La brume, rampante et magnétique, attira leur attention à l'intérieur du cimetière. La porte à double battant était grande ouverte. Les quatre visiteurs nocturnes franchirent le passage alors que la lumière vive s'évanouissait derrière eux.
- Bien sûr... murmura-t-elle. Je me retrouve subitement dans un endroit inconnu, pieds nus, en pyjama, avec une chienne hyper-collante qui parle en zozotant et tout cela est absolument normal...
- Ze suis pas collante ! retentit la voix éraillée de Georgette. Ze suis affectueuse.
Elle tendit la main et tâtonna dans le vide telle une aveugle cherchant à appréhender les obstacles devant elle.Mais le toucher ne lui était d'aucune utilité.Ce fut la vue qui l'aida à déceler la présence de l'infime silhouette d'une transparence bleuté.Elle equarquilla les yeux,oubliant de respirer.
Il l'enlaçat
Elle frémit
Il était là
Elle avait compris.
-Mais moi je m'en fous de la malédiction!s'écria Eliot.Je voulait vraiment que tu viennes.
Susan s'arreta net
-Moi je veux que tu sois la avec nous!...avec moi.
Je t'aime...lacha t-il ,épuisé par le désespoir qui lui inspirait la situation
Les objets, comme les gens, s'abîmaient avec le temps et les épreuves.
« Elle ferma les yeux, le parfum s’insinua dans les méandres de son esprit et, après en avoir pris intégralement possession, ouvrit en grand une des portes de sa mémoire, jusqu’alors fermée à double tour. »
- Qu'est-ce qu'on fabrique dans un cimetière ? lança Susan en réprimant un frisson.
Tout autour d'eux étaient éparpillées des tombes. Certaines, branlantes et érodées, semblaient ne plus avoir d'âge.
- Ze sais pas... zozota Georgette, tremblante de froid. Mais ze suis sûre d'une zose, c'est que ze me zèle les coussinets.
La maison brûlait et elle, minuscule petite fille agenouillée sur son lit, regardait le spectacle flamboyant, beaucoup plus impressionnant que celui auquel elle était habituée quand elle regardait son père travailler.
Il avait fait les choses en grand, cette fois-ci. Ces étincelles, les flammes qui couvraient les murs et le plafond, ce rugissement de fauve, c'était si beau !
Comment aurait-elle pu s'empêcher d'applaudir ?
Je t'aime... lâcha-t-il, épuisé par le désespoir que lui inspirait la situation. (p258)
Elle sentit la main d'Eliot prendre la sienne.
Elle se laissa faire.
Il entrecroisa ses doigts aux siens.
Elle les serra, tendrement. (p332)