Citations sur La rose du prophète, tome 2 : Le paladin de la nuit (4)
- Nous voulons tous les deux avoir ces nomades de notre côté, Imam!
- Avec une différence, ô Roi, dit Feisal, pas du tout décontenancé par le regard courroucé de l'Émir. Tu veux leur corps. Moi, je veux leurs âmes.
- Ta sagesse ne vient pas du nombre de tes ans, mais de ta capacité à lire dans les coeurs de ceux qui t'entourent. C'est un don dangereux, car cela te pousse ensuite à les aimer. Leur souffrance devient ta souffrance.
Comme le Capitaine l’avait prévu, le Sultan fut charmé d’Auda ibn Jad. Il n’y eut rien à faire, le Sultan et ses favorites du moment, quittant le palais, déambulèrent à travers toute la ville pour aller rendre hommage aux morts. Les femmes soupirèrent et roucoulèrent devant le jeune et beau Prince. Le Sultan et ses nobles branlèrent le chef devant la beauté tragique de ses femmes. Auda ibn Jad raconta son histoire à la perfection. Bien des yeux s’embuèrent de larmes quand il relata d’une voix émue les dernières paroles prononcées par l’épouse rousse avant qu’elle ne s’abatte sur le corps de son mari.
Le nombre des théories sur la création du monde de Sularin était égal au nombre des dieux qui en assuraient la bonne marche. Les fidèles de Benario, Dieu des Voleurs, étaient fermement convaincus que leur Dieu avait volé le monde à Sul, sur le point d’en faire un nouveau joyau du firmament. Les adorateurs d’Uevin se représentaient Sul sous la figure d’un artisan, tenant dans sa main l’équerre et le compas, et passant ses loisirs à méditer sur la nature du dodécaèdre. Quar enseignait que Sul avait façonné le monde à partir d’une boule d’argile, cuite au soleil, puis, sa création terminée, il l’avait baignée de ses larmes.
Akhran n’avait rien dit du tout à ses fidèles. Le Dieu Errant ne portait pas le moindre intérêt à la création du monde. Il existait, ici et maintenant, et cela lui suffisait. En conséquence, chaque Cheik avait sa propre théorie, transmise de l’arrière-arrière-grand-père à l’arrière-grand-père, au grand-père, au père et au fils. Chaque Cheik tenait sa théorie pour seule valable, toutes les autres étant fausses, source d’innombrables querelles au cours desquelles le sang avait coulé d’innombrables fois.