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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un pilier. Un monument. La genèse. Essai politique, sociologique, incontournable, fondamental.
«  Ce texte pose l'hétérosexualité en tant qu'institution politique à l'intérieur du patriarcat. » Louise Turcotte, La révolution d'un point de vue, préface.
Astrid Shriqui Garain
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Si je me souvenais avoir lu La pensée straight il y a une petite dizaine d'années, je ne me souvenais en revanche pas du contenu. Au cours de cette relecture, j'ai compris pourquoi : ce livre, qui est un recueil de textes, d'essais, n'est pas abordable par tout le monde comme peut l'être un essai tel que Sorcières de Mona Chollet. Il faut clairement avoir un certain bagage afin de pouvoir intégrer les notions et les idées présentes dans La pensée straight, de pouvoir les digérer, les analyser et enfin s'en faire un avis.
Monique Wittig est connue pour avoir écrit des romans mais aussi et surtout pour son militantisme féministe ; elle est l'une des fondatrices du MLF (Mouvement de libération des femmes). de Wittig, l'on retient également cette phrase : « Les lesbiennes ne sont pas des femmes. » Et c'est autour de cela que tourne La pensée straight. Pour résumer, Monique Wittig affirme que l'hétérosexualité est politique et non pas naturelle ; le groupe humain s'est divisé en deux, ce qui a mené à ce qu'une partie de l'humanité, l'homme, prenne le dessus sur l'autre, la-femme. A partir de là, la-femme se retrouve dominée dans de très nombreux domaines et se doit de correspondre aux attentes de l'homme. Or les lesbiennes – tout comme les gais d'ailleurs – sortent de cette attente parce qu'elles ne jouent pas le jeu de la séduction auprès des hommes (entre autres choses) et ne peuvent donc pas être considérées comme faisant partie du groupe la-femme. Pour être honnête, je résume très grossièrement les textes de Monique Wittig et je vous invite fortement à les lire pour mieux comprendre le développement de sa pensée et pour vous faire un avis plus juste.
S'il est vrai que les textes sont denses et demande une certaine concentration, une fois posée au calme je lisais assez rapidement chacun des textes, en prenant toutefois le temps de comprendre, quitte à relire une phrase ou un paragraphe. Les écrits qui m'ont le plus intéressée sont les sept premiers (« La catégorie de sexe », « On ne naît pas femme », « La pensée straight » – qui donne son nom au livre -, « À propos du contrat social », etc.) car ils parlent de la norme hétérosexuelle, de féminisme et de genre. D'après moi, ce sont les plus importants du livre car ils permettent vraiment de s'interroger, de se déconstruire, et donc de réfléchir sur soi et sur le monde qui nous entoure. En revanche, les deux ou trois derniers textes, même s'ils ont un propos intéressant, ne m'ont pas particulièrement enthousiasmée. Il faut dire qu'ils se basent sur des romans ou films que je ne connais pas.

La pensée straight est un livre très intéressant et apporte de nombreuses clés autour d'une réflexion pertinente. Comme tout essai, vous ne serez pas forcément d'accord avec tout, cela dit il serait bien dommage de ne pas le découvrir. Je vous conseille toutefois de le lire au calme afin de pouvoir vous concentrer sur cette lecture qui va faire chauffer votre cerveau.
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"La lesbienne est le seul concept que je connaisse qui soit au-delà des catégories de sexe parce que le sujet désigné n'est pas une femme, ni économiquement, ni politiquement, ni idéologiquement." le lesbianisme n'est pas une identité sexuelle et culturelle mais une position hors du système d'oppression qui produit les sexes.
Wittig est l'auteure d'actes poltiques très puissants. L'un d'entre eux est dans déterritorialisation du corps féminin (qui se matérialise dans l'affirmation que les lesbiennes ne sont pas des femmes) et le devenir gouine-garou (qui suppose la transformation du corps hétéro.) Un devenir corps lesbien, sans substance ni antécédents naturels, qui résulte du processus de baiser lesbien tel que cela se manifeste dans le Corps lesbien.
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Monique Wittig est une romancière, philosophe, théoricienne, féministe, lesbienne. Elle s'inscrit dans le féminisme matérialiste, c'est-à-dire que le sexisme n'est pas issu de la nature (vision essentialiste), mais des constructions sociales (vision matérialiste).

Dans ce recueil d'essais Monique Wittig expose sa pensée, selon laquelle l'hétérosexualité est un régime politique qui asservit les femmes. La division et la hiérarchie des sexes n'existe que dans une relation entre un homme et une femme. En effet, elle affirme que les hommes s'approprient le travail reproducteur des femmes, dont le cadre légal est le contrat de mariage.
Ainsi pour Monique Wittig les lesbiennes ne sont pas des femmes, puisqu'elles choisissent de sortir de cette relation hétérosexuelle.
En effet, elle prône un lesbianisme politique. L'hétérosexualité n'étant pas naturelle, il est donc possible de choisir d'avoir des relations seulement avec des lesbiennes, pour échapper à sa condition de femme.

Dans une seconde partie elle évoque davantage le langage, la sémantique, et comment ceux-ci pourrait nous aider à dépasser la notion de genre. Je dois avouer que cette partie là de l'oeuvre a été plus obscure à comprendre pour moi. C'est pour cela qu'il fera l'objet très certainement d'une relecture. En outre, il m'a donné envie de lire ces autres oeuvres, notamment le dernier texte dans lequel elle commente l'une de ses oeuvres Les Guérillères.

Elle compare beaucoup la situation des esclaves ou celle des femmes. Il me semble que cette comparaison a été jugée malvenue par Françoise Vergès notamment, d'une part parce que Monique Wittig est blanche, d'autre part parce que lors de l'esclavage des femmes blanches ont possédé des esclaves. En outre, ça participe à invisibiliser la spécificité des discriminations que subissent les femmes noires.

Je n'ai pas résumé toute la pensée de Monique Wittig dans cette chronique puisqu'il y ait aussi question de critique du marxisme, du féminisme essentialiste, de références à la culture lesbienne... Je vous invite donc fortement à lire cet ouvrage, et à écouter, lire des critiques qui traitent de la pensée straight.
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Lu il y a quelques années, relu récemment. Ma bible !
Les échos de Monique Wittig me suivent et me stimulent encore aujourd'hui. C'est à ça que je reconnais mes piliers personnels. Lecture coup-de-poing pour les non avertis !
J'ai besoin d'une 3ème lecture pour en faire une chronique digne du nom. C'est dire à quel point cet essai est dense et important pour moi !

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Je recommande ce livre à toutes les lesbiennes, à toutes les femmes et personne non-binaires intéressées par la critique (et le renversement) du système hétéropatriarcal.

Les + : les constats faits par Monique Wittig sont très intéressants, voire époustouflants quand on a peu conscience des rapports de domination au sein des rapports hétéros. Elle offre un point de vue révolutionnaire, littéralement. C'est une oeuvre brillante et qui s'inscrit dans une conception radicale (pour ne pas dire marxiste) de l'homosexualité.

Les - : Wittig a par moments des réflexions assez archaïques et racistes, lorsqu'elle compare l'hétérosexualité à l'esclavage. Je ne sais pas si c'est par manque de connaissance des conditions de vie infâmes des personnes mises en esclavage qu'elle ose cette comparaison. Néanmoins, je ne peux mettre 5 étoiles, c'est trop dérangeant étant donné qu'elle répète plusieurs fois la comparaison.
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Monique Wittig (1935-2003), française, auteure, une des fondatrices du MLF. Elle fit partie de celles qui, en 1970, déposèrent une gerbe de fleurs à la femme du soldat inconnu, qui signa le Manifeste des 343. Elle quitta le MLF et la France en 1976, parce que les féministes lesbiennes sont systématiquement écartées par les «hétéroféministes». Elle trouve refuge aux USA, elle donne des conférences et deviendra professeur dans le domaine des Women's studies à l'université d'Arizona, à Tucson.
La Pensée straight' est d'abord paru en anglais ‘The Straight Mind', en 1979.
Sa théorie est qu'il faut dépasser, détruire politiquement, philosophiquement et symboliquement les catégories d'«homme» et de «femme». ‘La Pensée straight' (qu'on pourrait traduire par ‘Pensée hétéronormative'), explique que l'hétérosexualité est une pensée qui a été construite au cours des siècles, mais n'est en rien un donné naturel comme elle le fait croire. Wittig considère l'hétérosexualité non pas seulement comme une sexualité, mais comme un régime politique.
Le féminisme analysait le patriarcat comme un système fondé sur la domination des femmes par les hommes. Wittig va plus loin, elle se questionne sur la définition des catégories «homme» et «femme». Si ces deux catégories ne peuvent exister l'une sans l'autre, les lesbiennes, elles, n'existent que par et pour les femmes: où donc se situent-elles?
Si ce qui fait une femme, c'est une relation sociale particulière à un homme, relation historiquement de servage, qui implique des obligations personnelles, physiques, économiques alors, la conclusion choc de Monique Wittig est: «Les lesbiennes ne sont pas des femmes.»

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Ces essais de Monique Wittig, écrits entre 1978 et 1988, constituent une source d'inspiration et d'outils théoriques permanente. La radicalité des analyses de celle qui fut des premières actions du Mouvement pour la Libération des Femmes n'a d'égal que leur limpidité. Les conclusions essentielles de ces textes sont que l'hétérosexualité, et les catégories "hommes" et "femmes" ne sont pas des données naturelles, mais bien un régime politique. Monique Wittig appuie sa démonstration sur la notion de classe, sur la critique de la notion d'"universel", et en passant par des parallèles entre les systèmes patriarcal, capitaliste et raciste. Dans les détails, on retiendra notamment la mise en évidence de l'oppression réelle, matérielle que peuvent exercer des discours (scientifiques, ou de communication de masse), sa mise en garde contre le "principe illogique de l'égalité dans la différence", et sa proposition de revendiquer l'abolition de la déclaration de sexe, puisque c'est une discrimination. Sa définition précise et combative du mot "féministe" donne bien le ton de cet ouvrage : "quelqu'un qui lutte pour les femmes en tant que classe et pour la disparition de cette classe".
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