Angel Sanctuary, tome 1

Point de départ: un collège. Un jeu vidéo étrange. Un ado androgyne, Setsuna Mudo, suivi comme son ombre par un ami, très androgyne également, Sakuya Kira. Puis on dézoome... et on rencontre Cry et Arachné, deux Evils. Et l'auteur en remet une couche avec le fait que Setsuna est la réincarnation masculine d'une Ange organique, Alexiel. Elle est jumelle de Rosiel, Ange inorganique. Etc.

Kaori Yuki nous emmène dans une cosmogonie "en sablier" où le monde tel que nous le connaissons est au centre, point de contact, de rencontre, entre le monde des Anges, au-dessus, et celui des Evils en-dessous. Rien de trop original, mais cela peut le faire, à mon avis.

Malheureusement, je me suis assez vite attendu à quelque chose de mature, de dur, de glauque... et j'ai eu quelque chose de fortement connoté "ado". Que cela soit clair, le fait que ce soit "ado" n'est pas en soi négatif. Mais ce n'est certainement pas ce que je recherche.

Ado, donc. le vocabulaire est pauvre. Anges ou Evils s'expriment basiquement. Pas de recherche sémantique ou linguistique. Setsuna hurle qu'il veut baiser. Les sous-entendus (plus ou moins explicites aussi) abondent dans le manga. Setsuna lorgne sur Sara, sa soeur, celle qu'il veut ken, donc. Il remet en question le monde des adultes, les règles (tout en s'y conformant allègrement, d'ailleurs). Sara éprouve le même émoi pour son frère. Pulsions sexuelles incontrôlées (amis traitées de manière soft), fruit défendu, incompréhension du monde qui entoure, notion de rébellion... Ado, ai-je dit. Mais cela pourrait être plus fin, plus intelligent. Tous les personnages sont beaux, lisses, ils se ressemblent, ce qui ne facilite pas toujours la bonne compréhension. Décors assez pauvres quand ils existent. Les chapitres, appelés Actes, sont introduits par une double page très travaillée. Mais pour le reste, c'est cheap.

La cosmogonie est à l'avenant aussi. Dès qu'il faut un élément pour faire rebondir le récit, l'auteur le sort de son chapeau. Et à chaque fois, ce ne sont que des bribes d'info, des éléments épars, des pièces de puzzle, sans vue d'ensemble. Rien qui permette au lecteur de se projeter, d'anticiper, d'intégrer l'univers, à mon avis. Un résumé en fin de tome (heureusement qu'il est là) apporte un éclairage bienvenu sur les enchaînements et les personnages..

Il y avait moyen de faire bien mieux. Evidemment, j'avais des attentes un peu trop hautes. Pour moi, les Anges, cela me ramène à Engel, un jeu de rôle allemand, gothique flamboyant, qui déploie ses ailes dans la douleur et le mal-être.

J'ai pas accroché du tout... J'aurais du mal à dire pourquoi, les personnages peu intéressants ? La descriptions des anges et démons confuses ? Bref, j'ai lu ce premier tome, mais je m'arrête là.