La vie, les amours et les aventures de Diogène le cynique surnommé le Socrate fou

Découvrir cet ouvrage c'est plonger dans le quotidien d'un philosophe dont on ne sait pas grand chose, dont on ignore presque tout, dont l'héritage est souvent regardé avec une certaine (et malheureuse) moquerie.

Ce livre est, si l'on en croit l'éditeur et le traducteur, l'unique témoignage sur la vie de Diogène par Diogène lui-même : car lorsqu'on parle du philosophe vivant dans son amphore, ou son tonneau, on se réfère trop souvent aux écrits de commentateurs qui ne furent même pas ses contemporains.

Or voici qu'on découvre ici un homme intègre, bigrement intelligent, pratiquant un ascétisme digne d'un sâdhu, protecteur de la gent féminine, précurseur d'un anarchisme total. Diogène est malicieux, doté d'un coeur généreux, fort lucide sur le système sociétal qui l'entoure et des inégalités sur lesquelles il se base. Il critique librement les artistes, les politiciens, la bourgeoisie, les moeurs dévoyés, la corruption, le confort inutile. Sa révolte, sa colère, il les transforme en formules astucieuses, qui permettent à quiconque se penche sans à priori sur cette philosophie de vie de vouloir cheminer sur le chemin de la vertu, de vouloir tout simplement progresser en tant qu'humain.

La force de "La vie, les amours et les aventures de Diogène le Cynique" c'est de nous offrir la vision la plus profonde des pensées de cet homme vigoureux, de nous ouvrir à sa pensée radicale, de nous faire découvrir l'essence de sa vie dont on ne savait presque rien jusqu'alors.

D'ailleurs si les propos du philosophe font mouche, c'est qu'ils ont encore un écho aujourd'hui, et que sa hargne se pare régulièrement d'un humour narquois où les railleries sont toujours justifiées par des principes moraux inattaquables. La rencontre avec Alexandre le Grand est un moment de grâce absolue, où l'on découvre des anecdotes fabuleuses passées à la trappe de l'histoire.

L'ouvrage se termine avec "La République de Diogène", une description de la société idéale souhaitée par le Socrate fou. Folie pure diront certains, héritage utopique du Tao vous diront d'autres.

C.M Wieland redonne ainsi au cynisme toutes ses lettres de noblesse, il réhabilite Diogène et offre aux lecteurs une vision unique de ce qu'était la vie d'un homme dont on devrait mieux considérer la philosophie.