De Kasteelmoord

××××××× LE MEURTRE DU CHÂTEAU ×××××××

Le meurtre au Château de Wingene en Flandre-Occidentale du 31 janvier 2012 est incontestablement l'affaire criminelle qui pendant 10 ans a dominé la presse de mon pays. le mois dernier, une série en 4 épisodes en a été lancée sur la télévision flamande (VTM), réalisée d'ailleurs avec la participation de l'auteur du present ouvrage.

Faroek Özgünes, né à Ankara en 1963, est un journaliste d'investigation et présentateur à la télévision belge flamande qui s'est spécialisé dans des dossiers de justice.

Comme il est peu probable que cet ouvrage soit traduit en Français, je ne crois pas avoir à craindre de dévoiler de trop et ainsi de pouvoir vous présenter un synopsis de cette affaire, tout en prévenant les personnes désireuses de suivre la série télévisée.

La considérable couverture médiatique s'explique par certaines caractéristiques de cette affaire : la disparition d'abord et découverte ensuite du corps d'un jeune châtelain, époux d'une doctoresse généraliste appréciée et père de 4 enfants ; le recours dans cette Flandre paisible au service de tueurs à gages étrangers ; la complexité de l'enquête policière et la délicatesse de la coopération policière transfrontalière et finalement le jeu discutable de certains avocats obsédés par leur rôle de vedette, ce qui a ralenti les séances judiciaires d'un dossier qui comptait plus de 60.000 pages.

À l'origine du drame il y a le caractère fantasque de la victime, qui s'était acheté un splendide château de 1883 (voire la photo de couverture) pour 1,6 million d'euros et contracté un emprunt bancaire de 1,43 million euros. Une dette qui s'ajoutait aux multiples autres. Au moment de sa disparition, Stijn Saelens devait en outre faire face à 15 litiges pour délits de paiement. L'homme avait pourtant de grandioses projets jusqu'au bout du monde.

Ce sont finalement son intention de partir avec femme et enfants en Australie pour y mener une nouvelle existence et un geste déplacé envers sa fille de 5 ans et demi qui ont provoqué la colère et l'initiative fatale de son beau-père, le docteur André Gyselbrecht.

Pour protéger sa fille et petits-enfants, il s'est adressé à un patient et ami au casier judiciaire lourd, Pierre Sery, pour lui trouver quelques volontaires qui passeraient son beau-fils à tabac. Un pote à Sery, Evert de Clercq, avait dans ce but mobilisé 2 Tchétchènes. Après que cette expédition punitive s'était soldée par un échec, André Gyselbrecht a décidé de faire appel à des tueurs à gages pour tuer son beau-fils.

C'est alors que le criminel néerlandais, Ron van Bommel, assisté par son neveu, Roy Larmit, ont assassiné Stijn Saelens dans son château à coup de revolver et fait disparaître son corps.

Relativement vite le dr. André Gyselbrecht et Pierre Sery ont été arrêtés puis relâchés faute de preuves.

Ce n'est que 6 ans après les faits, que la cour de première instance de Bruges a condamné, le 18 avril 2018, André Gyselbrecht à 27 ans, Pierre Sery à 21, Evert de Clercq à 27 et Roy Larmit à 15 ans de prison. L'exécuteur lui-même, Ron van Bommel était entretemps décédé d'un cancer des poumons.
En deuxième instance à Gand, le 6 mai 2019, les peines de prison furent réduites pour Gyselbrecht de 6 ans, Sery de 2 et de Clerq de 7 ans.

J'ai apprécié le sérieux et la sérénité de l'approche par Faroek Özgünes d'une affaire particulièrement ténébreuse.