C'est peut-être le succès d'
Exécutions à Victory, 1er roman de Zahler traduit en français mais 4e de l'auteur, qui incite Gallmeister à traduire ceux qui ont précédé. Peu importe le motif, l'initiative est à saluer sans nuance.
Une assemblée de chacals est le 1er roman de Zahker sorti aux Etats Unis. C'est un western qui déménage, au moins autant qu'
Exécutions à Victory. L'auteur greffe sur sur une trame simplissime une intrigue d'une grande intelligence, habitée par personnages magnétiques, parfaitement dessinés, les bons (pas si bons) comme les mauvais (très, très mauvais). Zahler sait nous attendrir et nous émouvoir, mais aussi ménager des scènes d'une violence insoutenable (les âmes sensibles s'abstiendront !) qui feraient passer les scénarios de
Tarantino pour des bluettes de la comtesse de Ségur: Zahler a l'art de faire basculer une situation dans l'horreur totale en quelques mots, puis de nous entrainer, encore sous le choc, dans des rebondissements qui rendent l'ouvrable réellement impossible à lâcher.
Sans dévoiler les ressorts de l'intrigue, je peux avancer qu'on pourra être un peu surpris de la moralité un peu rigide qui habite la plupart des personnages, en particulier ceux dont l'attitude et les décisions sont présentées comme justes. Zahler, quelque part, prolonge cette lignée d'auteurs étasuniens (je pense par exemple à
James Lee Burke, pour citer l'un des plus talentueux) qui valorise leurs personnages – positivement ou négativement – uniquement au travers de leurs actes: pas par l'être ou l'avoir, mais seulement par le "faire". Ceux qui ont un jour fait le mal doivent être punis ; le rachat, la rédemption et le pardon ne font pas partie du paysage. Pour personne. Quelles que soient les circonstances. On voit tout de même cette terrible logique un peu ébranlée à la fin, à se demander si ce trait culturel fort est introduit ici comme une donnée historique ou bien s'il s'agit d'une conviction (et, finalement, d'un questionnement) de l'auteur.
Un ouvrage hautement recommandable… aux lecteurs dont les tripes sont bien accrochées. Et qui donne très envie (accessoirement) de voir le western tourné par Zahler, sorti en 2015 (Bone Tomahawk).