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Critique de mylena


Ces nouvelles sont d'inégales longueurs. Deux mots russes sont traduits par nouvelle en français. le premier signifie littéralement récit et correspond à des textes que nous appelons des nouvelles. le deuxième est très courant, mais correspond à des choses très différentes en français, cela va de la nouvelle au roman. En français cela correspond plutôt à de courts romans. Bref, le long récit Nord, qui fait 57 pages, n'est pas tout à fait une nouvelle. Et le plus court récit, L'électricité (2 pages) n'est presque pas une nouvelle, tant il est bref. Tous ces récits ont été écrits entre 1913 et 1924, mais ils ne sont pas présenté exactement dans l'ordre chronologique dans le recueil. C'est un peu dommage,
J'ai beaucoup apprécié ces textes, mais je ne les conseillerais pas en premier pour découvrir Zamiatine, mieux vaut commencer par Nous autres ou par L'inondation, beaucoup plus abordable. En effet dans ce recueil, l'art de l'ellipse et du non-dit est poussé à l'extrême, ce qui implique de bien comprendre le contexte. D'autre part la plupart de ces récits ont été publié à l'époque, donc soumis à la censure, censure tsariste pour les récits de 1913, censure bolchévique pour les récits à partir de 1917. Pour passer la censure, l'art du non-dit peut se révéler utile, mais complique la tâche du lecteur.
On peut noter que les personnages ne sont guère différents avant et après la Révolution dans leur personnalité comme dans leurs comportements.
Le recueil commence par une brève autobiographie de Zamiatine rédigée en 1924. Il est important de savoir qu'il a fait 3 fois de la prison : en 1905, une autre fois sous les tsars, puis en 1922, et deux fois exilé sous le régime tsariste, en 1911, puis en 1913. En 1916 il travaille en Angleterre comme ingénieur naval et ne revient en Russie qu'en octobre 1917. Jusque là il était proche des Bolchéviks, mais très vite en 1917 il se brouille avec eux. En 1931 il obtient l'autorisation d'émigrer, provisoirement, gardant sa nationalité.
« Trois jours » (1913) très court récit sur la mutinerie du cuirassé Potemkine en 1905, quasi autobiographique puisqu'il a réellement assisté à cet événement à Odessa et participé à la Révolution de 1905.
« Les entrailles » (1913) une histoire sordide qui a quelques points communs avec « L'inondation », mais sans la même force stylistique, c'est une peinture crue de la société rurale de la Russie profonde.
« Le Nord » (1918), le plus long des récits, mais aussi celui qui contient le plus de non-dits et de sous-entendus, de la part de l'auteur, de la part des personnages entre eux aussi, du coup certains personnages restent un peu des énigmes pour le lecteur. le héros imagine d'éclairer les espaces du Grand Nord par une lanterne, tel un phare. Mais les résultats sont dérisoires, et il le paye cher. Un parallèle avec la Révolution ?
« La caverne » (1920) récit situé dans un avenir lointain, où l'homme est revenu à une ère glaciaire, entourés de mammouths, et peinant à se chauffer. Quand on pense au blocus de Leningrad, cela fait froid dans le dos… mais ce n'est certainement pas dans cette optique que cela fut écrit. Mais il n'a en vu que le présent, la fin du communisme de guerre, la famine, le froid du moment. le vol des bûches, symbole de la dignité humaine qui s'éteint en nous...
« L'électricité » (1917) une anecdote, un fait divers pour illustrer l'ignorance, la bêtise
« Léonid Andréiev » (1922) court récit énigmatique dont il faut certainement comprendre la chute à la lumière des premières lignes : « Cela se passait en 1906. La révolution n'était pas encore cette épouse légitime qui veille jalousement au respect de son monopole légal sur notre amour. La révolution était une jeune et libre amante aux yeux de feu, et moi, j'aimais cette révolution... »
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