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Critique de Aline1102


Le narrateur, dont on ne connaît pas le nom, séjourne dans une petite pension voisine d'un grand hôtel de la Côté d'Azur, lorsque celui-ci est le théâtre d'un drame conjugal retentissant. Mme Henriette, l'épouse d'un homme d'affaires, s'est enfuie avec un jeune homme alors que tout laisse à penser qu'elle ne l'a jamais rencontré avant leur séjour commun à l'hôtel. Cette fuite, très discutée le lendemain, fait l'objet de vifs affrontements à la table de notre narrateur, puisque ce dernier défend bec et ongles le comportement de Mme Henriette contre les deux couples qui partagent sa table, lesquels refusent de croire au « coup de foudre » d'une femme qui, visiblement, s'ennuyait dans son couple.

Mrs C... une autre compagne de table du narrateur, semble plus qu'intéressée par sa position. Cette vieille anglaise très distinguée apprenant que notre narrateur va quitter la pension, décide de lui confier un secret. Elle veut lui parler d'une période de vingt-quatre heures qui a agité sa vie de femme quelques vingt années plus tôt, au cours de laquelle elle s'est enflammée pour un jeune homme de l'âge de son fils qu'elle n'avait, jusqu'alors, jamais encore rencontré...


J'ai trouvé de grandes similitudes entre ce court roman et le Joueur d'échecs, puisque le jeune homme rencontré ici par Mrs C... est obsédé par une passion qui le consume petit à petit. Ici, il s'agit de la passion du jeu.

Le suspense est tout aussi psychologique que dans le Joueur d'échecs puisque, tout au long du roman, la question principale est de savoir si Mrs C... va parvenir à sauver son jeune compagnon de cette obsession qui le ronge. Mrs C... essaye, allant jusqu'à lui prêter de l'argent pour qu'il rentre chez lui et oublie le casino de Monte-Carlo, où il est en train de perdre non seulement toute sa fortune, mais également sa raison. Mais la sollicitude et la passion de Mrs C..., jeune veuve de quarante-deux ans, suffiront-elles à sauver le jeune homme ?

J'ai été particulièrement frappée par le contraste entre la Mrs C... qui raconte son histoire au narrateur et celle qui vécut cette aventure au casino de Monte-Carlo. La première nous est décrite comme une femme d'une élégance discrète et de bon ton par le narrateur ; la seconde, racontée par elle-même, est une femme agitée par un océan d'émotions : le désespoir de son veuvage et la violence de la passion après sa rencontre avec ce jeune homme. Il est difficile d'imaginer cette vieille dame si digne amoureuse d'un homme de près de vingt ans son cadet et pourtant, c'est bien ce qu'il lui est arrivé... C'est toute son éducation, toute sa vie passée que Mrs C... est prête à remettre en question et à oublier pour un homme avec lequel elle ne passera que quelques heures.

Les descriptions de Zweig sont très précises et nous plongent sans pitié dans l'intensité du récit dans le récit qui, malgré sa brièveté, se révèle particulièrement puissant. L'auteur se lance, notamment, dans une description des mains du jeune homme lorsqu'il joue à la roulette et ces quelques pages permettent de comprendre, déjà, à quel point le récit des vingt-quatre heures de la vie de Mrs C. va être agité...

Vingt-quatre heures peuvent-elles changer toute une vie ? Après avoir lu ce récit de Zweig, on ne peut que répondre par l'affirmative.
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