AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de mariecesttout


C'est un peu difficile pour moi de parler de cette lecture sans tenir compte de mon point de vue professionnel, je le dis d'emblée, puisque la médecine de la douleur et la médecine dite palliative sont une part de mon domaine d'exercice.
Martin Winckler , dans ce roman, nous dresse un historique assez réaliste, certes, mais il ne parle pas du vrai problème qui est le manque de formation des généralistes , en particulier dans le domaine du traitement de la douleur. J'aimerais dire que la France a progressé dans ce domaine qui nous concerne tous. Oui, sans doute, pour la douleur, mais c'est très loin d'être suffisant, et non, pas du tout et bien au contraire pour le reste, en raison sans doute d'une judiciarisation accrue et constante sans que , finalement, la seule loi existante soit déjà correctement appliquée partout..
Mais ce n'est pas le lieu pour m'étendre plus sur ce problème.
J'aime bien Martin Winckler. Ses enthousiasmes, ses énervements et révoltes, et même son côté redresseur de torts un peu outré quelquefois. Qu'importe, il en faut. La vacation et surtout La maladie de Sachs m'avaient fait un bien fou. Seulement, ces écrits étaient basés sur son expérience personnelle, c'était honnête, sincère, et salutaire. Il savait de quoi il parlait.
Là.. sans doute beaucoup moins. Oui, il a des souvenirs de stages ou autres, mais ça ne suffit pas, à mon avis. Il décrit quand même avec une certaine efficacité ce que peuvent faire des soignants des unités antidouleurs dans les services hospitaliers,là où se termine la vie pour la majorité maintenant, que leurs recommandations soient suivies ou non, là est le problème. Faute de personnel et de temps le plus souvent, il faut bien le dire, et non faute de bonne volonté.
Mais cette phrase, Marc… : « Les derniers moments d'un homme sont sublimes ». Qui vient de la vision d'un film japonais, il le dit.
Hum.. là, j'aurais quelques réserves. Là, ça devient vraiment du roman..
Je voudrais quand même dire qu'au moins, il a le courage d'aborder le sujet et surtout de dire des choses très justes sur la douleur. Car, la plupart du temps, ce que veulent ces malades , c'est être soulagés, et écoutés: "  S'ouvrir sans questionner, écouter sans interrompre, entendre sans juger. Expliquer. apaiser. Soulager."
Pour cela, merci.
Mais il manque, à mon avis à ce livre ( en faire un roman ,avec même son intrigue amoureuse et ses rebondissements, était peut être aussi une erreur , toujours pour moi) , une réflexion plus poussée que la simple dénonciation, et surtout d'autres solutions (qui existent..) que cet individu solitaire qui recueille les derniers récits.. J'ai vu il y a peu de temps un téléfilm de Barry Levinson réalisé pour HBO qui retrace le portrait de Jack Kevorkian qui, dans les années 90, a combattu à sa manière pour le droit à l'euthanasie aux Etats Unis , faisant même des années de prison. Kevorkian s'entourait quand même de beaucoup plus de précautions que le héros de ce livre. Trois avis médicaux, la famille filmée dans de nombreuses discussions avec elle et le malade, etc, avant d'accéder à la demande de suicide assisté…
Bref, je trouve ce livre un peu ..rapide , c'est dommage, mais c'est ma vision et j'espère ne pas avoir heurté tous ceux qui l'ont aimé.
Commenter  J’apprécie          448



Ont apprécié cette critique (39)voir plus




{* *}