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Critique de Eve-Yeshe


Comme dans les précédents, le roman commence sur un évènement : l'arrivée de Florent, échappé du bagne et son premier contact avec Paris, qui a beaucoup changé et sa rencontre avec sa famille et déjà, tous les personnages nous sont décrits. Ensuite, l'auteur revient sur la généalogie des protagonistes, leur histoire, ce qui sert de canevas au thème du roman.

Zola choisit de ce roman de s'intéresser au peuple avec d'un côté les commerçants nantis qui roulent sur l'or, exhibant leurs produits et leurs toilettes pour ces dames qui mangent beaucoup et sont tous « gras ». de l'autre, on a les petits, qui tirent le diable par la queue et sont bien-sûr maigres ce qui n'inspire pas confiance : ils ont forcément quelque chose à cacher.

On a donc la querelle des gras et des maigres comme on a eu la querelle des Anciens et des Modernes. En gros, il y d'un côté les « Maigres » qui ont conservé un idéal révolutionnaire et rêvent de renverser le régime, dont il faut se méfier et qui ne peuvent que disparaître et de l'autre les « Gras » qui ne pensent qu'à s'enrichir, se remplir au propre comme au figuré, profitant du système, c'est-à-dire l'Empire, les grands travaux, ici la construction des Halles.

Notre Florent est un idéaliste qui parle bien, avec des envolées presque lyriques, de la république, de l'égalité, de la révolution, mais il reste dans les idées, peu dans l'action.

Zola est sans pitié avec les commères du quartier, qui espionnent tout le monde, embellissant l'histoire chaque fois qu'elles la raconte à une autre personne, la Mère Saget, à elle seule est une horreur, une vraie caricature, toujours à l'affut, cachée derrière un mur ou observant de sa fenêtre, elle connaît tout sur tout le monde. Il fustige la calomnie, la délation et on ne peut s'empêcher de penser que ces femmes auraient fait un tabac pendant l'Occupation !

Le personnage central de roman, celui qui le fait vivre, ce sont les Halles, cette ville dans la ville, un monstre avec des tentacules, qui est le ventre de Paris, dont on entend le coeur qui pulse, ou les borborygmes de la digestion, aussi vivant donc que les protagonistes du roman. Monstre qui deviendra le pavillon Baltard.

On sent que Zola est fasciné par ce bâtiment, et ce qui se passe dans ses entrailles : on l'imagine, arpentant pendant des heures le monstre ! Ce qui se traduit par des descriptions grandioses : un florilège de couleurs, de senteurs, de sons, en égrenant toutes les variétés de légumes, de fromages, de charcuteries, de poissons et de fleurs : il est lyrique quand il nous parle de l'odeur de prune de la marchande de fruits, de son jupon qui sent la fraise, ou au contraire, l'odeur de marée de la poissonnière.

Il égratigne au passage, les dessous de cette surabondance, avec la puanteur des déchets, les caves où les animaux sont entassés, les pigeons qu'on gave. La société de consommation est déjà en place, les orgies se succèdent, de nourriture et aussi de sexe.

On croise un autre personnage, haut en couleurs, le peintre Claude Lantier que l'on retrouvera dans « L'oeuvre » et auquel on doit quelques propos très forts. C'est un ami de Florent, qui ne le suivre pas sans la politique, mais qui a bien cerné tous ces gens et leur méchanceté. Lantier qui tente de peindre le monstre et également un petit couple de tourtereaux, Cadine et Marjolin qui font partie du monstre, tant ils l'habitent, l'escaladent en tous sens.

Lantier dit fort joliment en parlant des Halles « c'est une curieuse rencontre, ce petit bout d'église encadré sous cette avenue de fonte… ». Ce qui fait penser, pour moi du moins, à une autre construction gigantesque : « Notre Dame de Paris » donc peut-être un clin d'oeil à Victor Hugo, d'autant plus qu'un des protagoniste, Marjolin fait penser à Quasimodo…

Au début ce roman m'a moins plu que les précédents par la surabondance de détails autant que de marchandises, mais je me suis accrochée et l'exercice a fini par me plaire.

Zola nous met l'eau à la bouche au début, avec cette luxuriance de descriptions mais très vite arrive l'écoeurement devant tant d'opulence. Les envolées lyriques finissent par lasser et on est bien content quand il se passe enfin quelque chose… j'ai fait une overdose de bouffe et j'ai une envie pressante de nourritures spirituelles.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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