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Citations sur Underground railroad (320)

De Mabel, pas une trace. Personne avant elle n’avait réussi à s’échapper du domaine Randall. Les fugitifs étaient toujours rattrapés et capturés, trahis par des amis, ou simplement incapables de déchiffrer les étoiles et s’enfonçant ainsi plus avant dans le labyrinthe de la servitude. À leur retour, ils étaient massivement suppliciés avant d’être autorisés à mourir, et ceux qu’ils laissaient derrière eux étaient contraints d’assister à leur longue et sinistre agonie.
Une semaine plus tard, le tristement célèbre chasseur d’esclaves Ridgeway se rendit sur la plantation. Il surgit à cheval avec ses acolytes, cinq hommes à la mine patibulaire, sous la conduite d’un effrayant éclaireur indien qui arborait un collier d’oreilles racornies. Ridgeway mesurait un mètre quatre-vingt-dix, il avait le visage carré et la nuque épaisse d’un marteau. Il conservait en toutes circonstances un tempérament serein mais parvenait à installer une atmosphère menaçante, tel un front d’orage qui paraît d’abord lointain mais éclate soudain avec une violence fracassante.
L’audience accordée à Ridgeway dura une demi-heure. Il prit des notes dans un petit carnet ; à en croire les domestiques, c’était un homme d’une intense concentration, au langage précieux et fleuri. Il ne revint que deux ans plus tard, peu avant la mort du vieux Randall, pour s’excuser en personne de son échec. L’Indien n’était plus là, remplacé par un jeune cavalier aux longs cheveux noirs qui arborait un semblable collier de trophées sur son gilet de daim. Ridgeway était dans les parages pour rendre visite à un planteur voisin et lui apporter comme preuve de leur capture les têtes de deux fugitifs dans un sac en cuir. Franchir la frontière de l’État était un crime passible de la peine de mort en Géorgie ; parfois, un maître préférait faire un exemple plutôt que récupérer son bien.
Le chasseur d’esclaves fit part de certaines rumeurs : un nouveau tronçon du chemin de fer clandestin était prétendument opérationnel dans le sud de l’Etat, aussi invraisemblable que cela puisse paraître. Le vieux Randall se gaussa. Les sympathisants seraient éradiqués, soumis au supplice du goudron et des plumes, assura Ridgeway à son hôte. Ou selon toute autre méthode conforme aux coutumes locales. Ridgeway réitéra ses excuses avant de prendre congé, et bientôt sa meute galopa vers la route du comté et une nouvelle mission. Il n’y avait jamais de terme à leur travail, à ce flux d’esclaves qu’il fallait débusquer de leurs terriers pour les remettre à la justice de l’homme blanc.
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Les frères Randall. Depuis qu’il était tout petit, il suffisait pour apaiser James d’une friandise en provenance de la cuisine d’Alice, la pomme à la cannelle qui coupait court à toute crise ou colère. Son frère cadet, Terrance, était d’une autre espèce. La cuisinière gardait une bosse derrière l’oreille, souvenir d’un jour où Maître Terrance avait exprimé son mécontentement face à l’un de ses bouillons. À l’époque, il avait dix ans. Les signes étaient visibles depuis qu’il savait marcher, et à mesure qu’il cheminait vers l’âge d’homme et assumait ses responsabilités il avait perfectionné les aspects les plus répugnants de sa personnalité. James avait le caractère d’un mollusque marin, se repliant sur ses appétits personnels, mais Terrance imposait son moindre caprice, passager ou enraciné, à tous ceux qui étaient en son pouvoir. Comme c’était son droit.
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Une idée l'effleura de son ombre : cette gare n'était pas la tête de ligne mais son terminus. La construction n'avait pas débuté sous la maison mais à l'autre bout du trou noir. Comme si en ce monde il n'y avait pas de lieu où s'enfuir, seulement des lieux à fuir.
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C'était la peur qui motivait ces gens, plus encore que l'argent du coton. L'ombre de la main noire qui rendrait tôt ou tard ce qu'on lui avait donné. Un soir, il lui vint à l'esprit qu'elle était l'un de ces monstres vengeurs qu'ils craignaient tant : elle avait tué un jeune Blanc. Elle était bien capable de tuer à nouveau l'un d'entre eux. Et à cause de cette crainte, ils avaient érigé un nouvel échafaudage d'oppression sur les cruelles fondations établies des siècles plus tôt. C'était du coton à longue soie que le maître avait commandé pour ses plants, mais parmi ses semences se trouvaient aussi celles de la violence et de la mort, et leur moisson mûrissait vite. Les Blancs avaient raison d'avoir peur. Un jour, le système s'effondrerait dans le sang.
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Elle avait été évaluée et réévaluée, s’éveillant chaque jour sur le plateau d’une nouvelle balance. Connais ta valeur et tu connaîtras ta place dans l’ordre des choses.
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C’est comme ça qu’agissent les tribus européennes, disait-elle. Ce qu’elles ne peuvent pas contrôler, elles le détruisent.
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C’est comme ça qu’agissent les tribus européennes, disait-elle. Ce qu’elles ne peuvent pas contrôler, elles le détruisent.
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« C’était bien contre la tombe que luttaient les fugitifs, car telle était leur destination si ces hommes l’emportaient et les ramenaient à leur maître. » (p. 59)
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« Aucune chaîne ne rattachait les malheurs de Cora à sa personne ou à ses actes. Elle avait la peau noire et c’est comme ça que le monde traitait les Noirs. Ni plus ni moins. » (p. 206)
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