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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Marie danse, chante, Marie va à l'école, aime sa famille et ses amis, elle a un beau sourire, des yeux qui illuminent son visage. Mais un jour, Marie disparait. Marie a huit ans, puis treize, l'âge de l'enfance, puis de l'entrée dans l'adolescence qui bouleverse les corps et le coeur, mais tout cela lui sera volé par son kidnappeur
Édouard a été victime d'un terrible accident, gravement brulé, le visage détruit, crève de solitude et fait peur à tous ceux qui le rencontrent. Mais le jour où il croise la route de Marie, elle ne baisse pas les yeux, ne le juge pas et lui restitue cette part d'humanité que lui dénient tous les autres. Instant fugace qui scellera le destin de Marie.
Enlevée et séquestrée par Édouard, elle répond par le silence à la passion d'Édouard, et par des mots violents et crus qui expriment une rage froide et désespérée à son violeur. L'enfant volée et violée trouve refuge dans la lecture et l'oubli des jours, des années qui passent enfermée dans une cave.
L'auteur nous entraine, par le « je » de la narration, tantôt dans la tête d'Édouard, tantôt dans celle de Marie, de ses parents dans l'incertitude du sort de leur enfant. Mais également et avec beaucoup d'intelligence dans celle de ces jeunes filles nigérianes ou yézidies enlevées, vendues, violées, détruites par Boko Haram ou par Daesh. Ce même cri, cet appel de celles à qui on a volé une vie.
L'écriture est belle, sobre et élégante, le texte est fort et le sujet douloureux et difficile à appréhender stoïquement sans se poser de nombreuses questions.

Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2020/07/19/je-dansais-carole-zalberg/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Elle dansait, oui elle dansait.
Marie dansait, depuis qu'elle était toute petite, elle illuminait la maison de ses pas, elle tournait, tourbillonnait, tournicotait, dans toutes les pièces, d'une chambre à l'autre, elle ne marchait pas, elle dansait.

Elle aimait la vie.
Elle était belle, avec ses grands yeux, elle était intelligente, elle avait ses amis à l'école, son amoureux à qui elle donnait la main, innocemment, et puis d'un coup elle la lâchait et elle courait, elle riait. Oui, elle riait.

Elle dansait.

Et il a suffit d'un regard. Son monde onirique, sa vie paisible, ses rêves, son innocence, tout s'est envolé, tout s'est transformé, hop ! parti en fumée... La Bête s'est emparée de son autoproclamée Belle, la sienne, rien qu'à lui, tout ça parce qu'elle n'avait pas détourné le regard ? Tout ça parce que, enfant qu'elle était, elle a vu au-delà de l'apparence ? Mais n'est-ce pas ce qu'on apprend à l'école à tous les enfants ; "ne jugez jamais les apparences" !? Et c'est cette bonté là qui l'a condamnée ! Pourquoi ?!

Dans un roman d'une incroyable justesse, Carole Zalberg narre l'enlèvement de la petite Marie par son ravisseur Edouard, défiguré depuis un accident. Brûlé, ravagé, bousillé. En donnant tour à tour la voix à Marie puis à Edouard, elle confronte les pensées des deux protagonistes, vivant tantôt cet enlèvement et la séquestration qui s'ensuivit comme le premier jour d'une vie libre qui peut enfin commencer, où l'amour peut enfin exister, tantôt comme la fin d'une vie, le début du malheur, le gouffre qui s'installe.

Carole Zalberg donne corps à l'ignominie en la personne d'Edouard, persuadé d'avoir trouvé son âme soeur (une petite fille de 13 ans !), assoiffé de son corps et de son âme, en demande permanente d'attention, d'affection, de romantisme, d'amour ! ...
Marie, elle, se meurt peu à peu, elle tente coûte que coûte de maintenir à l'esprit les derniers éléments qui lui rappellent sa vie d'avant, elle cite le nom de tous ses amis, elle pense aux visages, elle parle, elle lit, avant que le mutisme s'empare d'elle, en proie à un dépérissement inévitable.
Isolée dans sa prison, Marie est coupée du monde extérieur, elle ne connait plus que ces quatre murs gris qui l'entourent et cette fenêtre haute, par laquelle elle aperçoit parfois les rayons du soleil, comme la promesse d'un avenir meilleur, le signal que l'espoir existe car dehors, ses parents l'attendent, ils espèrent, ils savent qu'elle vit encore, qu'elle est là.

Un très beau roman de Carole Zalberg dont j'adore la plume !

"Je remue le ciel, le jour, la nuit
Je danse avec le vent, la pluie
Un peu d'amour, un brin de miel
Et je danse, danse, danse, danse
Danse, danse, danse..."

(Dernière danse - Indila)
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Oui, Marie dansait avant d'être enlevée par un homme au visage brûlé.

Marie nous raconte comment elle vit les premiers temps de sa détention : la recherche de la fuite, le refus de tout ce que lui propose son ravisseur, jusqu'à l'acceptation.

Edouard nous parle aussi : son accident et sa défiguration, jusqu'au regard différent de Marie sur lui. Son amour pour elle.

Quelques chapitres avec les voix des parents de Marie qui espèrent, toujours.

Mais ce que j'ai aimé, dans ce roman, ce sont les choeurs : ces voix qui sont celles des femmes enlevées et violées et tuées partout dans le monde, des femmes réduites en esclavage. Ce sont ces voix qui me resteront en mémoire.

L'image que je retiendrai :

Celle de Marie se dirigeant vers les bras d'une maman lors d'un pique-nique.
Lien : http://alexmotamots.fr/je-da..
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Ce roman est construit d'une manière où plusieurs personnes parlent chacune leur tour. Nous avons la voix de Marie, d'Edouard ou encore celles des parents de Marie et puis on a aussi la parole de jeunes filles enlevées, séquestrées et violées dans le monde.

J'avoue que ces voix qui se chevauchent, m'ont un peu déroutée, et j'ai parfois eu du mal à suivre, me laissant dans le flou, ayant du mal à assembler tous les éléments.

Toutefois, j'ai été très touchée par certains passages que j'ai souhaité les recopier pour que vous puissiez les lire.

« Nous sommes des morceaux de choix pour les contrebandiers bédouins : plus effroyables encore que le premier migrant venu, la chair plus facile à déchirer, notre être féminin et jeune si peu respecté, paradoxalement susceptible de s'échanger à meilleur prix dans l'atroce négoce de la torture contre rançon. Qu'on nous rachète ou pas, nous aurons été mises hors d'état de vivre au fond des caves de villas perdues dans les sables, où personne ne nous entend jamais appeler. »

« Nous sommes les belles ou même pas, sifflées sur les trottoirs, collées, palpées, suivies, complimentées comme on insulte ou couvertes sans détour d'injures par l'animal que nous faisons sortir de l'homme. Qui est aussi l'homme, sans doute. »

Ce roman est un cri de douleur, d'injustices faites aux femmes.
L'auteure Carole Zalberg nous parle d'un sujet tellement difficile en évoquant la violence faite aux femmes, que nous y sommes forcément réceptives et concernées.

L'écriture est puissante, profonde et délicate à la fois.
Un message d'espoir car même dans l'adversité, les femmes restent toujours courageuses et combatives.


Lien : http://leslecturesdeclaudia...
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