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Citations sur Les Rougon-Macquart, tome 7 : L'Assommoir (505)

Quand j'aurai besoin de la mort, je vous l'enverrai chercher.
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Gervaise avait repris son panier. Elle ne se levait pourtant pas, le tenait sur ses genoux, les regards perdus, rêvant, comme si les paroles du jeune ouvrier éveillaient en elle des pensées lointaines d’existence.
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- Ecoutez ça, maintenant, continua Lantier. Je passe aux nouvelles de la haute. « La comtesse de Brétigny marie sa fille aînée au jeune baron de Valançay, aide de camp de Sa Majesté. Il y a, dans la corbeille, pour plus de trois cent mille francs de dentelle… »
-Qu’est-ce que ça nous fiche ! interrompit Bibi-la-Grillade. On ne leur demande pas la couleur de leur chemise… La petite a beau avoir de la dentelle, elle n’en verra pas moins la lune par le même trou que les autres.
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Un prêtre vint à grandes enjambées, l’air maussade, la face pâle de faim, précédé par un clerc en surplis sale qui trottinait. Il dépêcha sa messe, mangeant les phrases latines, se tournant, se baissant, élargissant les bras, en hâte, avec des regards obliques sur les mariés et sur les témoins. Les mariés, devant l’autel, très embarrassés, ne sachant pas quand il fallait s’agenouiller, se lever, s’asseoir, attendaient un geste du clerc. Les témoins, pour être convenables, se tenaient debout tout le temps ; tandis que maman Coupeau, reprise par les larmes, pleurait dans le livre de messe qu’elle avait emprunté à une voisine. Cependant, midi avait sonné, la dernière messe était dite, l’église s’emplissait du piétinement des sacristains, du vacarme, des chaises remises en place. On devait préparer le maître-autel pour quelque fête, car on entendait le marteau des tapissiers clouant des tentures. Et, au fond de la chapelle perdue, dans la poussière d’un coup de balai donné par le bedeau, le prêtre à l’air maussade promenait vivement ses mains sèches sur les têtes inclinées de Gervaise et de Coupeau, semblait les unir au milieu d’un déménagement, pendant une absence du bon Dieu, entre deux messes sérieuses. Quand la noce eut de nouveau signé sur un registre, à la sacristie, et qu’elle se retrouva en plein soleil, sous le porche, elle resta un instant là, ahurie et essoufflée d’avoir été menée au galop. – Voilà ! dit Coupeau, avec un rire gêné. Il se dandinait, il ne trouvait rien de rigolo. Pourtant, il ajouta : – Ah bien ! ça ne traîne pas. Ils vous envoient ça en quatre mouvements… C’est comme chez les dentistes : on n’a pas le temps de crier ouf ! ils marient sans douleur. – Oui, oui, de la belle ouvrage, murmura Lorilleux en ricanant. Ça se bâcle en cinq minutes et ça tient bon toute la vie…
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On bouleversait le quartier, cette année-là. On perçait le boulevard Magenta et le boulevard Ornano, qui emportaient l’ancienne barrière Poissonnière et trouaient le boulevard extérieur. C’était à ne plus s’y reconnaître. Tout un côté de la rue des Poissonniers était par terre. Maintenant, de la rue de la Goutte-d’Or, on voyait une immense éclaircie, un coup de soleil et d’air libre ; et, à la place des masures qui bouchaient la vue de ce côté, s’élevait, sur le boulevard Ornano, un vrai monument, une maison à six étages, sculptée comme une église, dont les fenêtres claires, tendues de rideaux brodés, sentaient la richesse. Cette maison-là, toute blanche, posée juste en face de la rue, semblait l’éclairer d’une enfilade de lumière. Même, chaque jour, elle faisait disputer Lantier et Poisson. Le chapelier ne tarissait pas sur les démolitions de Paris ; il accusait l’empereur de mettre partout des palais, pour renvoyer les ouvriers en province ; et le sergent de ville, pâle d’une colère froide, répondait qu’au contraire l’empereur songeait d’abord aux ouvriers, qu’il raserait Paris, s’il le fallait, dans le seul but de leur donner du travail. Gervaise, elle aussi, se montrait ennuyée de ces embellissements, qui lui dérangeaient le coin noir de faubourg auquel elle était accoutumée. Son ennui venait de ce que, précisément, le quartier s’embellissait à l’heure où elle-même tournait à la ruine. On n’aime pas, quand on est dans la crotte, recevoir un rayon en plein sur la tête.
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– Ça vous connaît, hein ? répétait madame Boche. Vous étiez blanchisseuse dans votre pays, n’est-ce pas, ma petite ? Gervaise, les manches retroussées, montrant ses beaux bras de blonde, jeunes encore, à peines rosés aux coudes, commençait à décrasser son linge. Elle venait d’étaler une chemise sur la planche étroite de la batterie, mangée et blanchie par l’usure de l’eau ; elle la frottait de savon, la retournait, la frottait de l’autre côté. Avant de répondre, elle empoigna son battoir, se mit à taper, criant ses phrases, les ponctuant à coups rudes et cadencés. – Oui, oui, blanchisseuses… À dix ans… Il y a douze ans de ça… Nous allions à la rivière… Ça sentait meilleur qu’ici… Il fallait voir, il y avait un coin sous les arbres… avec de l’eau claire qui courait… Vous savez, à Plassans… Vous ne connaissez pas Plassans ?… près de Marseille ? – C’est du chien, ça ! s’écria madame Boche, émerveillée de la rudesse des coups de battoir. Quelle mâtine ! elle vous aplatirait du fer, avec ses petits bras de demoiselle !
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Quand le brancard arriva enfin, et qu’on parla de partir pour l’hôpital, elle se releva, en disant violemment : – Non, non, pas à l’hôpital !… Nous demeurons rue Neuve de la Goutte-d’Or. On eut beau lui expliquer que la maladie lui coûterait très cher, si elle prenait son mari chez elle. Elle répétait avec entêtement : – Rue Neuve de la Goutte-d’Or, je montrerai la porte… Qu’est-ce que ça vous fait ? J’ai de l’argent… C’est mon mari, n’est-ce pas ? Il est à moi, je le veux. Et l’on dut rapporter Coupeau chez lui. Lorsque le brancard traversa la foule qui s’écrasait devant la boutique du pharmacien, les femmes du quartier parlaient de Gervaise avec animation : elle boitait, la mâtine, mais elle avait tout de même du chien ; bien sûr, elle sauverait son homme, tandis qu’à l’hôpital les médecins faisaient passer l’arme à gauche aux malades trop détériorés, histoire de ne pas se donner l’embêtement de les guérir.
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C’était un immense hangar, à plafond plat, à poutres apparentes, monté sur des piliers de fonte, fermé par de larges fenêtres claires. Un plein jour blafard passait librement dans la buée chaude suspendue comme un brouillard laiteux. Des fumées montaient de certains coins, s’étalant, noyant les fonds d’un voile bleuâtre. Il pleuvait une humidité lourde, chargée d’une odeur savonneuse, une odeur fade, moite, continue ; et, par moments, des souffles plus forts d’eau de javelle dominaient. Le long des batteries, aux deux côtés de l’allée centrale, il y avait des files de femmes, les bras nus jusqu’aux épaules, le cou nu, les jupes raccourcies montrant des bas de couleur et de gros souliers lacés. Elles tapaient furieusement, riaient, se renversaient pour crier un mot dans le vacarme, se penchaient au fond de leurs baquets, ordurières, brutales, dégingandées, trempées comme par une averse, les chairs rougies et fumantes. Autour d’elles, sous elles, coulait un grand ruissellement, les seaux d’eau chaude promenés et vidés d’un trait, les robinets d’eau froide ouverts, pissant de haut, les éclaboussements des battoirs, les égouttures des linges rincés, les mares où elles pataugeaient s’en allant par petits ruisseaux sur les dalles en pente. Et, au milieu des cris, des coups cadencés, du bruit murmurant de pluie, de cette clameur d’orage s’étouffant sous le plafond mouillé, la machine à vapeur, à droite, toute blanche d’une rosée fine, haletait et ronflait sans relâche, avec la trépidation dansante de son volant qui semblait régler l’énormité du tapage.
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On doit se pardonner entre soi, n'est-ce pas, si l'on ne veut pas vivre comme des sauvages.
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"Qu'elle se couche dans mon lit, murmura-t-il. Elle aura de la place,"
Nana leva sur sa mère ses grands yeux clairs, en prenant son air bête, son air de jour de l'an, quand on lui donnait des pastilles de chocolat. Et on eût pas besoin de la pousser, bien sûr ; elle trotta en courte chemise de nuit, ses orteils effleurant à peine le carreau ; elle se glissa comme une couleuvre dans le lit, qui était encore tout chaud, et s'y tint allongée, son corps fluet sous les couvertures.
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