Fille perdue

Passé honteux

Petite dernière d'une famille où les hommes règnent en maîtres sur la quincaillerie qui leur assure notoriété et prospérité, Anicette est choyée, vantée pour ses talents artistiques. Jusqu'au jour où elle est surprise portant la main sur son intimité, à la découverte de son propre corps. Dès lors, elle devient aux yeux de tous la vicieuse, enfant perdue qu'il faut éloigner, redresser afin de laver la honte qu'elle fait peser sur sa famille si respectable.
C'est dans une institution tenue par des religieuses qu'elle sera conduite, pour rejoindre d'autres filles qui, comme elle, dérangent, ne rentrent pas dans la norme dictée par les hommes bien pensants d'un XIXe siècle où la femme ne doit avoir qu'un seul et unique dessein : être une bonne épouse (entendez par là, servir son mari et lui assurer une descendance). Mais la foi est souvent bien impuissante face aux lois de la nature… On pourra alors compter sur les nouveaux médecins qui officient à Paris pour sauver définitivement du vice ces jeunes filles en fleur, les laissant mutilées à jamais pour le plus grand bonheur de cette société patriarcale rétrograde.

Ayant eu un gros coup de coeur pour le Bal des Folles et Né d'aucune femme l'an dernier, j'attendais beaucoup de ce roman, pensant y retrouver la même ambiance. Ça n'a malheureusement pas été le cas … L'écriture est complexe, peu accessible selon moi. Ajoutez à cela de nombreux flash back, réminiscences de l'enfance dorée d'Anicette venant perturber le déroulé du récit et me voilà perdue …
Toutefois, cette lecture n'était pas vaine, loin de là. Levant le voile sur un passage de notre histoire dont personne ne se vante aujourd'hui, d'un temps où l'excision était une pratique encensée par la médecine pour garder sous son joug les femmes et leur interdire l'accès à une liberté (libération) qu'elles ne connaîtront véritablement qu'un siècle plus tard.