« Savoir jouer les notes ne veut pas dire qu’on a le pouvoir d’émouvoir. La musique a une âme, comme les gens. Il faut aussi la faire entendre… »
C'était toujours comme ça avec Dina. Elle fonçait comme un requin et frappait par tous les moyens là où l'on s'y attendait le moins. »
À Reinsnes, les femmes étaient semblables aux bateaux. Amarrées au même rivage. Mais suivant d’autres destinations quand le vent soufflait. Avec des chargements différents. Tenant la mer d’une autre manière.
Mais tandis que les bateaux avaient un capitaine, les femmes hissaient elles-mêmes la voile selon le vent. Apparemment n’en faisant qu’à leur tête et jouissant chacune d’une autorité particulière.
Ils devaient dormir dans la salle dans le grand lit à baldaquin. Tout était prêt et coquettement arrangé. Les draps à entre-deux avaient été blanchis sur la neige en avril. Lessivés, rincés et étendus sur les fils en mai. Repassés et pliés avec des sachets de pétales de roses, et rangés dans la grande armoire à linge sur le palier du grenier en attendant la mariée.
Il aimait à dire qu’il fallait aller au devant des gens dans le Norland comme on allait au-devant des saisons. Si on ne les supportait pas, mieux valait ne pas sortir un bout de temps, et rassembler ses forces.
C’était au milieu de la journée. Le cheval et la femme, après avoir descendu le flanc raide de la montagne, étaient arrivés à une grande ferme. Une large allée de sorbiers allait de la grande maison de maître blanche jusqu’aux hangars peints en rouge. Deux de chaque côté jusqu’au débarcadère empierré.
Les arbres étaient déjà nus, portant des baies rouge sang. Les champs étaient jaunes, parsemés de flaques de neige et de glace. Le ciel se découvrit tout à coup. Mais il n’y avait toujours pas de soleil.
Celui qu’on appelait Thomas sortit de l’écurie au moment où le cheval et sa cavalière faisaient leur entrée dans la cour. Il resta planté comme un piquet à la vue des limons vides et de la femme échevelée aux vêtements ensanglantés.
« L’jour où Dina fera sa demande, celui auquel elle s’adressera aura pas besoin d’poser de questions ! Il aura qu’à répondre ! »
« Le chagrin c’est toutes les images qu’on ne peut pas voir, mais qu’il faut porter quand même. »
« Ce qu'on avait à faire, on le faisait. Sans demander de conseil à personne, tant qu'on pouvait se débrouiller seule. »
Il s'agit de rapports avec des gens dans des conditions difficiles. Les gens m'intéressent. Ils m'apprennent toujours quelque chose sur moi-même.