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Critique de Eric76


Une histoire d'amour balbutiante au milieu des plus sombres complots. Absolument fantastique.
Tout est noir, crasseux et crapoteux dans ce roman fleuve. À l'image de ce à quoi devait ressembler la Tamise, omniprésente dans ce livre, en cette deuxième moitié du XIXème siècle. Il n'y a pas de place pour la compassion, la bienveillance et l'affection. L'amour, le vrai, celui qui est désintéressé, est considéré de manière particulièrement suspecte. Autant de penchants réservés aux faibles, et les faibles ne survivent pas à Londres, cette mégalopole grise, inhumaine et dévoreuse d'âmes…
Les personnages de Lant Street, le quartier londonien des voleurs, ne sont pas des perdreaux de l'année. Ils sont durs, ils sont d'airain, et prêts à toutes les gredineries, toutes les fourberies pour échapper une bonne fois pour toute à la misère crasse qui les cerne.
L'élégant Gentlemen, Sue, la petite « fourline » aux joues roses, et la rusée Mme Sucksby ont mis au point un chef d'oeuvre de filouterie, de la fine dentelle, pour déposséder de sa fortune une riche et innocente héritière.
Je ne peux pas en dire plus, car ce serait alors dévoiler une intrigue aussi extraordinaire que pernicieuse. Laissez simplement Sarah Waters vous guider par la main pour ne pas vous perdre dans les méandres de son histoire, et vous irez de stupéfaction en stupéfaction. A chaque tiers du roman, le récit se retourne comme un gant, et tout est chamboulé. Ce que vous teniez pour acquis, pour certain, dans cette grande aventure humaine disparaît en fumée. D'autres réalités surgissent. Les masques tombent et vous voyez les personnages sous un angle totalement différent. Personne n'est tout à fait victime, ni tout à fait manipulateur au milieu de cette sombre machination…
Du grand art, je trouve ! du fatras dont on fait les romans de gare, diront certains ? Si tous les romans de gare ressemblent à ce livre, alors vive les romans de gare !
Au milieu de toutes ces ruptures inattendues, de ces révélations, il y a cependant ce fil ténu qui relie tous ces récits : cette passion souterraine, cette histoire d'amour qui n'ose pas dire son nom, ces demandes suppliantes de pardon, toutes ces caresses du bout des doigts.
Un roman fort et émouvant. J'ai été littéralement transporté.

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