Le beau [...] nous plaît par un sentiment naturel, par une délicatesse d'instinct, départie à l'homme seul, à la connaissance qu'il a de plus que toutes les autres espèces d'animaux, de ce qui est beau, gracieux et régulier. Il en résulte que l'amour du beau est, dans les arts comme dans la vie, ce qui distingue l'homme civilisé, perfectionné par la société, des sauvages et des esprits incultes.
Tous les arts, toutes les sciences, sans exception, doivent leur extension à cet amour inné dans l'homme du beau et du parfait. Ils ne seraient jamais parvenus à ce degré de splendeur où nous les voyons en Europe, si on les avait circonscrits dans ce qui est utile et nécessaire selon la stricte acception du mot.
La science est pour la raison humaine ce que la lumière est pour les yeux, et on ne peut pas plus cacher l'une à l'oeil de l'âme qu'on ne peut cacher l'autre à notre vue. Tout ce que nous pouvons comprendre, il nous est permis de le savoir.