AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de SeriallectriceSV


Une lecture perturbante, celle de la première nouvelle davantage encore, et un sentiment étrange qui s'est emparé de moi en refermant ce livre. le convoi de l'eau, de cet auteur, m'avait touchée par sa poésie et son humanité. La force de Akira Yoshimura réside dans ses mots, dans sa capacité à retranscrire des émotions avec une grande précision, à décortiquer la complexité de la condition humaine en alliant poésie, dépaysement et justesse.
Dans la première nouvelle, c'est une poésie glaçante qui nous attend. Une jeune fille, Mieko, vient de mourir et son esprit, son âme nous emmène sur le chemin de l'après, du devenir de son corps : de la récupération des organes à la crémation, en passant par les séances de dissection orchestrées par des étudiants en médecine. Certaines scènes sont difficilement soutenables et pourtant, je n'ai pas eu le sentiment de sombrer dans le macabre. Avec un peu de recul, cette méditation sur la mort est d'une grande beauté, dérangeante quelque peu, certes, mais unique et originale. En parallèle de la vision de Mieko sur le devenir de son enveloppe charnelle, un autre constat ébranle la jeune fille; celui du déni et du rejet de ses parents. Et c'est un pan douloureux de l'Histoire du Japon que nous donne à voir Akira Yoshimura, celui de l'occupation américaine d'après-guerre. Avant que la politique de "démocratisation" menée par le général Mac Arthur, accompagnée de nombreuses réformes, ne porte ses fruits, la désorganisation économique du pays, la famine, a conduit des personnes à commettre l'impensable, comme, dans le cas de cette nouvelle, monnayer le corps de son propre enfant.
La deuxième nouvelle, le sourire des pierres convoque la mort dans la vie, la mort comme trame de la nouvelle, donnant dans le mystérieux, le fantastique, encore davantage que dans la première nouvelle. le style y est plus sombre aussi, mais tout aussi fluide. Une dissection, finalement, également, celle de la relation entre deux amis d'enfance, Eichi et Sone, devenus jeunes hommes, et qui avaient fait d'un cimetière leur terrain de jeu. Sone, personnage énigmatique, attiré par la mort, a quelque chose d'insaisissable, de surnaturel, d'étrange ... il pourrait très bien intégré un récit de Stephen King !

Une préférence pour la première nouvelle, qui a eu une résonance toute particulière pour moi puisque lue, alors que nous faisions nos adieux à un être cher, rendant cette lecture davantage déstabilisante, émouvante ... et fascinante aussi.

Prochaine lecture de cet auteur : Naufrages.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          172



Ont apprécié cette critique (16)voir plus




{* *}