Étalé sur près de soixante-dix ans, «
un soupçon de liberté » nous conte la vie d'une famille créole installée à la Nouvelle-Orléans. En 1944, Evelyne, dont le père est le premier médecin noir de Louisiane, évolue au sein d'une bonne famille et ambitionne de devenir infirmière. Plus tard, elle donnera naissance à Jackie, nous sommes au milieu des années 80 et la crise économique bat son plein. Jackie, elle, élève seule son fils, T.C. Un jour, son mari, ancien accro au crack, refait surface et Jackie décide de lui redonner une chance, à cette famille. Début des années 2000, T.C sort de prison. Il a été grillé en train de dealer. À sa sortie, il tente de reprendre sa vie en main et de la gagner comme un honnête homme. Mais c'est sans compter sur son ancien camarade et le coup qu'il lui propose.
Sur fond de saga familiale, ce roman explore surtout l'évolution de la société américaine au fil des décennies : ses rapports avec la communauté afro-américaine, la fracture sociale qui se creuse d'année en année et la difficulté pour certains à sortir d'un cercle vicieux alimenté par des politiques gouvernementales laissant de côté les plus démunis. La Nouvelle-Orléans, symbole américain de cette fracture, et lieu où se situe le roman, devient dès lors l'un des personnages principaux du roman. Il y a l'avant et l'après Katrina, cet ouragan qui aura inondé 80% de la ville et qui transformera à jamais la population ethnique de cette ville à l'héritage culturel si foisonnant.
Ce sont des vies sommes toutes banales, que nous conte l'auteure. Des vies faites de rêves et d'ambitions, d'espoirs confrontés à la réalité, parfois amère, de la vie. Mais, des vies petit à petit brisées par les catastrophes écologiques et économiques dont elles sont les victimes directes. C'est toute la descente aux enfers de la classe moyenne africaine-américaine à la laquelle le lecteur assiste, impuissant.
C'est un premier roman brillant et prometteur, à ne pas manquer.