Deux jeunes femmes britanniques font connaissance, se lient d'une très forte amitié et vont vivre l'aventure de la seconde Guerre mondiale ensemble. L'opération Verity va être particulièrement difficile. L'auteur fait le choix de nous la raconter en deux parties, tenues comme un journal. La première par Queenie, jeune aristocrate qui parle parfaitement plusieurs langues et devient donc un agent sur le terrain en France ; la seconde par Maddie, une pilote qui combat à sa manière, en transportant les agents d'un point à un autre de l'Angleterre. Par un concours de circonstances, elle va devoir transporter son amie jusqu'à Ormaie, en France.
Premier souci, le côté littérature de jeunesse est un peu trop perceptible : les violences subies par Queenie sont très (trop ?) légèrement évoquées, les horreurs des camps et de la Gestapo également. du coup, à moins de savoir exactement de quoi il est question, il est difficile de sentir la pression et la douleur subies par les deux amies. Et comme Queenie est du genre à cacher sa souffrance derrière une façade d'optimisme et de joie de vivre, il peut être compliqué pour un jeune lecteur de comprendre ce qui se passe en réalité.
Ensuite, la première partie, qui représente tout de même près des deux-tiers du roman, est assez longue et pleine de détails qui semblent souvent inutiles au lecteur. Cela alourdit passablement la lecture. Des éléments trouvent leur justification, et pour certains, j'ai même trouvé que c'était un peu trop évident et facile (comment von Linden peut-il ne pas tiquer aux bizarreries typographiques de Queenie ?). D'autres, comme les détails sur tous les avions, sont beaucoup plus secondaires. On sent bien que l'auteur a une passion pour ce sujet mais elle est maladroitement transmise au lecteur.
La seconde partie est beaucoup plus intéressante : on suit Maddie dans sa lutte quotidienne avec des membres de la Résistance. Maddie est un personnage attachant. Elle doute, mais elle est plus forte qu'elle ne le croit. Par amour pour son amie, elle va se dépasser et prendre des responsabilités qu'elle était loin d'envisager.
Par contre, j'ai particulièrement apprécié la référence faite aux familles de ces hommes et femmes qui partaient, ces êtres qui attendent le retour de leurs proches, sans rien savoir du risque qu'ils courent. L'image de la mère de Queenie gardant en permanence la fenêtre de la chambre de ses enfants ouverte m'a émue. On parle assez rarement de ce pan de l'Histoire, de ces parents qui ont donné la vie de leurs enfants pour une cause. J'ai aussi aimé le rapport à l'écriture : à la fois témoignage, journal, vision réelle ou trafiquée, moyen de rester vivant avant tout.
En bref, l'histoire est au final assez cousue de fil blanc. Je pense cependant qu'elle saura toucher les plus jeunes lecteurs, qui auront moins de références. Il ne faudra d'ailleurs pas hésiter à se renseigner davantage sur certains éléments historiques comme le fameux statut "Nacht und Nebel" et le camp de concentration peu connu de Natzwiller-Struthof. #
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