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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« du fil, du sang et des mots. Il n'en faut pas plus pour faire disparaître le corps d'une fille. La dématérialiser d'un coup, un seul. Net et sec. Une entaille. Et le liquide qui coule, tout naturellement, dans une odeur de femmes et de secret. »


Écrit comme un roman, nous comprenons que Par le fil, je t'ai cousue raconte l'enfance de Fawzia Zouari. La fillette habite un village de Tunisie, Ebba, dans lequel la modernité s'invite. le pays a obtenu son indépendance et les colons français sont partis. Une partie des habitants s'en réjouit, l'autre le regrette. C'est dans ce contexte que Bourguiba a rendu l'école obligatoire pour les filles. La narratrice a été témoin du chagrin de ses soeurs, lorsqu'elles ont dû quitter l'école. Lorsqu'elle a l'âge de l'instruction, elle comprend qu'elles ont été sacrifiées. Elle perçoit, également, que pour garder ce privilège, elle doit s'effacer, il ne faut pas qu'on la remarque. le regard masculin ne doit pas se poser sur elle, alors qu'elle grandit. Son esprit ne peut s'ouvrir que si son corps disparaît. Sa mère, écrasée par le poids des traditions, surveille ses filles de très près et est très soupçonneuse.


L'auteure raconte sa perception des bouleversements que son village a vécus : l'arrivée de la télévision, du cinéma, l'émancipation féminine dans les villes, l'école pour les filles et l'ouverture sur le monde, ces changements refusés par sa maman. Elle décrit la claustration, les sortilèges, les menaces et les secrets. Elle explique le poids de la religion et de l'image de la femme, les coutumes, l'éducation et l'impact sur sa vie de femme libre, qui vit, maintenant, en France. Pour gagner cette indépendance, elle a dû batailler et a bénéficié du soutien de son papa, qui croyait au savoir. Dans un climat de soumission à l'homme, c'est lui qui lui a ouvert les portes du monde, quand les femmes voulaient lui interdire.


De nombreux thèmes sont abordés dans ce roman. Fawzia Zouari relate ses souvenirs d'enfance, tels qu'elle les a ressentis. Sa curiosité et son envie d'émancipation se sont heurtées au carcan traditionnel ; elle a entrevu un avenir différent de celui que sa famille lui offrait, sans savoir, réellement, ce que cela impliquait. L'habitude des règles strictes lui a permis de s'ouvrir encore plus, quand la liberté s'est présentée. J'ai été touchée par le destin qui l'attendait et que tant de femmes subissent encore. J'ai entrevu les méthodes d'asservissement de la femme et j'ai souffert pour celles qui en sont les victimes. En raison de la multitude de sujets, la situation est décrite dans tous ses aspects. La réalité peinte est multiple et complète. Aussi, ce roman montre la difficulté pour la faire évoluer, mais est aussi, un message d'espoir, en raison du parcours de l'auteure.


J'ai été très touchée par ce livre. Par le fil je t'ai cousue est un roman puissant sur la condition féminine et la liberté offerte par l'instruction. L'analyse de la fillette est fine et émouvante, en raison du mélange d'innocence et de lucidité.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Un roman intime où l'autrice se livre sur son enfance en Tunisie, dans le petit village d'Ebba. Dans les années 60, le destin semble être le même pour toutes les filles : l'école pour quelques temps mais ensuite elles doivent rester à la maison pour aider leurs mères et surtout pour ne pas faire honte à la famille en se rapprochant des garçons. C'est le lot des soeurs aînés de Fawzia, mais son père est bien décider à ce que sa cadette fasse des études et tient tête à sa femme. Sous l'ère du régime de Bourguiba, les choses changent, les jeunes filles s'émancipent, les études leur ouvre les bras mais les familles, surtout les mères, craignent cette émancipation.

Dans ce livre, l'autrice aborde d'autres thèmes forts :  les coutumes et les croyances millénaires , la famille, le mariage arrangé (ou forcé), le poids de la religion, l'arrivée de la télévision dans cette campagne rurale, le départ des français, la place des femmes et des jeunes filles dans cette société patrarcal......
Ce fut pour moi  une lecture douce et poétique qui m'a amenée dans les souvenirs de Fawzia Zaouri. Une jeune femme marquée à jamais par l'éducation de sa mère.
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L'histoire de Fawzia, gamine, qui va suivre ses études dans une ville à 30 km de chez elle. Sa mère, femme à l'ancienne, craint pour sa fille, et va la coudre, pour la protéger des hommes.
Son père croit au savoir et laisse sa fille partir.
On y découvre également les us et coutumes dans cette Tunisie des années 60. On voit que certains habitants ne sortent pas de leurs villages et sont étonnés par des nouveautés comme la TV et les piscines.
Fawzia est venue en France et est devenue mère. Elle se rend compte du fossé qu'il existe entre sa jeunesse et celle de sa fille. L'émancipation s'est créée au fil des ans.

C'est une histoire qui se lit bien et qui est plutôt intéressante.
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Dans ce récit, l'auteure nous raconte son enfance dans un village tunisien Ebba pendant les années 50-60. Ce roman autobiographique installe toute une atmosphère, met en scène différents personnages, décrit une famille musulmane aussi qui vit sous le poids de traditions séculaires. Les filles payent au prix fort le droit d'exister dans cette société patriarcale où même les femmes entretiennent le poids du passé, la soumission aux hommes.
Bagassa grandira sous l'autorité intraitable d'une mère. Elle ne s'affranchira qu'au prix de voir disparaître son corps.
Ce beau récit est aussi une peinture de la Tunisie rurale du siècle dernier, des années Bourguiba, de la condition féminine qui doit s'effacer pour laisser à l'homme toute sa place. Au fur et à mesure, on pressent pourtant que l'émancipation est en route. L'auteure qui poursuivra sa vie ailleurs nous lègue ici une partie de sa mémoire. Des pages pour ne pas oublier ces femmes du silence.

#GRANDPRIXDESLECTEURSPOCKET
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