Citations sur À jamais tu obéiras (26)
Une fille comme vous, au joli minois et à la silhouette de rêve, pousse au désir et au péché. Vous avez dû apprécier votre rôle de tentatrice, poursuivit-elle en secouant la tête d’un air las. Maintenant, vous allez vous repentir avec nous.
Tu contemples les ombres toute la journée. Les ombres te commandent, tu es régie par les ombres. Tu ne peux pas discerner la vérité. Pas tant que tu n’auras pas été aveuglée par elle.
Il retira l’écharpe de son cou, prit les deux mains de Cora dans les siennes.
Le désir qu’elle éprouvait pour lui lui faisait tourner la tête. Ses mains devinrent toutes molles.
Il pressa ses poignets l’un contre l’autre, lui ouvrit les mains, les deux paumes vers le ciel. Il plongea son regard dans le sien puis se pencha pour embrasser chacune de ses paumes.
Cora ferma les paupières, savourant le plaisir de ses lèvres douces sur sa peau. Elle rouvrit les yeux et le vit enrouler l’écharpe autour de ses poignets, ses mains passant au-dessous et au-dessus. Il serra et tint ce qui restait de tissu dans une main.
Il était si sexy dans son blouson en cuir, et aujourd’hui il avait complété sa tenue avec une longue écharpe lie-de-vin qui lui arrivait presque aux genoux. Il était le seul à pouvoir se permettre un tel accessoire.
Si on meurt, intervint Joy, je me fiche de savoir quelle « responsabilité » est engagée. Mais bon, on n’a rien sans rien. Et puis soyons réalistes, on a fait des trucs plus débiles et on a survécu.
Si elle voulait avoir la moindre chance de sortir d’ici, elle devait être l’élève brillante qu’elle avait toujours été, vigilante et appliquée, étudiant ses geôliers comme les sujets de cet étrange laboratoire du destin. Pour rester en vie, elle devait être plus maligne qu’eux, repérer les schémas de leur folie et mémoriser les subtilités de leurs dysfonctionnements. On lui avait fait un cadeau aujourd’hui, fourni des données à étudier et à manipuler.
La vieille était comme envoûtée. Et le charme ne venait pas de son allure. Pas avec ses cheveux gras qui tombaient devant ses yeux humides et cerclés de rouge, le droit tressautant quand il était excité. Il ressemblait à ces gros nazes sur St Mark’s Place, à Manhattan, que Julie voyait quémander des pièces pour leur dose de crack.
Et tout ce qui sortait de sa bouche était délirant, un charabia grotesque. Ses foutues prophéties, ses mots de fanatique religieux. Un beau ramassis de conneries. Un acte désespéré – ces foutaises bibliques – parce qu’il n’allait sûrement pas conquérir qui que ce soit avec son sens de l’humour ou son charisme.
Julie avait eu tort de se faire des illusions. Le Malin était revenu plus malfaisant que jamais. Elle ignorait ce qu’il avait fabriqué pendant son absence mais une ligne de points de suture grossiers incrustés de sang séché lui barrait les côtes. Ça ne pouvait pas être bon.
Personne d’autre ne comprenait l’urgence de sa tâche. Le reste du monde continuait d’avancer dans la vie avec ennui, regardant la télé, suivant des cours, faisant du covoiturage, remplissant la paperasse, cherchant des idées de décoration. Comme s’il n’y avait pas quelque part des personnes en danger, des victimes qui avaient besoin d’être sauvées. Chaque seconde qu’il consacrait à sa propre vie monotone était une seconde pendant laquelle quelqu’un était peut-être en train de souffrir.
Il fallait bien le reconnaître, elle était magnifique, allongée là. Il poussa un soupir. Dans une autre vie, les choses auraient pu être différentes. Il aurait peut-être laissé cette aventure devenir sérieuse.
La douleur ne signifiait plus rien pour elle, mais son corps vibrait de peur et ses muscles tremblotaient tandis qu’elle les contractait, déterminée à demeurer immobile. Elle le regarda, dans l’attente, espérant que son visage restait neutre, dénué de toute expression qui le relancerait. Les Esprits Sombres étaient puissants aujourd’hui. Son courroux ne devait pas être de nouveau attisé.