Nul autre que nous n'a mal comme nous.
On a longtemps pensé que, en présence d'une pathologie douloureuse, il fallait protéger la zone douloureuse et éviter les mouvements. Par exemple, le repos était conseillé en cas de lombalgie aiguë, mais aussi chez les personnes ayant des lombalgies chroniques. Aujourd'hui, on sait que l'immobilité a tendance au contraire à entretenir la douleur. Il est facile de le comprendre : quand le cerveau est "occupé" (par une activité intellectuelle ou par une activité physique), les messages douloureux ne "passent"plus aussi facilement -et sont donc moins bien perçus et ressentis. L'activité permet, de plus, d'éviter l'enraidissement et les phénomènes de déconditionnement. (p. 471)
La personnalité, les processus psychologiques et affectifs, l'environnement émotionnel et familial, l'anxiété, le bagage culturel, l'état de santé, la fatigue, le milieu socio-économique ont tous un impact sur le ressenti et les caractéristiques de la douleur, en particulier lorsqu'elle est chronique. (p. 106)
En effet, ce que raconte la personne et toutes les associations d'idées qu'elle eut évoquer peuvent être très utiles pour identifier la nature de la douleur, son mécanisme, son origine et la manière appropriée de la traiter. Il ne s'agit pas pour le médecin de prendre "une photographie d'un malade dans son lit", mais de brosser "une peinture impressionniste, avec autour de lui sa maison, son travail, ses parents, ses amis, ses joies, ses peines, ses espérances et ses peurs" (F.W. Peabody, The Care of the Patient, 1927).
L'idée que la douleur naît dans l'organe qui souffre est donc erronée. Certes, le cerveau reçoit, analyse et interprète des informations venues du corps, mais c'est lui qui produit des sensations douloureuses, tout comme il produit le chagrin, la joie, la peur, le dégoût. Cette notion est fondamentale pour comprendre pourquoi tant de personnes souffrent de douleurs chroniques en l'absence de toute anomalie, maladie ou lésion visibles. (p. 24)