Elle était prête à tomber, mais elle trouvait encore la force de continuer. Elle arriva dans le centre de Kingsley et s’effondra devant le poste de police, aux pieds du lieutenant Gordon.
- Aidez-moi, je vous en supplie… Ils sont tous morts… s’écria-t-elle.
- Qui ? Calme-toi… viens t’assoir à l’intérieur et explique-moi.
- On était là-bas… ils ont tous été tués.
- De qui parles-tu ?
- De mes amis… ils sont tous morts là-bas…
Là, elle se mit à crier plus fort. Il y avait quelqu'un de dos, qui se tenait là, ne bougeant pas. Le silence qui envahit les lieux était gênant, angoissant et morne. Les quatre acolytes se regardèrent et Sam s'avança vers la silhouette immobile.
Après plusieurs minutes de marche à travers les branches entremêlées de la forêt de kingsley, les cinq jeunes se retrouvèrent face à l'immense bâtiment abandonné. Le sanatorium avait été construit en 1931 pour soigner les personnes atteintes de la tuberculose, puis, pendant et après la seconde Guerre Mondiale, de nombreuses victimes furent admises ici par manque de place dans les hôpitaux. Un service spécial leur avait été consacré. Cependant, pour des raisons inexpliquées, celui-ci avait fermé ses portes quelques années plus tard.
Ils avancèrent prudemment dans le corridor et tournèrent à gauche. Ils éclairèrent le couloir mais ne virent rien. Un bruit sourd se fit entendre dans leur dos. Ils avaient beau scruter le lieu à l'aide de leurs lampes, ils furent incapables de voir quoi que se soit. Un rire se fit alors entendre.
- Robbie, il faut qu'on parte maintenant, dit kevin.
- Ca ne ressemblait pas à Robbie ça, commenta Sara.
- Non, on aurait dit un rire d'enfant, ajouta Sam. Suivez-moi, àa venait de l'autre côté.
Ils se retournèrent pour arpenter le couloir dans l'autre sens. Des débris de murs recouvraient le sol. Le rire enfantin résonna de nouveau, faisant tressaillir les quatre amis.
Dors, endors-toi, à jamais
Lorsqu’elle fut arrivée aux hautes grilles de fer forgé, Sam découvrit qu’elles étaient fermées et cadenassées. Elle s’effondra face à celles-ci, dans la boue, sous la pluie qui fouettait son visage. Ses nerfs étaient à vifs, elle tremblait de peur, de tristesse et de culpabilité, ne ressentant même plus la douleur de son bras blessé. Elle s’en voulait d’avoir insisté auprès de ses amis pour explorer ce sanatorium qui attisait tant sa curiosité. Elle n’avait qu’une envie, que tout s’arrête, se réveiller de ce cauchemar, et les retrouver en vie.
Subitement, les réverbères placés dans les jardins s’allumèrent. Tout en essayant de reprendre son calme, Sam se retourna lentement. Face à elle, une dizaine de personnes se tenaient là, ne bougeant pas, ressemblant à des patients munis de béquilles, fauteuils roulants, robes d’hôpital sales et déchirées, tous blessés, amputés, malades, cadavériques, revenants d’outre-tombe. La jeune fille se releva contre la grille sans mouvement brusque et se mit à hurler :
- Partez… Laissez-moi !
- Endors-toi… Repose en paix… murmurèrent-ils en cœur.
- Taisez-vous… je vous en supplie ! gémit Sam.
- Fais de beaux, très beaux rêves…
- TAISEZ-VOUS ! Je vous en prie… Arrêtez !