas mieux. S’adresse à l’invisible en nous, en moi. Des fragments, des éclats de conscience qui peinent à se rassembler. Les chansons qu’on aime touchent plus encore lorsqu’elles prennent au dépourvu. Quand on ne choisit pas de les entendre, que le hasard décide à notre place. Lorsqu’une voix s’élève du fond du temps.
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