Un de mes livres de chevet que je voulais, en ce dernier jour de l'année, vous partager.
Cheveux emmêlés, recueil de tankas paru en 1901, par une très jeune poétesse,
Akiko Yosano, amoureuse d'un grand poète, qui a enfin redonné toutes ses lettres de noblesse aux tankas, ancêtres des haïkus.
Le tanka est la forme poétique que je préfère. Je l'ai découverte grâce à ce livre précisément. Dans le Japon médiéval, il venait ponctuer des textes en prose, leur donner une respiration. La structure métrique est de 31 mores, sous la forme 5/7/5/7/7 sachant que les 3 premiers vers décrivent une situation et les deux derniers vers constituent un pas de côté, un ailleurs visant à étonner, surprendre le lecteur. Mois fulgurant que le haiku, auquel les tankas ont donné naissance, mais plus sensuels, plus subtils, selon moi tout du moins.
Les tankas de
cheveux emmêlés sont empreints de tout l'amour qu'éprouve son auteure, de toute sa fugue, de toute sa sensualité, de sa jalousie, de sa maladie aussi. C'est troublant et magnifique.
Mieux qu'un long discours, deux tankas du recueil :
Court est le printemps
Qu'y a-t-il dans la vie
Qui soit immortel ?
Et j'autorisai sa main
Sur la rondeur de mes seins.
J'avais dix-neuf ans
Et blanche déjà voyais
La fleur de violette
Dans l'eau mon propre reflet
D'une maigreur troublante
Pour la petite histoire, ce livre m'a donné envie d'écrire des tankas à mon tour, c'est dire comme il m'aura marquée.
Je vous en offre un ce jour de la Saint Sylvestre :
Jupe éclaboussée
Par les gouttes de rosée
Au bord de la rive -
Les fleurs sauvages choquées
Dodelinent de la tête
Bon Réveillon à toutes et tous les babéliotes !