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Citations sur Le vaisseau des Voyageurs (8)

Il avait fallu des années à Matt pour apprendre à vivre dans un monde où tout ce qu’il aimait risquait de disparaître. Et encore n’avait-il jamais pu supporter cette idée. Toutefois, il avait appris à s’y résigner. Il avait en quelque sorte passé un contrat avec elle. On ne lésine pas sur l’amour, même si ceux que l’on aime vieillissent ou s’éloignent. On sauve une vie quand on le peut, même si tout le monde est destiné à mourir. On ne gagne rien à se restreindre. Vivre au jour le jour est l’unique récompense.
Mais le prix, songea Matt. Mon Dieu, le prix.
Le chagrin. La douleur. La souffrance infligée par un univers indifférent : les blessures de l’âge, les cruautés de la maladie. Ou la souffrance qu’on s’inflige à soi-même. La mort qui tombe en pluie du ventre des bombardiers ; la mort qui s’abrite sous l’uniforme des jeunes militaires. La mort qui se tapit dans les ruelles sombres, au bout d’un couteau, ou sous des électrodes dans les sous-sols des locaux gouvernementaux. La souffrance dispensée par les salauds convaincus, par les salauds occasionnels, ou par les cerveaux vides ambulants.
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- Je leur ai dit ... je leur ai dit oui.
- Oui, Mary, moi aussi.
Elle fut manifestement surprise.
- Vous, mon père ? Pourtant vous êtes religieux ! (...) comment avez-vous pu leur répondre oui ? (...)
Une question très épineuse. Beaucoup de ses convictions religieuses avaient été remises en cause au cours de ces trente dernières heures. Certaines avaient même purement et simplement disparu. Avait-il été tenté ? Avait-il succombé à la tentation ?
Il visualisa le temple de Tenochtitlan, vit l'arc décrit par les poignards d'obsidienne.
- A cause des Aztèques, répondit-il.
- Pardon ?
- Parce qu'il n'y aura plus d'Aztèques de par le monde, répéta le recteur. Ce temps est bel et bien révolu, désormais.

p.111
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Matt s’était orienté vers la médecine pour l’amour de la guérison.

Une dizaine de feuilletons télévisés et quelques films l’avaient convaincu que l’essence de la pratique médicale résidait dans l’acte de guérison. Il parvint à entretenir cette idée fragile pendant ses années d’études, mais elle ne survécut pas à l’internat au cours duquel il prit conscience que le propos d’un médecin est inextricablement lié à la mort – à son ajournement au mieux ; à son inéluctabilité toujours. La mort était l’éminence grise cachée derrière le caducée.

Contrairement au mythe, les diplômes médicaux ne conféraient aucune invulnérabilité émotionnelle. Les docteurs n’étaient pas les derniers à redouter la mort – même les plus renommés. Ils la redoutaient et l’évitaient. Parfois de façon tout à fait névrotique.

(p. 71)
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J’en connais plus sur notre passé qu’avant. C’est une vraie galerie des horreurs. Infanticides, guerres, sacrifices humains… Le pire, c’est que ce ne sont pas des exceptions. Et l’histoire moderne n’est pas la plus belle. À l’école, on nous apprenait la civilisation romaine et on trouvait ça affreux. Les Romains abandonnaient les enfants non désirés sur le bord des routes, tu le savais, ça ? C’est abominable. Mais notre siècle n’a rien à leur envier. On a eu Auschwitz, Hiroshima et les Khmers rouges. Aller dans l’espace ne nous aurait pas rendus plus civilisés. Nos robots ne se seraient pas gênés pour étriper les musulmans et les communistes qu’ils auraient rencontrés sur Mars.
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— Et maintenant que j’en ai l’occasion, y a rien à voir. Rien que les infos.
— La dernière fois que je l’ai allumée, dit Matt, il n’y avait même pas d’informations. En tout cas, pas celles auxquelles j’étais habitué. Tous les militaires sont rentrés chez eux et personne n’a braqué l’épicerie du quartier.
— Je crois que c’est ça, les nouvelles, en fait.
— On dirait bien que le monde est plus pacifique.
— Mon cul, oui. Y a que le cimetière qu’est pacifique.
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S’il y a un paradis, il est au-delà de vos sermons, et s’il y a un enfer, ce ne sont pas vos prières qui nous en garderont.
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Matt Wheeler avait trois raisons de vivre : sa fille, son travail et la ville de Buchanan, dans l’Oregon.
Les yeux rivés sur cet engin lactescent aux dimensions inconcevables qui glissait au-dessus des arbres, qui quittait Orion pour filer vers la constellation des Gémeaux, il éprouva une brusque certitude : Ces trois choses sont en danger.
Il s’évertua à repousser cette pensée née de la peur animale que lui inspirait cet engin inconnu.
Mais elle revenait. Tout ce qu’il aimait était fragile. Tout ce qu’il aimait pouvait être détruit par cette nouvelle lune sans nom.
La pensée s’enracina. Angoissante. Menaçante.
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Le temps, cruel enfant de salaud, avait tout bouleversé
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