Citations sur La croisée des chemins, tome 1 : Le royaume de Saramyr (2)
Quant à l'objet de son attention récente, toutefois, il n'avait plus aucun souffle. C'était une vieille femme, choisie par égard pour la variété, dans un accès de folie après qu'il avait envoyé son message du Barak Mos à son Tisserand. Il lui avait vaguement traversé l'esprit qu'il avait assassiné trop de monde ces derniers jours; la plupart des Tisserands n'atteignaient que très rarement cet état de folie. Mais où que ses servants se procurent ses victimes, elles ne manquaient pas, manifestement. A Saramyr, la vie d'un servant était entièrement dédiée à celle de son maître ou de sa maitresse et cette femme aurait aussi bien pu être une cuisinière qu'une femme de ménage, une servante du Donjon et, par là même, de l'impératrice.
Le seigneur Tisserand Vyrrch se reposait, son flanc blanc scabreux se soulevant avec effort, ses côtes ressortant distinctement comme une planche à laver. Il était nu, son corps, grotesque et atrophié, pathétique et répugnant à l'oeil. Ses bras maigres difformes étaient recouverts de sang, éclaboussant la peau fondue de son visage, son torse maigre, sa bedaine et ses organes génitaux atrophiés. Il avait l'air de quelque chose qui venait de naitre, haletant et soufflant, lové dans les draps souillés de son lit cassé.