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EAN : 9782251722108
192 pages
Les Belles Lettres (29/10/2010)
4.47/5   15 notes
Résumé :
Court est le printemps,

Qu'y a-t-il dans la vie

Qui soit immortel?

Et j'autorisai sa main

Sur la rondeur de mes seins

Ignorant la Voie

Insouciants de l'avenir

Méprisant la gloire,

Seuls ici s'aimant d'amour

Toi et moi nos deux regards

Véritable hymne à l'amour, à l’art, et à la jeunesse, Cheveux emmêlés (Midaregami) de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Un de mes livres de chevet que je voulais, en ce dernier jour de l'année, vous partager. Cheveux emmêlés, recueil de tankas paru en 1901, par une très jeune poétesse, Akiko Yosano, amoureuse d'un grand poète, qui a enfin redonné toutes ses lettres de noblesse aux tankas, ancêtres des haïkus.

Le tanka est la forme poétique que je préfère. Je l'ai découverte grâce à ce livre précisément. Dans le Japon médiéval, il venait ponctuer des textes en prose, leur donner une respiration. La structure métrique est de 31 mores, sous la forme 5/7/5/7/7 sachant que les 3 premiers vers décrivent une situation et les deux derniers vers constituent un pas de côté, un ailleurs visant à étonner, surprendre le lecteur. Mois fulgurant que le haiku, auquel les tankas ont donné naissance, mais plus sensuels, plus subtils, selon moi tout du moins.
Les tankas de cheveux emmêlés sont empreints de tout l'amour qu'éprouve son auteure, de toute sa fugue, de toute sa sensualité, de sa jalousie, de sa maladie aussi. C'est troublant et magnifique.

Mieux qu'un long discours, deux tankas du recueil :

Court est le printemps
Qu'y a-t-il dans la vie
Qui soit immortel ?
Et j'autorisai sa main
Sur la rondeur de mes seins.


J'avais dix-neuf ans
Et blanche déjà voyais
La fleur de violette
Dans l'eau mon propre reflet
D'une maigreur troublante

Pour la petite histoire, ce livre m'a donné envie d'écrire des tankas à mon tour, c'est dire comme il m'aura marquée.
Je vous en offre un ce jour de la Saint Sylvestre :

Jupe éclaboussée
Par les gouttes de rosée
Au bord de la rive -
Les fleurs sauvages choquées
Dodelinent de la tête

Bon Réveillon à toutes et tous les babéliotes !
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Cheveux emmêlés (Midaregami en japonais) est un superbe recueil de poèmes de la plus grande poétesse japonaise du siècle dernier. Il s'agit de son premier et plus célèbre recueil, paru en 1901. Il utilise la forme la plus ancienne de la poésie nippone, le tanka, qui comporte 31 syllabes. C'est donc une forme courte, très régulière, mais sans rimes, qui n'est pas sans rappeler les haïkus, tant ils permettent de saisir en condensé une impression, un instant du temps, comme un arrêt sur une image, une émotion.

Ces poèmes peuvent apparaître minuscules, donc, mais peuvent aussi être lus soit en continuité, comme un déroulé cohérent, soit picorés ici ou là, car les mêmes thèmes reviennent souvent, la forme est plus circulaire que narrative à l'intérieur des six chapitres indépendants que sont : Pourpre, Fleurs de lotus sur l'eau, le Lis blanc, Femme de vingt ans, Les Danseuses, Pensées de printemps.

Le chant, la danse, la musique, la peinture et la poésie se mêlent pour faire jaillir une forme d'émerveillement. L'amour est omniprésent, et c'est sa naissance, accompagnée de tous ses sentiments mélangés qui nous est contée : confusion réel/imaginaire, attente, jalousie, solitude, passion et sensualité... Tekkan Yosano, autre poète japonais, l'inspire artistiquement et sentimentalement. Il est encore marié, mais ils vivent déjà la relation qui les conduira à s'unir officiellement quelques mois après la parution de ce recueil qui la rend célèbre dans son pays. Ils vécurent heureux et eurent onze enfants !
La sensation est d'autant plus belle que le lecteur se sent transporté dans une ambiance toute japonaise : le koto, le kimono, Kyôtô, les fleurs des arbres fruitiers sont souvent évoqués...Ces fleurs qui associées aux couleurs très représentées figurent l'image du printemps, métaphore de la jeunesse, de l'espoir et des transports amoureux quelque peu transgressifs pour l'époque. C'est aussi l'expression, hardie, du bonheur féminin, qui fait de ce superbe recueil une oeuvre moderne.

Un grand plaisir de lecture d'une auteure et d'une oeuvre qui mériteraient d'être plus connus en France, comme le prestigieux éditeur Les Belles Lettres a voulu brillamment en témoigner.



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Un ouvrage un peu particulier à présent, puisqu'il s'agit d'un recueil de poèmes. Je vois déjà les grimaces et les pensées du genre « ce n‘est pas pour moi », ou bien les souvenirs pas toujours heureux de quelque lointaine salle de classe où il fallait laborieusement annoncer des rimes…

Toutefois, je crois nécessaire, pour comprendre un tant soit peu un pays, et à fortiori une civilisation, de connaître ses formes poétiques. C'est pourquoi je vous parlerai bientôt de Basho. Mais revenons à notre poétesse, puisqu'il s'agit ici d'une oeuvre féminine, écrite en 1901…

Évacuons tout de suite la technique : il s‘agit là d'un recueil de près de quatre cents tanka, poèmes de trente et une syllabes, magistralement traduits par Claire Dodane, une éminente spécialiste de la littérature féminine classique japonaise. Si traduire du japonais au français est « presque » impossible, traduire de la poésie l'est tout à fait, et pourtant, c'est ici réussi. le livre est imprimé sur un papier légèrement pelucheux, très agréable, la composition est aérée (trois tanka par page) et les caractères suffisamment gros. il comprend une postface de la traductrice d'une vingtaine de pages, qui situe brillamment l'oeuvre dans la littérature et souligne son intérêt, ainsi que des repères biographiques qui complètent heureusement la brève notice imprimée sur un des rabats de la couverture.

Pour la suite, oubliez les rimes et les sens obscurs sous prétexte de profondeur : les poèmes de Yosano, simples et beaux, imagés et sensibles, sont tous ceux d'une jeune femme amoureuse qui célèbre sa passion envers Tekan, son amant, qui deviendra son mari et le compagnon d'une vie bien remplie. À leur parution, ils établirent la notoriété de la poétesse tout en faisant scandale, car celle-ci n'hésitait pas à abandonner les périphrases et circonvolutions obscures pour dire les réalités de l'amour, même physique, entre deux êtres. de nos jours, rien d'étonnant ou de choquant, mais dans le Japon de 1901, il en était tout autrement. Yosano devint par la suite une figure de proue du féminisme qui oeuvra tant pour la reconnaissance sociale des femmes au Japon que pour la mise en avant de leur propre sensibilité.

Combien autrefois
plus haute encore que les cieux
était la saveur
de ce sous-vêtement de soie
qui enveloppait nos matins !

Ce livre romantique à souhait peut se lire rapidement d'une traite, mais je conseille plutôt de lire chacune de ses six parties (pourpre, fleurs de lotus sur l'eau, le lys blanc, femmes de vingt ans, les danseuses, pensées de printemps) les unes après les autres, en savourant chaque poème. Des notes de bas de page bienvenues nous éclairent sur des images typiquement japonaises (symbolique des couleurs, par exemple) ou des lieux précis (le plus souvent dans la ville de Kyoto).

Lorsque ce recueil est paru, cela faisait trois mois que Akiko, sans l'assentiment de sa famille, ce qui était alors déjà scandaleux, avait rejoint Tekan à Tokyo. Ce dernier s'était séparé de se seconde épouse en avril, mais tous deux échangeaient des lettres enflammées depuis deux ans, ayant réellement débuté leur relation six mois auparavant, en janvier 1901, à Kyoto.

En refermant ce livre, peut être partagerez vous la réflexion de Yosano, et penserez-vous, vous aussi que:

Jusqu'à mes vingt ans
peu profonds furent les bonheurs
de mon existence
si seulement pouvait durer
le doux rêve du présent.

Certains critiques ont vu dans ce recueil une « référence érotique » que vous chercherez en vain. On n'y trouve que l'histoire, aussi éternelle qu'internationale, d'un homme et d'une femme ayant, au creux d'une nuit ou sous un soleil complice, tendrement emmêlé leurs chevelures…
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Poésie • Japon • Féminisme

🌸 J'ai pris le temps de lire ce recueil pour le savourer et le lire au bon moment. Ce recueil est divisé en deux parties : la première avec les 399 poèmes et la deuxième avec un postface sur le recueil et sur Akiko suivi par les repères biographiques pour situer les poèmes dans la vie de la poétesse.

🌸J'ai décidé de faire la lecture à l'envers pour d'abord me renseigner sur Akiko, son vécu, ses idées et ainsi prendre la pleine mesure de son oeuvre. Je crois que c'était la meilleure option car la lecture des poèmes m'est alors parue limpide. J'ai pu savourer les mots de la poétesse, les lier à l'époque, aux sentiments et comprendre le cheminement de pensée au fur et à mesure des tankas.

🌸 Ce recueil m'a fait découvrir un genre poétique que je ne connaissais pas: le tanka. Une poésie de 31 syllabes. La particularité d'Akiko était d'écrire ses poèmes sur le moment, sur une table d'un café, sur un banc public ou encore dans son lit pour prendre l'essence de l'instant. le résultat est bluffant. La poétesse nous dessine ce qu'elle vit, pense et voit. le fait que les chapitres dans lesquels sont regroupés les poèmes sont dans l'ordre chronologique permet de voir l'évolution d'Akiko Yosano et de la voir grandir. D'une jeune fille amoureuse, rebelle et idéaliste, nous rencontrons peu à peu une adulte, équilibrée et avec un regard bienveillant sur le monde.

🌸 Désir amoureux et amical, sexualité, passion et émancipation sont parmi les grands thèmes de ce recueil. La réalité d'Akiko n'est pas celle de l'Occident et les différences sautent aux yeux. Nous sommes dans un Japon d'avant guerre, loin des tensions que nous trouvions en Europe. La condition des femmes, la soumission aux parents et l'équilibre entre liberté et honneur sont de vraies découvertes. Akiko a les non-dits au bout de sa plume et la symbolique dans son encrier. le tout est éblouissant. Si elle n'est jamais crue dans son langage, on peut comprendre facilement pourquoi l'oeuvre a choqué en 1901. Elle pose une regard bienveillant et presque pur sur ses désirs, ses rêves et les passions qui l'animent 💗
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Recueil de poésie traduit du japonais par Claire Dodane.

Comme précisé sur la 4ème de couverture, "Akiko Yosano [est] souvent considérée comme la plus grande femme poète du Japon moderne".
Ce recueil date de 1901 et se présente sous la forme de tankas, quatre vers qui forment au total 31 syllabes, non rimés.
Je ne connaissais pas cette forme de poésie, qui a inspiré les haïkus avec les mêmes éléments : les saisons, la nature, les paysages et les états d'âme.

Akiko Yosano évoque sans tabou ses sentiments, notamment son amour fort pour cet homme qui va devenir son mari et le père de ses 11 enfants, Tekkan Yosano. Avec de l'érotisme assumé, elle nous emporte dans un tourbillon d'émotions dont on ne se lasse pas.

Une référence en matière de poésie japonaise, et encore plus de poésie japonaise féminine.
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Citations et extraits (127) Voir plus Ajouter une citation
Juste après le bain
Dans une source d’eau chaude,
Sur ma peau douce
Me semblent si rêches
Les vêtements de ce monde.
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Nos deux ailes ensemble
Étendues pour t'abriter
Inutilement
Toi ma belle et tendre amie
Dans l'automne de Kyôto

Extrait de "Le Lis blanc"
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Fraîche après le bain…


Fraîche après le bain
Et parée de mes atours
Devant le miroir ;
Il a pourtant bien été
Cet hier de mes sourires !


/Traduction: Claire Dodane
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Tel est son désir…


Tel est son désir
À cet agneau de montagne
De franchir clôture ;
Tel est leur désir à elles
D’être si belles les fleurs !
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Chant du rossignol
Dans le matin sans rigueur
D'un mont de Kyôto
Paisible amour pour celui
Qui foule les camélias

Extrait de "Fleurs de lotus sur l'eau"
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