Il était 5 heures de l'après-midi quand elle quitta sa chambre. Alors, sans hésiter, Jill se glissa de nouveau sous la couette et se réfugia dans le sommeil pour atteindre ce que les enfants appellent le pays des rêves où tout devient possible.
"Non, elle ne pouvait pas tout faire comme les autres, elle était différente. Elle était handicapée, mais sa vie comme son identité ne se résumaient pas à son handicap. Il fallait qu'elle arrête de se sentir inférieure, il fallait que la colère cesse".
- Non, elle ne pouvait pas tout faire comme les autres, elle était différente. Elle était handicapée, mais sa vie comme son identité ne se résumaient pas à son handicap. Il fallait qu’elle arrête de se sentir inférieure, il fallait que la colère cesse.
- Elle croquait la vie avec un appétit d’ogre. Elle ne travaillait plus contre les autres, ni pour se punir de ne pas être comme les autres, mais pour elle, pour son avenir, pour vivre à la hauteur de ses ambitions
- Ce voyage en solitaire lui avait au moins servi à cela : cesser de rêvasser à un bonheur parfait, en attendant que la destinée prenne les choses en mains. Ada avait raison, il fallait se lancer. Quitte à se tromper ou à se prendre un râteau.
- Ses rêves l’avaient conduites vers lui. Un sacré détour, mais parfois la vie nous fait voyager loin, uniquement pour nous permettre de mieux apprécier la beauté toute proche qui nous entoure.
Je suis une aventurière, avait-elle pensé, laissant cette adrénaline envahir chaque parcelle de son corps.
Ses amis faisaient leur possible pour la mettre à l'aise, mais la plupart du temps, ils oubliaient de traduire leurs sourires et leurs gestes en mots. Et sans les mots, Jill n'y voyait rien. (p.24)
" La moindre pépite d'acuité visuelle est un luxe dans le monde des mal-voyants , un trésor auquel chacun se raccroche le plus longtemps possible "
Sarah C.
L'imagination dans le noir file à la vitesse de la lumière et, très souvent, le pire a raison du meilleur.
- Est-ce qu'il fait jour maintenant ?
- Oui, Jill. C'est un lever de soleil magnifique. Tu es belle toi aussi, et un jour je te sculpterai pour que tu puisses toucher ton visage rayonnant.
Elle regardait droit devant elle, se moquant éperdument du regard des autres, même de celui de Louis qu'elle ne recherchait plus. Non, elle ne pouvait pas tout faire comme les autres, elle était différente. Elle était handicapée, mais sa vie comme son identité ne se résumait pas à son handicap. Il fallait qu'elle arrête de se sentir inférieure, il fallait que la colère cesse.
C'était fou d'ailleurs comme les regards faisaient du bruit quand on savait les écouter. Un soupir, un murmure, une démarche qui ralentissait, un objet qui tombait au sol traduisaient un regard surpris, une tristesses dans leurs yeux, cette gêne face au handicap. Jill se remémora le début de ses années collège, quand elle n'avait pas encore intégré l'INJA et qu'elle était la seule "handicapée" de l'établissement. Elle se souvenait de ce bruit permanent, de toutes ces choses qui lui échappaient et du sentiment d'incompréhension qui l'avait rongée certains jours tant elle avait l'impression de ne rien saisir de ce qui se jouait autour d'elle.