Courte tranche de vie d'un moine chartreux qui sort de son cloître perché en montagne pour se rendre à Paris où sa présence est requise pour la lecture d'un testament, cette histoire est une surprise venant de Zep.
Zep, c'est surtout pour moi bien sûr le créateur du célébrissime Titeuf, donc plutôt un auteur porté sur la fantaisie, sous-tendue par un regard critique détendu sur nos sociétés. Surprise, donc.
D'autant plus que de Zep, j'avais lu mais assez peu apprécié "
Une histoire d'hommes" chez le même éditeur. Donc oui, surprise car je ne le croyais pas capable de viser aussi juste dans le genre sérieux !
Au point de vue formel on passe ici à un dessin réaliste assez fin, en ligne claire, sobre mais bien composé, avec des paysages de montagne et des compositions urbaines qui tiennent la route, même si elles souffrent un peu de la sobriété de la couleur, tout en aplats, et en monochrome dans chaque vignette. Des gris, ocre, jaune ou bleu, délibérément pâles, peu contrastés, quoique dosés pour installer quand-même de la lumière et un peu de profondeur, au besoin.
Des vignettes non cernées par un trait, ce qui, je ne sais trop pourquoi, m'a toujours un peu détrangé en BD. Peut-être parce que ça installe une ambiance de flou dans le rythme ?
Quant au contenu, il est véhiculé par un texte sobre axé sur l'introspection, la quête de sens, la relation de l'homme au mystère de son existence disons. La relation à la mort aussi bien sûr, et à ce qui lui suivra, néant ou absolu.
Même si certains éléments du scénario sont trop elliptiques, même si on aimerait en savoir plus sur le passé du moine, sur ses hésitations avant d'entrer dans les ordres par exemple, ou ce genre de choses, la profondeur de sa méditation l'amène à balancer de ci de là, tout le long du récit, quelques courtes répliques ou réflexions qui percutent, qui peuvent même être des toniques appréciables pour nous autres les gens du dehors, nous les hommes pressés de vivre et d'oublier qu'ils vont mourir.
Une bonne surprise, pour moi en tous cas !