AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,61

sur 100 notes
5
4 avis
4
13 avis
3
5 avis
2
2 avis
1
0 avis
Un bijoux que l'on ne manquera pas de rééditer , je le souhaite vivement ...

Un petit bijoux de SF post apocalyptique ... qui ne vaut pas son poids en euro mais qu'il faut lire absolument et qu'il faut absolument se procurer à un prix raisonnable ...
Ce roman nous plonge dans un monde détruit par les radiations nucléaires et la guerre nucléaire .
Il préfigure tous les mad max et tous les post apocalyptiques road movies ...
Ce monde est totalement chaotique : ruines .. épidémies ... radiations ... monstres mutants .. vents violents et pollutions chimiques ...

Un motard marginal , assez misanthrope et presque délinquant est réquisitionné pour transporter en véhicule blindé ( un convoi de trois véhicules ) un vaccin contre la peste de Californie à Boston ( par la route 666 ).
Comme dans tous les road movies ( qui se respectent ) ... le personnage évolue se transforme : C'est le thème de la Route ...

Ce texte est très bien écrit et le bouquin absorbe le lecteur dès les premières pages .
Le voyage est fantastique .. on va de ruines .. en paysages sinistrés et dangereux .
Le danger est omniprésent et le style est à la hauteur .
Je savoure toujours aussi le côté enfermé presque en permanence dans un véhicule blindé .

Le personnage s'imprègne progressivement de ses obligations envers les victimes de la peste et c'est le constat de l'altruisme , gratifiant , nécessaire et approprié , qui triomphe de façons crédibles et habilement posées .

Un MUST ....
La route 666
PS : Il y a une série B sympatoche tirée du livre .
Commenter  J’apprécie          6613
Highway to Hell! J'ai tout de suite pensé à cette berceuse des rockers Aussies en lisant ce roman!

Route 666 est un road book (on parle bien de road movie) avec comme personnage principal un 'tit gars, pas vraiment sympatique : Ange de l'enfer comme on en trouvait beaucoup à l'époque où le roman est sorti (1969), et comme ses congénères, il n'est pas du genre à tendre la joue gauche (ni la droite d'ailleurs), possède un caractère assez emporté, a une légère tendance à la violence, très egocentrè, il déteste que l'on touche à ses affaires.

Affaires, justement qui ne sont pas les siennes car, arrêté par une meute de flics pas très enclins à l'indulgence, il se voit offrir le choix entre mourir assez violemment et rapidement ou bien partir pour une balade pas tout à fait romantique, au cours de laquelle il a, dans le meilleurs des cas, zéro pour cent de chances de survivre.
Ceci-dit, il s'agit de son billet pour la rédemption car chargé de véhiculer dans un camion blindé, des doses de vaccin vers l'autre seule ville encore debout (Boston) après ce qui semble avoir été une jolie petite guerre nucléaire comme on les redoutait en ces temps de guerre froide, mais durement secouée par une épidémie de peste noire qui décime ce qui reste de la population humaine. Inutile de vous dire que la promenade sur la bien nommée Route 666 (vous voyez la référence?) qui n'a aucun des attraits touristiques de son équivalente, la route 66 : Monstres effroyables, tornades méga destructrices, hordes de pillards cruels et impitoyables,... La survie de l'espèce humaine sera donc confiée à notre gentil héros au doux nom de "Hell" Tanner.

Bon roman de SF, de très bonne facture, écrit par un des maîtres du genre à l'époque. Bien entendu, on ne peut s'empêcher de penser à Mad Max ou bien à Snake, le héros de New-York1997 de Carpenter.

Le rythme est endiablé, c'est le ton du livre, pas moyen de s'ennuyer avec ce récit qui se lit rapidement avec beaucoup de plaisir.

Je le recommande aux amateurs du genre, c'est une belle réussite!


Commenter  J’apprécie          457
Je suis assez friande de post-apo et logiquement ça faisait longtemps que je voulais lire ce roman culte de Zelazny. Après coup, je suis contente de ma lecture sans être totalement emballée. Publié en 69, il est évident que « Route 666 » a eu une influence considérable sur tous les récits post-apocalyptiques racontés ensuite. J'ai beaucoup pensé à Mad Max et aussi à New-York 97, j'aime beaucoup ces deux films, cette filiation n'était donc pas pour me déplaire. Mais il faut avouer que si « Route 666 » est le père du post-apo moderne, certains de ses rejetons sont plus réussis que lui.

Le récit est d'une simplicité et d'une efficacité diabolique. Mené tambour battant, « Route 666 » est un roman très divertissant. Zelazny déploie une belle imagination pour dépeindre un monde en ruines où règne le chaos. le voyage de Tanner est rendu passionnant par les descriptions saisissantes des paysages qu'il traverse. Les séquences d'action sont parfaitement menées et savamment dosées au cours du récit.
Selon moi, la faiblesse de « Route 666 » réside dans son personnage principal. Si Mad Max et New-York 97 fonctionnent si bien, ce n'est pas seulement grâce à la peinture saisissante de mondes ravagés, c'est avant tout grâce à la qualité des personnages. Max est un personnage intéressant et profond et Snake est ultra-charismatique. Or, j'ai trouvé que Hell Tanner, malgré un nom qui en jette, manque des deux. Il n'est ni profond, ni charismatique. du coup, j'ai eu du mal à m'intéresser à son arc transformationnel que j'ai d'ailleurs trouvé assez mal amené. Et surtout, à aucun moment je ne me suis attachée à lui. J'ai donc finalement eu le sentiment de lire une histoire divertissante mais assez désincarnée.

« Route 666 » a été une lecture idéale en cette fin d'année mouvementée et épuisante pour moi. du fun, de l'action, voilà ce qu'il me fallait, et de ce point de vue le roman tient ses promesses. J'ai passé un bon moment de lecture mais sans plus, le manque d'épaisseur du personnage principal m'a empêchée de ressentir de l'émotion.

Commenter  J’apprécie          364
"Il revint en arrière, au jour où il était le Numéro Un, et ressentit une gêne qui lui était familière. Il avait loupé les affrontements de cette nuit-là, lorsque les flics avaient envahi la Côte et que toute sa meute avait été abattue ou déportée. Depuis, il n'était plus rien, qu'un pays sans habitant."

Un Hell's Angel sans meute, c'est un type à la dérive. Alors que le pays ait été ravagé par une pluie de têtes nucléaire, que les hommes deviennent fou et la nature ravagée, il s'en fiche. Mais Hell n'est pas un mauvais type. Quand les autorités lui proposent un deal, libération contre le convoi de la dernière chance pour Boston, il accepte d'aller livrer les vaccins. Dans cet univers post apocalyptique, il partira dans une voiture et traversera le pays en suivant la route 666, fera des rencontres, bonnes ou mauvaises.

J'ai particulièrement apprécié la manière dont Roger Zelazny décrit l'environnement, les tempêtes, les couleurs dues aux radiations, il y a un souffle dans son écriture. le récit est ponctué de flashs qui font remonter Hell dans son passé ou bien de petites scènes qui permettent à l'auteur de faire découvrir aux lecteurs ce qui se passe sur le bas côté de la route, de sorte que l'on plonge réellement dans son monde détruit, en mettant de temps en temps le frein à main. Hell est un personnage à la dérive qui donne tout. J'ai souri car parfois c'est vraiment une caricature dotée d'un sens romantique à tout épreuve "Il tira son couteau et grava sur le garde-boue : elle s'appelait Cornélia. Je ne connais pas son âge ni son nom de famille, je ne sais pas d'où elle venait, mais c'était la nana de Hell Tanner et je l'aimais. Puis il retourna à sa propre machine, démarra le moteur et reprit la route. Boston n'était plus qu'à une cinquantaine de kilomètres."

J'ai vraiment bien aimé la plume de Zelazny, son sens de l'humour, son code de l'honneur qu'il dépeint au profit du personnage de Hell avec son côté désabusé ainsi que son second degré dans l'écriture.

"Un décor sans intrigue ni personnages. Vous pouvez lui donner une définition, celle que vous voulez, et l'appeler comme bon vous semblera : le Chaos, la Création, un Cauchemar, le Cadran solaire ou ' ' (Remplissez vous-même les blancs.)"
Commenter  J’apprécie          293
Un excellent petit bouquin "post-apocalyptique" à la "mad Max", je me suis régalé ! Il semblerait que je sois abonnée aux "road-trips" en ce moment. Bon vu le titre de celui-là, je m'y attendais un peu (avec "le livre des crânes", c'était moins évident, de suite, mouarf !). J'ai eu la chance de tomber dessus chez mon bouquiniste, pas cher, mais j'ai été un peu effarée par les prix des vendeurs sur amazon et autres sites où on trouve des bouquins d'occasion, ça m'a sidérée !

Nous avons donc ici un affreux jojo qui porte un nom prédestiné, Hell Tanner, qui est né après la guerre nucléaire et qui n'a connu qu'un monde dévasté. Dans ce monde dévasté, il y a toujours des Hell's Angels, qui sont toujours aussi chtarbés, et quand on fait de la moto dans un monde où un frigo, un camion, une chauve-souris géante ou n'importe quoi d'autre d'aussi flippant peut vous tomber sur la tête à n'importe quel moment, et où les poches de radioactivité sont nombreuses, il faut l'être, chtarbé ! Ce chtarbé-là a l'occasion d'échapper à la prison, s'il convoie un lot de médocs contre la peste de L.A. à Boston, par la route 666.

La route 666, c'est la route de l'enfer, mais dans ce livre, c'est le monde entier, qui est l'enfer, de fait.
Pour ceux qui connaissent l'énorme capacité descriptive de Zelazny en peu de phrases, ils ne seront pas surpris d'apprendre que ses mots font de l'apocalypse un monde qu'on n'a pas du tout envie de connaître... C'est un petit bouquin qui illustre bien son talent, l'être humain y est décrit avec un cynisme que j'aime bien chez les auteurs, et Hell Tanner est un "héros" de son temps, violent, sans pitié et sans détour, au moins avec lui on sait à quoi s'attendre, et pour ma part j'aime bien ça. Bourré d'action (ça n'arrête pas, il n'y a pas une page sans qu'il arrive quelque chose !), il est addictif, prenant, et les revirements intérieurs de Tanner, qui pourtant ne se pose pas forcément énormément de questions, sont assez réalistes pour qu'on puisse, si ce n'est s'identifier à lui, du moins le comprendre.

J'ai passé un très bon moment et je suis resté accrochée à ce bouquin jusqu'à ce que je sache s'il arrivait au bout de cette route 666 ! Et je ne vous le dirai pas !  
Après j'en aurais bien pris un peu plus, il est vraiment très, trop court !
Commenter  J’apprécie          254
Tanner est un biker, un petit malfrat sans foi ni loi ( pas vraiment un " mad max". Mais, il doit emporter un vaccin a travers la route 666. Faites vrombrir " votre intercepteur" , sa voiture sera la seule des 3, à franchir les premiers obstacles( chauve souris géantes, gilas monstrueux...) dans un décor apocalyptique. C'est donc un CARmageddon, un vrai Car-nage, ce road movie
Commenter  J’apprécie          150
Carl-Gustav Jung croyait en la compulsion du nom, c'est-à-dire au fait qu'il y avait adéquation entre le patronyme d'un homme et son caractère...
Alors, question : que déduire du tempérament d'un homme prénommé Hell ?
Hé bien, exactement ce qu'on pourrait en attendre, un homme asocial, violent et kamikaze.

En cette période tourmentée où l'humanité s'est trouvée réduite à peau de chagrin suite à une guerre atomique, le profil de Hell Tanner est peu recherché et apprécié. Si ce n'est que son côté tête brûlée a fait de lui un conducteur de camion hors pair ; lui est allé plus loin que n'importe qui en dehors de la zone sécurisée, dans des contrées sauvages et inhospitalières.
Alors, c'est bien à lui que l'on propose le contrat suivant : convoyer depuis la nation de Californie jusqu'à Boston des caisses de vaccins pour sauver la population qui survit là-bas d'une terrible épidémie de peste. Il sera alors lavé de tous ses crimes. Mais pour y arriver, il devra emprunter la terrible route 666, la route de l'enfer…

Un roman post-apocalyptique efficace, brut de décoffrage et rythmé.
Il est assez facile de se laisser entraîner à la suite de cet individu détestable au premier abord, lancé dans son road-trip vers Boston et l'inconnu.
Pas de chapitre pour respirer, le livre happe son lecteur dès l'entame pour ne plus le lâcher, et surtout pas au milieu des chauves-souris géantes ou des tempêtes de pierres !
Alors,évidemment, on pense à Mad Max, de part l'univers décrit, le véhicule ultra blindé utilisé pour la traversée, les hordes de motards sanguinaires, et la folie du personnage principal… incroyable ce que cette nouvelle puis livre a suscité comme engouement et inspiration !

Ce ne serait pas le meilleur de Zelazny d'après les spécialistes ? Génial !
De belles lectures sf en perspective ...
Commenter  J’apprécie          133
Quel voyage ! J'en suis venue à bout sur les chapeaux de roues. le roman a apparemment inspiré les post-apos poussiéreux tels le mythique Mad Max. En effet, le livre a plus qu'il ne faut en matière de poursuites endiablées, de radiations et de créatures mutantes pour percevoir clairement les origines de tous les road-trips hallucinés dans des paysages annihilés par la guerre nucléaire.

Zelazny alterne un style très direct et un style plus profond et poétique au fil de la lecture. Son héros, Hell Tanner, est au début un homme solitaire qui a perdu foi en l'humanité. C'est contraint qu'il se lance sur la route de l'Enfer pour traverser les Etats-Unis afin de transporter des médicaments. Boston croule sous une peste. Mais alors qu'il avance, certains passages brillent par leur beauté et leur profondeur, alors que Tanner est peu à peu transformé par son voyage halluciné.

Le personnage est en lui-même une grosse réussite de ce court roman. Brutal, c'est un homme sans concession mais qui fait preuve d'une volonté de fer pour survivre dans cet univers au bord du gouffre. S'il semble être un stéréotype de solitaire sans foi ni loi, lorsqu'on se retrouve seul avec avec lui, il gagne en profondeur et nous apparaît terriblement sympathique.

Le livre transpire le sang, la poussière, la violence. La misère est partout, des créatures monstrueuses hantent les contrées centrales désertées des Etats-Unis. Chauve-souris géantes, tornades, lézards... Mais aussi les hommes eux-mêmes qui s'attaquent à tout ce qui bouge, poussé par le désespoir et l'anarchie.

En revanche, les interludes à Boston manquaient un peu de punch et n'apportent au fond pas grand chose à l'histoire. Il aurait été plus intéressant d'être laissé dans l'ignorance sur la réalité de la situation. Les lecteurs auraient sans doute été encore plus impliqués.

Une bonne lecture, rapide et pleine d'action ! La vision post-apocalyptique est très marquante, on comprend pourquoi ce livre a laissé une telle empreinte sur la production de road-trips post-apos !

Lien : https://www.lageekosophe.com
Commenter  J’apprécie          120
Un titre pareil fleure bon l'horreur satanique à deux ronds cinquante. C'est déjà mieux que la première édition française de 1974, Les culbuteurs de l'enfer, qui, elle, sentait la nique tout court.
Perdu (ou dommage, c'est selon), ni épouvante ni classé XXX. Mister Z nous embarque dans du post-apo “à la Mad Max”. Guillemets de rigueur, Route 666 est sorti dix ans avant que Mel Gibson ne taille la route à l'écran.


Damnation Alley paraît en 1967 sous forme de novella (machin flou quelque part entre la très longue nouvelle et le très court roman), avant de devenir un roman deux ans plus tard. de l'aveu de Zelazny, la première version est meilleure que la seconde.
Le bouquin a été adapté au cinéma en 1977 (Damnation Alley en VO, Les survivants de la fin du monde en VF, gros nanar dans toutes les langues), violé et transformé en film de zombie pourri en 2001 (Road 666) – faudrait être aveugle et débile pour ne pas capter où le scénariste est allé piocher son pitch…
Sans constituer un titre majeur de la biblio de Roger “Princes d'Ambre” Zelazny ni une oeuvre fondatrice du genre – on trouve déjà de l'holocauste nucléaire, de la peste et des pérégrinations routières chez Wilson Tucker dans The Long Loud Silence (1952) – Damnation Alley a marqué les esprits et la science-fiction. En vrac, la série de romans câblé de Walter Jon Williams, Fallout dans le domaine du jeu vidéo, le personnage de Snake Plissken, ainsi qu'une franchise de films qui a eu son petit succès : Mad Max. Sans parler des hordes de pillards venus picorer des idées en loucedé pour leurs romans/films/séries. On a vu pire destinée.


Le roman n'est pas exempt de défauts, à commencer par son titre français. Allusion à la route 66 qui traversait les trois quarts de l'Américanie de Santa Monica à Chicago et vice-versa, parsemée d'embûches infernales dans cet univers d'apocalypse : une highway to hell qui ferait plaisir à AC/DC. de 66 au chiffre de la Bête, il n'y a que six pas. Sauf que la traduction ne me paraît pas judicieuse et source de contresens. A l'époque où Zelazny a écrit son roman, il existait une vraie route 666 qui reliait l'Arizona, le Colorado, le Nouveau-Mexique et l'Utah. Elle a changé de nom depuis à cause de sa numérotation connotée mauvais genre. En attendant, Zelazny n'aurait pas (et n'a pas, si j'en crois le texte en VO) employé ce chiffre, qui eût été source d'erreur. Perso, quand j'ai lu la quatrième, je me suis demandé comment Hell Tanner comptait aller d'ouest en est en suivant une route orientée sud-nord.


Hell Tanner, tant qu'on en parle… Anti-héros par excellence, bad guy qui pourrait attirer la sympathie s'il n'était pas un criminel violent, trafiquant, meurtrier, violeur, tout content de posséder un poignard SS… Un CV et un casier longs comme l'organe de Siffredi. Au bout d'un moment, plus moyen de jouer sur le romantisme du Hell's Angel, motard et brigand libre comme l'air. le type est un tel fumier qu'on a envie de le voir crever au bout de dix pages… et il va falloir le supporter encore deux cents autres.
Même si on se doute que le trajet aura valeur de quête rédemptrice, comment veux-tu racheter un type pareil ? Zelazny a tellement chargé la barque d'entrée qu'il est impossible de s'identifier à Tanner. Même s'il essaye de corriger le tir et d'humaniser le personnage par la suite – thème classique de la quête, du voyage et de la route qui te transforment –, non, je n'ai jamais réussi à oublier qui il était au départ (viol et torture, hein, pas le petit délinquant au coeur d'or sous sa carapace de gros dur).


Reste enfin le cas des inserts destinés à gonfler la novella en roman. Après coup, Zelazny reconnaîtra qu'ils n'ont pas été la meilleure trouvaille de sa carrière. Il a raison, l'animal.
Ces passages situés dans la ville de destination, Boston, sont censés servir à augmenter la tension. La situation part en vrille, restera-t-il quelque chose ou quelqu'un debout quand Tanner pointera le bout du nez ? C'était la théorie… En pratique, des flashes pas utiles voire contre-productifs. D'une part, l'épopée de Tanner en devient hachée et perd en tension dramatique. D'autre part, il ne sait rien de ce qui se passe à Boston (le texte insiste assez sur l'impossibilité de communiquer à longue distance) et il aurait été plus malin de laisser le lecteur dans la même situation. L'inconnu aurait mieux valu que la dilution.


Route 666 mérite pourtant le coup d'oeil. Entre aventure et monde aussi hallucinant qu'halluciné, les qualités du texte rattrapent ses défauts. de l'action, du vroum-vroum, du pan-pan, de l'humain aussi, quelque part entre le salaire de la peur et Au coeur des ténèbres, les radiations en plus.
Le roman retranscrit la hantise nucléaire des années 50-60, époque où tout pouvait péter du jour au lendemain. le coup de gueule de trop entre Soviétiques et Américains et paf ! ça partait. Quand Zelazny écrit Damnation Alley, la crise des missiles de Cuba est encore dans toutes les mémoires (excepté celle de JFK, étalée sur le capot de sa voiture).
La thématique a nourri beaucoup d'auteurs. Il est amusant de constater avec le recul que ce qui les chagrine n'est pas tant la disparition possible de l'humanité que la fin de la civilisation organisée. La mort est moins grave que le bazar… L'humanité et son sens des priorités… C'est d'ailleurs ce qui motivera Tanner. Il n'a pas sa place parmi la société des hommes… mais encore moins parmi les chauve-souris mutantes qui peuplent les villes mortes qu'il traverse. Mû par la préservation de son petit univers à lui, du monde qu'il connaît, même s'il le déteste, vive l'altruisme…


Récit estampillé guerre froide mais pas que. Route 666 emprunte au roman de chevalerie. Tanner, chevalier noir qui aurait troqué l'armure et le palefroi pour un blouson de cuir et une moto. Un chevalier et sa monture, comme ils disent dans K2000… et “l'enfer le suivait” (ça, c'est dans la Bible, passage des Quatre Cavaliers), il ne se prénomme pas Hell pour rien. le road-trip tient de la quête arthurienne. A défaut d'apporter la lumière divine par le biais du Graal, le triste sire Tanner a pour mission de sauver, gagnant au passage le pardon pour ses crimes (au moins sur le papier).
Western aussi, avec ses grands espaces sauvages, sa version post-apo de l'attaque de diligence et son cow-boy solitaire. On retrouve le même phénomène d'inversion qu'avec le roman de chevalerie : ici, Tanner se dirige vers l'est. Western d'un nouveau genre, comme le spaghetti qui émerge à la même époque au cinéma, où il n'est plus question que le gentil shérif aux bottes immaculées fasse triompher l'ordre et la loi pour le bien commun. Tanner incarne la violence, l'amoralité, les motivations individualistes, l'absence d'attaches, la marginalité. Bref un héritier du Conan de Robert Howard, lequel n'a pas seulement fondé l'heroic-fantasy mais a aussi marqué en profondeur la notion d'anti-héros.
Héritage enfin des épopées classiques, L'Odyssée et L'Enéide, road-trips post-apo avant l'heure (des histoires de vadrouilles après la destruction totale d'une cité, ça colle à la définition). Tempêtes, tornades, pluies de rochers, zones irradiées, monstres mutants géants, char d'assaut en guise de cyclope, le menu de Route 666 n'est pas sans rappeler celui des grands chefs Homère et Virgile.


Court et pêchu, Route 666 vaut surtout pour ce qu'il y a sous le texte et en dehors. En dessous, une définition du post-apo qui ne se limite pas à la science-fiction où on a coutume de le cantonner. Genre transversal et touche-à-tout, qui tient ici autant à la SF qu'à la fantasy, au western, à l'épopée, au roman de chevalerie : une chanson de geste moderne.
En dehors, une postérité assez conséquente pour que le bouquin ait donné l'impression de fonder un genre, celui du road-trip post-apo. S'il existe des précédents qui battent cette idée en brèche, il n'en reste pas moins que Damnation Alley en est devenu le canon, donc un incontournable.
Lien : https://unkapart.fr/route-66..
Commenter  J’apprécie          100
J'ai eu du mal à rentrer dans ce roman de SF post-apocalypse.
Le héros est un gros antipathique - Hell's Angel badass en prison pour viols, meurtres, etc mais prêt à risquer sa vie pour sortir de prison et parcourir la route 666, de L.A. à Boston, dans un monde ravagé par une guerre nucléaire. Route où peu survivent, car remplie de dangers en tous genres, un vrai catalogue :))
Et puis j'ai essayé d'évacuer tout ce que cela m'évoquait (l'armée des 12 singes, Mad Max et autres) et j'ai suivi l'histoire avec de plus en plus de plaisir, malgré le côté 1er degré un peu trop présent, et quelques exagérations.
Et j'ai souri avec le dernier paragraphe (la statue).
Commenter  J’apprécie          92




Lecteurs (217) Voir plus



Quiz Voir plus

Roger Zelazny

Quelles sont ses années de naissance et de mort ?

1937-1995
1906-2011
1873-1951
1902-1973

11 questions
51 lecteurs ont répondu
Thème : Roger ZelaznyCréer un quiz sur ce livre

{* *}