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Critique de Bookycooky


Evgueni Zamiatine en Mars 1916 à trente-deux ans part en Angleterre. L'ingénieur est chargé d'y veiller pour le compte du gouvernement tsariste à la construction de plusieurs brise-glace. En un an et demi il fait le tour des chantiers de Glasgow, Sunderland , Shields et surtout Newcastle. “Les Insulaires “, satire de la vie provinciale anglaise s'inspire de ce séjour. L'histoire débute avec “le corps étranger”, titre du premier chapitre. Pour qui connaît un peu l'oeuvre de Zamiatine, ce corps étranger, le grain de sable qui vient gripper les rouages bien réglés d'une machine parfaitement huilée et rompt un équilibre péniblement acquis, est présent dans plusieurs de ses oeuvres, dont la belle et audacieuse 1-330 dans “Nous Autres” ou Ganka dans “L'inondation”. Ici, c'est un jeune anglais insipide de l'aristocratie victorienne, appauvrie, mais qui continue à manger chez lui le soir en smoking....Un corps étranger qui n'est nullement un symbole, mais qui synthétise le récit où il figure et dont il est la fin et les moyens.
Dans ce récit où la froideur de l'expression se rallie à des personnages sclérosés, englués dans l'hypocrisie sociale et religieuse et dans des tabous étiquetés “les convenances “ qui tuent tout instinct naturel, on est dans une ambiance étrange qui laisse perplexe. de plus les ornements visuels de Zamiatine, “les appendices” qui progressivement remplacent les personnages donne au récit un côté surréaliste, dont “les vers “ de Lady Kemple , « ...le visage de Lady Kemple: c'était un visage tout ce qu'il y a de plus ordinaire, mais pourtant quelque chose....Et au même moment le pasteur comprit que c'étaient - ses “lèvres “. D'un vermillon décoloré , elles étaient extrêmement minces et d'une longueur inusitée, comme des vers- elles se tortillaient, leurs extrémités s'élevaient et s'abaissaient en ondulant........Les vers de Mrs Kemple se tordaient et sifflaient en grésillant à petit feu. ».

« Province » le second récit du livre qui précède "Les Insulaires" de quelques années, raconte les tribulations d'un cancre, Baryba Anfim, dans la province russe. Jeune homme sans scrupules et brute, jeté à la rue par son père, dans la Russie tsariste pieuse mais sans moral , tour à tour “amuseur chez une veuve respectable”, faux témoin pour le compte d'un avocat, pour finir....., il trouvera son chemin cahin-caha , sans vraiment se fatiguer, mais.....Une satire colorée de la Russie tsariste, et de ses personnages, comédiens en pacte avec Dieu, en public, avec Satan, en privé....., truculent .



Deux textes très différents dans le fond et la forme qui donne une idée de l'ampleur du talent de Zamiatine, un des plus grands auteurs russes du XX iéme siècle.
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