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Citations sur Les Rougon-Macquart, tome 9 : Nana (289)

Ma fille, où il y a des femmes, il y a des claques. C'est Napoléon qui a dit ça, je crois... Lave-toi avec de l'eau salée. Excellent, l'eau salée, pour ces bobos. Va, tu en recevras d'autres, et ne te plains pas, tant que tu n'auras rien de cassé...
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Cependant, dans son luxe, au milieu de cette cour, Nana s’ennuyait à crever. Elle avait des hommes pour toutes les minutes de la nuit, et de l’argent jusque dans les tiroirs de sa toilette, mêlé aux peignes et aux brosses ; mais ça ne la contentait plus, elle sentait comme un vide quelque part, un trou qui la faisait bâiller. Sa vie se traînait inoccupée, ramenant les mêmes heures monotones. Le lendemain n’existait pas, elle vivait en oiseau, sûre de manger, prête à coucher sur la première branche venue.
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Chez les ivrognes des faubourgs, c'était par la misère noire, le buffet sans pain, la folie de l'alcool vidant les matelas, que finissent les familles gâtées. Ici, sur l'écroulement de ces richesses, entassées et allumées d'un coup, la valse sonnait le glas d'une vieille race, pendant que Nana, invisible, épandue au-dessus du bal avec ses membres souples, décomposait ce monde, le pénétrait du ferment de son odeur flottant dans l'air chaud, sur le rythme canaille de la musique.
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Elle portait une éternelle robe noire déteinte, et sur son corsage plat et sans sexe, une forêt d'épingles étaient piquées, à la place du cœur.
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Et, quant aux dames, elles se tenaient très bien. Quelques-unes, Blanche, Léa, Louise, étaient venues décolletées ; seule, Gaga en montrait peut-être un peu trop, d’autant plus qu’à son âge elle aurait mieux fait de n’en pas montrer du tout.
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Dès ce second acte, tout lui fut permis, se tenir mal en scène, ne pas chanter une note juste, manquer de mémoire ; elle n’avait qu’à se tourner et à rire, pour enlever les bravos. Quand elle donnait son fameux coup de hanche, l’orchestre s’allumait, une chaleur montait de galerie en galerie jusqu’au cintre. Aussi fut-ce un triomphe, lorsqu’elle mena le bastringue. Elle était là chez elle, le poing à la taille, asseyant Vénus dans le ruisseau, au bord du trottoir. Et la musique semblait faite pour sa voix faubourienne, une musique de mirliton, un retour de foire de Saint-Cloud, avec des éternuements de clarinette et des gambades de petite flûte.
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Voilà ce qu’elle pensait de la société ! C’était sa revanche, une rancune inconsciente de famille, léguée avec le sang.
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Alors, en écoutant le rouge-gorge, tandis que le petit se serrait contre elle, Nana se souvint. Oui, c’était dans des romances qu’elle avait vu tout ça. Autrefois, elle eût donné son cœur, pour avoir la lune ainsi, et des rouges-gorges, et un petit homme plein d’amour. Mon Dieu ! elle aurait pleuré, tant ça lui paraissait bon et gentil ! Bien sûr qu’elle était née pour vivre sage. Elle repoussait Georges qui s’enhardissait.
– Non, laisse-moi, je ne veux pas… Ce serait très vilain, à ton âge… Écoute, je resterai ta maman.
Des pudeurs lui venaient. Elle était toute rouge. Personne ne pouvait la voir, pourtant ; la chambre s’emplissait de nuit derrière eux, tandis que la campagne déroulait le silence et l’immobilité de sa solitude. Jamais elle n’avait eu une pareille honte. Peu à peu, elle se sentait sans force, malgré sa gêne et ses révoltes. Ce déguisement, cette chemise de femme et ce peignoir, la faisaient rire encore. C’était comme une amie qui la taquinait.
– Oh ! c’est mal, c’est mal, balbutia-t-elle, après un dernier effort.
Et elle tomba en vierge dans les bras de cet enfant, en face de la belle nuit.
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Elle adorait le passage des Panoramas. C’était une passion qui lui restait de sa jeunesse pour le clinquant de l’article de Paris, les bijoux faux, le zinc doré, le carton jouant le cuir. Quand elle passait, elle ne pouvait s’arracher des étalages, comme à l’époque où elle traînait ses savates de gamine, s’oubliant devant les sucreries d’un chocolatier, écoutant jouer de l’orgue dans une boutique voisine, prise surtout par le goût criard des bibelots à bon marché, des nécessaires dans des coquilles de noix, des hottes de chiffonnier pour les cure-dents, des colonnes Vendôme et des obélisques portant des thermomètres. Mais, ce soir-là, elle était trop secouée, elle regardait sans voir. Ça l’ennuyait, à la fin, de n’être pas libre ; et, dans sa révolte sourde, montait le furieux besoin de faire une bêtise.
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Et, sans une goutte de sueur, madame Jules attendait de son air raide, tandis que Satin, étonnée dans son vice de voir un prince et des messieurs en habit se mettre avec des déguisés après une femme nue, songeait tout bas que les gens chic n’étaient déjà pas si propres.
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