Gate : Au-delà de la porte, tome 13

Un tome particulièrement frustrant, tant le potentiel des auteurs semblent sans limite : j'aimerais dire que c'est le calme avant la tempête, mais on est déjà dans la tempête !

Dans un 1er temps on achève la sous-intrigue Viper, et le tueur manipulateur comment l'erreur d'essayer de l'assassiné durant sa soutenance de thèse : c'est un peu comme si un terroriste avait tenté d'attaquer une salle de concert remplie de forces spéciales. le deuxième lame du rasoir rappelle à la Team Itami que pendant leur expédition, le sort de l'Empire est en jeu : tandis que les dirigeants installent une dictature fasciste, le peuple appelle de ses voeux une république démocratique… le message est explicite au Japon où les dirigeants trahissent leur peuple et sa mémoire en lorgnant de plus en plus ouvertement avec les criminels de guerre et contre l'humanité venus du passé. En France on glisse nous lentement vers sûrement, puisqu'avec la législation actuelle on n'aurait même pas pu destituer, juger et condamner le Maréchal Pétain pour haute trahison : les crevards n'ont même pas encore aboli la démocratie qu'ils préparent déjà l'après démocratie ! (sic semper macronis)

Dans un 2e tout est centré sur la Bataille du Palais du Martin-Pêcheur : dans le sang, les larmes et la merde jeunes chevaleresses et vieux légionnaires défendent les derniers espoir du monde libre réfugiés dans l'ambassade japonaise contre leurs propres concitoyens (obligés de combattre contre leur volonté, sous peine d'être exécutés eux et leurs famille, avec des officiers politiques dans leurs dos pour les abattre sans sommation au premier signe de recul : c'est dingue l'apprenti dictateur et ses larbins ressemblent de plus en plus à Macron et à la LREM). Faut-il intervenir ou pas ? Faut-il défendre ses intérêts quitte à cautionner un bain de sang ou défendre ses valeurs quitte à se lancer dans l'enlisement ?
C'est montré par plusieurs points de vue. Comme les journalistes ne racontent que ce qui les arrangent, donc ce qui arrangent leur carrière, donc ce qui arrangent les riches et les puissants, une reporter soeur de militaire et une ancienne prisonnière de guerre font leur propre enquête. Les envoyés des grandes nations font une tournée d'inspection (et l'ex-roi Duran roule des mécaniques à son nouveau de chef des mercenaires d'Alnus), et ils sont comme des enfants dans un magasin de jouets devant les objets les plus merveilleux ou les plus triviaux du Nouveau Monde. On dirait des envoyés soviétiques déboulant chez les très yankee Marchands du Temple, donc pour certains il est temps de faire des affaires. Et pendant ce temps, Zorzal el Caesar plus macroniste que jamais se prend pour Jupiter lui-même et prend son pied en orchestrant le barnum politique censé cirer les pompes de sa bande de sycophantes sans foi ni loi en train de faire sombrer leur pays dans les ténèbres de la crevardise...


Entre Fantasy à tendance Portal et Ecchi à tendance Harem (mdr la double planche qui présente Itami telle que les gens le croit, un héros militaire, et tel que les gens le voit, un otaku entouré de bombasses), les auteurs sont forcément dans la grosse déconne. Et pourtant ils abordent de manière frontale les thèmes les plus sérieux du monde :
- Flat l'astronome elfe en train d'effectuer une révolution copernicienne fait sans le savoir du foreshadowing sur la fameuse Porte...
- Lelei reprend le fameux « science sans conscience n'est que ruine de l'âme » (et donc que d'âmes ruinées de nos jours), et avec des dirigeants élitistes le progrès ne peut être partagé par tous, bien au contraire il n'est qu'élément d'exploitation et de destruction au service des élites autoproclamées
- pourquoi la société s'acharnent à distinguer le puissant du manant, quitte à instaurer de la discrimination et de la ségrégation, bref de la lutte des classes, puisque tous sont des êtes humains agissent de la même manière dans les mêmes situations ?
- pourquoi les journalistes osent parler d'intégrité journalistique quand cette caste dit à haute voix qu'elle n'écoute que ses préjugés et oriente ses papier en fonction de ce qui les arrange ? Ben oui pourquoi cette corporation est celle en laquelle citoyens croient avec des crevards, des parasites et des arracheurs politiciens ???
- la diplomatie doit-elle être idéaliste et fondée sur des valeurs, ou être réaliste et fondée sur des intérêts
- doit-on intervenir dans les affaires d'un autre pays pour son peuple contre ses dirigeants au risque d'un nouvel Afghanistan, ou pire d'un nouveau Vietnam…

Dans les dessins Sao Satoru passe du réalisme au cartoonesque, et ses scènes de batailles aux armes traditionnels ou aux armes modernes dégagent beaucoup de puissance tant que le tragique que dans la violence. Rarement la souffrance n'aura été aussi belle. J'ai presque envie décrire que je n'avais été touché comme cela depuis l'écrivain nord-irlandais Paul Kearney. Mine de rien il est très doué, et je le vois volontiers faire un manga sur l'Empire Romain, ou refaire "Top Gun", "Apocalyspe Now", "Nimitz, retour vers l'enfer", voir carrément adapter le "Codex Aléra" de Jim Butcher !

PS: on continue en bonus de faire de Wolf l'homme-loup capitaine des Mercenaires d'Alnus un sympathique comic relief, et franchement c'est tant mieux car j'ai bien ri quand son chef vient voir s'il ne déshonore pas le nom, la fierté et l'honneur de sa tribu avec ses manières de faire des affaires avec les hommes et les femmes de l'autre monde...