Ce sont avant tout l'atmosphère et les décors du manga Mirages d'été qui m'en ont fait apprécier la lecture. On y ressent de façon frappante, presque physique, la lourdeur, la chaleur moite de l'été japonais, sa lumière également. le temps y paraît ralenti, propice aux siestes comme à la rêverie.
Les neuf histoires qui composent ce joli recueil relié paru au Lézard noir, à l'exception de la dernière, plus tardive, ont été publiées pour la première fois au Japon dans la seconde moitié des années 1980. Les récits consistent en de brèves tranches de vie, sans intrigues ou dénouements clairs. Quelques suggestions suffisent – la fièvre d'un enfant, une averse diluvienne, une phrase interrompue – à les faire basculer dans le fantastique ou l'onirisme.
Les jardins ensauvagés, dessinés avec minutie, prennent des allures de jungles. Une végétation luxuriante, grouillante de vie animale, d'insectes, d'oiseaux, emplit les cases, étouffante, s'insinuant jusque dans l'engawa des maisons traditionnelles.
Les enfants et adolescents dépeints ici semblent affectés à des degrés divers par cette atmosphère, comme si elle les contaminait. À petites touches dans certains des récits, de façon beaucoup plus frontale dans d'autres, le mangaka les montre découvrir, explorer leurs corps, leurs désirs. Les comportements des personnages, même les plus extrêmes, apparaissent amoraux. Leur approche de la sexualité, parfois teintée de cruauté, a quelque chose d'animal, et en cela de presque innocent.
La dernière histoire, « le jardin en été. Fille-courge en danger », qui date de 1995, me paraît de trop. Elle est moins subtile que les autres et trop axée sur la comédie. Même le dessin des personnages, caricatural, ne cadre pas avec le reste et donne le sentiment que le recueil s'achève sur une auto-parodie. La postface quant à elle est étrange. L'auteur y dit avoir bâclé ses textes ; peut-être s'agit-il d'une forme d'humilité spécifiquement japonaise, mais à cause de cela le lecteur en viendrait presque à se demander s'il a eu raison d'apprécier le recueil juste avant de le refermer.
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