Lorsque tout se passe bien dans une famille, il ne faut jamais intervenir, fût-ce dans son intérêt.
Nous supposons ici que l’acceptation de la réalité est une tâche inachevée, qu’aucun être humain n’est affranchi de la tension que suscite la mise en rapport de la réalité intérieure et de la réalité extérieure ; nous supposons aussi que cette tension peut être relâchée grâce à l’existence d’une aire intermédiaire d’expérience qui n’est pas contestée (les arts, la religion, etc.) : cette aire intermédiaire est en continuité directe avec l’aire ludique du jeune enfant qui est « perdu » dans son jeu.
[Définition de l'aire transitionnelle]
Aire d’expérience qui est intermédiaire entre le pouce et l’ours, entre l’érotisme oral et la relation objectale vraie, entre l’activité créatrice primaire et la projection de ce qui a déjà été introjecté, entre l’ignorance primaire de la dette et la reconnaissance de cette dette.
Il faut que la déprivation vienne se greffer sur une expérience précoce satisfaisante pour que ce processus [de prise de conscience de la déprivation] puisse avoir lieu et que l’enfant atteigne la haine liée à la déprivation.
Si un adulte parvient à trouver du plaisir dans son aire intermédiaire propre sans rien exiger, nous pouvons alors reconnaître les aires intermédiaires correspondantes qui nous sont personnelles et nous réjouir de trouver des points communs, c’est-à-dire, pour les membres d’un groupe qui s’intéressent à l’art, la religion ou la philosophie, une expérience qui coïncide.
Le jeu, c’est la preuve continue de la créativité, qui signifie la vie.
On ne peut pas dire de l’enfant qu’il sache dès l’abord ce qui doit être créé. C’est à ce moment-là que la mère se présente. […] L’adaptation de la mère aux besoins de l’enfant, si elle est adéquate, donne à l’enfant l’illusion qu’il existe une réalité extérieure qui correspond à sa propre capacité de créer.
Une schizophrène m’a demandé après Noël si j’avais pris plaisir à la manger au souper, et : est-ce que je l’avais réellement mangée ou ne l’avais-je fait qu’en imagination ? Je savais qu’elle ne pouvait être satisfaite d’une réponse à l’une ou l’autre question ; il lui fallait une double réponse en raison de sa dissociation.
L’enfant apprécie de découvrir que les pulsions agressives ou de haine peuvent s’exprimer dans un environnement connu, sans qu’il y ait un retour de haine et de violence de la part de l’environnement. Un enfant a le sentiment qu’un bon environnement devrait être capable de supporter les sentiments agressifs exprimés sous une forme plus ou moins acceptable. […] Il se peut que nous n’aimions pas être détestés ou blessés, mais nous ne devons pas ignorer ce qui sous-tend le contrôle de soi en matière de pulsions colériques.
S’il doit y avoir un cadre strict, il faut qu’il soit cohérent, fiable et juste pour être efficace.