C'est une bd qui a été écrite pour dénoncer le fait que les femmes n'ont pas le droit de conduite en Arabie Saoudite depuis un décret du début des années 1980. L'actualité a rattrapé cette oeuvre puisque le royaume a annoncé que les femmes pourront reconduire à partir de juin 2018. Il faut s'attendre à un tsunami de demande de permis de conduire.
Que l'Etat interdise un certain nombre de choses, on l'accepte car cela s'appelle la loi. Maintenant que la religion au nom d'un Dieu dont on suppose l'existence sans preuve matérielle et scientifique interdise, c'est sans doute plus difficile à admettre. C'est dommage de se créer de telles restrictions supplémentaires que ce soit dans l'alimentaire ou dans les actes courantes de la vie de tous les jours.
Les femmes en sont malheureusement les premières victimes. On a le droit de dire qu'on n'est pas d'accord avec de telles restrictions discriminatoires. Cette oeuvre y concourt largement en citant d'ailleurs des sourates qui font d'ailleurs froid dans le dos. Je n'ai rien contre cette religion d'amour et de paix mais contre toutes les religions qui asservissent les gens au nom de certaines interprétations des textes sacrés. Finalement, quelle joie d'être libre en ayant aucune croyance. Il n'y aura pas d'erreur d'interprétation. Tout cela, ce ne sont que des chimères, point final.
Cette bd est à pleurer sur le sort de ces pauvres femmes. On va suivre l'évolution d'une jeune fille qui a gouté les espaces de liberté quand le père de famille a travaillé à Londres. C'est certain que l'Occident, cela n'a rien à voir. le retour dans la monarchie islamiste est difficile surtout avec la présence de la muttawa, la police des moeurs qui veille à ce que le port du voile soit intégral. Les nouvelles technologies sont encadrées, la musique n'est pas autorisée en public, encore moins le théâtre, et la télévision par satellite est également filtrée, tandis que la ségrégation sexuelle est accentuée, et la conduite des femmes interdite. Féminisme et libertés ne font pas bon ménage.
J'ai bien entendu été sensible au message d'espoir apporté par cette bd. Cela va se concrétiser bientôt. Il était sans doute nécessaire d'en parler afin de sensibiliser le public sur ce qui se passe dans une autre partie du monde où les moeurs et coutumes sont différentes. Mais bon, il faut savoir que selon un classement totalement indépendant, l'Arabie Saoudite est l'un des pays qui respecte le moins les droits de l'homme. Les autorités considèrent toute voix dissidente comme du terrorisme. du coup, on ne peut être qu'admiratif envers ces femmes qui ont décidé de braver le pouvoir en conduisant pendant quelques minutes. Une escapade qu'elles paieront très cher.
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J'ai beaucoup aimé ce roman graphique qui se lit très rapidement et est très instructif. J'adore ce type de littérature, romancée mais inspirée de la vie des peuples du monde entier. Ces lectures sont les plus enrichissantes pour moi. le seul petit bémol est le format trop court, j'aimerais en savoir plus sur ce royaume désormais incontournable sur la scène internationale malgré ses pratiques rigoristes.
Ce roman graphique est inspiré de faits réels puisqu'en effet en octobre 1990, 47 saoudiennes se sont soulevées contre la fatwa (leur interdisant de conduire) en conduisant dans les rues de Riyad. Elles ont bien entendu été arrêtées et humiliées par les autorités.
« Bonne nouvelle », les Saoudiennes auront le droit de conduire à partir de juin 2018, une petite révolution dans ce royaume.
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Dans un décret publié le 25 septembre 2017, le roi d'Arabie saoudite a ordonné « de permettre d'accorder le permis de conduire aux femmes ».
L'Arabie restait le seul pays au monde où les femmes n'avaient pas le droit de prendre le volant. Pourquoi ? Il faut croire que Dieu, né bien avant l'invention de l'automobile mais qui a plusieurs coups d'avance, en a décidé ainsi - relisez bien les textes sacrés, on peut justifier toutes les décisions masculines en 'Son Nom', depuis des siècles et des siècles...
Dans ce royaume ultraconservateur du Golfe, les femmes restent mineures à vie, ne pouvant échapper à l'autorité du père ou des frères qu'en se mariant, passant ainsi sous la tutelle du conjoint - y a intérêt à bien le choisir, celui-là, sauf que les mariages sont généralement arrangés.
Cette bonne nouvelle a été médiatisée. J'ignorais en revanche que ce décret fait suite à trente années de lutte des femmes saoudiennes pour acquérir ce droit. On le voit dans cette BD, qui montre le parcours d'une militante dans les années 90, une jeune femme ayant vécu en Occident et refusant de reprendre son joug en revenant dans son pays d'origine.
Après la découverte de cet album enrichissant, aussi agréable que les ouvrages de Marjane Satrapi, j'ai relu le chapitre que Julien Blanc-Gras consacre à l'Arabie Saoudite dans son dernier carnet de voyage. On y apprend que c'est « le seul pays au monde qui ne délivre pas de visa touristique. [...] Même la Corée du Nord admet quelques voyageurs sous étroite surveillance. [...] La Mecque [...] est interdite aux non musulmans [alors que] les non catholiques peuvent venir au Vatican, les non hindous à Bénarès, les non juifs à Jérusalem. [...] L'apostasie, l'homosexualité ou l'adultère sont passibles de la peine de mort, en général pratiquée sous forme de décapitation sur la place publique. »
Mais (et c'est toujours Julien Blanc-Gras qui parle) :
« Toutes ces joyeusetés ne scandalisent pas outre mesure les chancelleries occidentales d'ordinaire si promptes à dénoncer les manquements aux droits de l'homme. Il faut dire que tu pèses lourd en pétrole, en contrats, en diplomatie et en influence religieuse. Et que ton alliance inébranlable avec les Etats-Unis (pétrole contre sécurité) te protège. Il faut reconnaître que tu es habile, tu as quand même réussi à prendre la tête d'une commission du Conseil des Droits de l'Homme aux Nations Unies, ce qui revient peu ou prou à confier la protection de l'enfance à Marc Dutroux. »
('Dans le désert', p. 111-113)
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1990, Arabie Saoudite. Nour revient d'une parenthèse de 5 ans à Londres où les femmes sont libres. Rendez vous compte : pas de tuteurs masculins, des droits ! Elle rencontre un groupe de féministe, et un jour, elles se prennent un droit : celui de conduire (et de prendre des photos, ce qui fait 2, en fait).
Et il aura fallut attendre 27 ans avant que ce droit ne leur soit accordé. Tout arrive, il faut simplement de la patience (beaucoup, beaucoup de patience)
Ce que montre cette BD, c'est l'énorme hypocrisie du régime saoudien (c'est pas une surprise, hein). C'est un pays qui a admit petit à petit que les femmes éduquées qui l'habitent sont une force économique. Elles ont peu à peu acquis plus de liberté (mais toujours pas la majorité), peuvent voter, être élues, être cheffe d'entreprise... Mais ne peuvent prendre le volant que depuis 2017, alors même qu'elles conduisent à l'étranger. A la suite de la voiture d'Intisar ou du Monde d'Aïcha (mais la question de la voiture ne s'y pose pas), Chloé Wary interroge les sociétés fondamentalistes, mais aussi le regard que nous avons sur elles : il y a ce qu'on nous montre, et les mouvements souterrains plus ou moins invisibles en Occident.
Et en plus, c'est un dessin assez original et agréable à regarder, qui semble être dessinée au stylo bille. Ca donne un côté assez "pris sur le vif", avec du mouvement, tout en étant précis.
Une bonne histoire, un chouette dessin, un portrait de femme qui se rebelle, que demander de plus ?
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