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5 livres recommandés par Mickaël Brun-Arnaud, auteur jeunesse
Découvrez les coups de cœur littéraires du romancier

Article publié le 27/11/2023 par Nathan Lévêque

 

Après Sophie Fontanel et Laetitia Lajoinie, voici quelques nouvelles recommandations littéraires que nous avons rapportées de la Foire du Livre de Brive, dont nous étions une fois de plus partenaires cette année. Au cours de sa très longue tournée de dédicaces française et européenne, Mickaël Brun-Arnaud a fait escale à Brive où des centaines de lecteurs et lectrices l'attendaient de pied ferme. L'occasion, à quelques jours de l'ouverture du 39e Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil, de découvrir la bibliothèque idéale d'une plume nouvelle, mais déjà incontournable, de la littérature jeunesse.

 


Si le nom de  Mickaël Brun-Arnaud ne vous est pas inconnu, c'est peut-être parce que vous faites partie de ses quelque 2000 lecteurs sur Babelio qui notent ses livres en moyenne plus de 4,5 étoiles sur 5. Ou alors avez-vous entendu parler des Mémoires de la forêt lorsqu'il a reçu le Prix Babelio Jeunesse en 2022 ? En tout cas, si vous n'avez pas encore pris le temps de plonger dans l'univers plein de douceur, d'émotions et d'aventures intimes qui est le sien, peut-être que ces recommandations littéraires, aussi éclectiques que personnelles, vous permettront de le connaître un peu mieux.

 

Des recommandations qu'il nous a livrées avec générosité, la même qui animait son quotidien de libraire puisqu'il a fondé en 2018 à Paris la librairie Le Renard Doré, spécialisée dans le manga et la culture japonaise. Après des études de psychologie, un travail à l’hôpital durant dix ans dans l’accompagnement de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et de maladies neuro-évolutives, une aventure entrepreunariale avec la librairie, le voici donc écrivain pour la jeunesse... mais pas que. Mémoires de la forêt vient d'être adapté en série audio ! Et en attendant de l'écouter raconter des histoires, venez écouter ses conseils de lecture...

 

 
Diane Setterfield, Il était un fleuve
Pocket, 538 pages, 9,20 €

 

 

« L'histoire prend place au bord de la Tamise, au XIXe siècle, à un endroit où des conteurs aiment, autour d'un verre, raconter des histoires aux gens qui passent. Jusqu'au jour où l'histoire vient à eux parce qu’ils repêchent un corps, celui d’une jeune fille, qui glisse le long de la rivière. À partir de ce moment-là, tout le monde va vouloir s'approprier le corps. Un couple va dire qu’il s’agit de leur enfant disparu depuis des siècles, quelqu'un d'autre va dire que c'est sa fille, etc.


Dans ce livre, que j’ai lu en anglais, c’était la première fois que je lisais autant de fois le mot "storyteller" [NDLR : "raconteur d’histoires" en français]. Et c’est ce que je veux faire dans la vie : conteur. Ce livre m’a appris que pour écrire un livre, il faut avoir une voix, et cette voix, tu dois la trouver, même si tu commences à écrire tardivement. Alors quand j'ai écrit mon premier roman, j'ai cherché ma voix et je pense que ce livre m'a montré ce que c’est que (ra)conter une histoire. En plus, c'est une histoire magnifique sur la frontière entre le réel et l'irréel. Je ne suis pas un grand lecteur d'imaginaire, mais j’adore quand le fantastique vient s'insinuer un tout petit peu dans une histoire réaliste, je trouve ça beau. Et de manière générale, je conseille tout Diane Setterfield ! »



Larry McMurtry, Lonesome Dove - Intégrale       
Gallmeister, 5 tomes, traduit de l'anglais par Richard Crevier, 3 248 pages, 65 €

 

« C'est une épopée, un western ! On y suit des éleveurs du Texas qui essaient de survivre et qui ont l’idée un peu folle d'emmener leur bétail jusqu'au Montana, parce qu'on dit que c'est une terre de richesses et d'abondance, et que tous les éleveurs pourront y faire fortune. C’est donc l'histoire de deux copains qui vont louer une petite équipe de bras cassés pour traverser le pays.


C'est une véritable chronique de l’Ouest ! Une des premières chroniques de voyage que j'ai lues et c'est là que j'ai appris, en tant que lecteur et en tant qu'écrivain, l'importance du voyage et son influence. Ici, les personnages sont taiseux. Les cowboys, ça se dévoile pas vraiment. Mais c'est extraordinaire, parce que c’est dans leurs actions qu’ils arrivent à se dévoiler, ce qui les rend très touchants. Il y a aussi de magnifiques personnages féminins, notamment Clara, qui est pour moi l’un des plus beaux personnages de la littérature. C'est un personnage d'aidant et je pense qu’elle m'a beaucoup inspiré, notamment lorsque j’ai écrit une histoire sur la maladie d'Alzheimer, [NDLR : Mémoires de la forêt, tome 1]. J’ai lu toute la saga très, très vite ! »



Anne Perry, William Monk 
10-18, 24 tomes, traduit de l'anglais par Roxanne Azimi, 416 pages pour le tome 1, 8,60 €


« En ce moment, je suis hypnotisé par Anne Perry. Je suis un grand lecteur de polar parce que je trouve que ce sont de grandes leçons de narration, je m'en inspire même pour écrire de la littérature jeunesse. J'adore écrire de la "littérature à secret", j’aime le fait de lire la quatrième de couverture d’un livre et d’avoir envie de rentrer dedans parce que tu sais que quelque chose t'attend, quelque chose qui ne te sera pas révélé tout de suite... Chacun de mes tomes de Mémoires de la forêt est donc une enquête, entre passé et présent.


Cette série de polars victoriens nous emmène en 1861 auprès de William Monk, un détective amnésique. Ce personnage est génial parce qu’il évolue dans le monde amputé d'une partie de sa personnalité, de sa mémoire. Mais on comprend très rapidement que ce n'est pas plus mal, parce que l'homme qu'il était ne lui plaît pas aujourd'hui. Anne Perry avait un talent incroyable pour reconstruire une atmosphère. Chaque mot est empli d'une grande sensorialité, que ce soit dans la beauté d'un salon bourgeois – où tu as des odeurs de poudre, de champagne ou de bons petits plats –, ou que ce soit dans la laideur quand tu es dans les rues malfamées de Londres et que tu vois les rats et les égouts. Elle est vraiment maîtresse de sa narration, elle la tient bien et ne se répète pratiquement pas, ce qui est très difficile.


Cette série, je pense qu'il faut la lire pour l'ambiance. Quand j’ouvre ce livre, je suis ailleurs, je me retrouve dans l'Angleterre victorienne. Cela m’inspire aussi en tant qu'écrivain, j’essaie de récupérer chaque sens dans l'écriture pour qu'on puisse, à la simple évocation de mots, ressentir, sentir, entendre, voir… »



Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray      
Le Livre de Poche, traduit de l'anglais par Vladimir Volkoff, 256 pages, 3,30 €

 

 

« Impossible de ne pas citer ce roman. Je pense que c'est mon livre préféré depuis très très longtemps. Je le trouve beau pour plein de raisons. Déjà, la première scène est fascinante. Ensuite, les descriptions d'Oscar Wilde sont absolument sublimes. C'est d’ailleurs ce qui fait que beaucoup de gens ont stoppé leur lecture du roman. Tu as vraiment une super histoire, et au milieu, les errances de Dorian Gray, qui appréhende et comprend cette espèce d'immortalité, cette beauté éternelle qui va le lancer dans une quête de plaisir(s) pendant des années. Il y a toute une partie descriptive que je trouve sublime, mais qui est longue et peut rebuter certains lecteurs. 

 

Personnellement, j'adore ce genre d'histoires. Encore une fois, on a une toute petite touche d'imaginaire qui infuse le réel : cet homme qui ne vieillit pas et le tableau qui vit à sa place. Finalement, c'est aussi une grande leçon d'humilité et l’incroyable quête de quelque chose qui n’existe pas. Comme le Conte de Noël de Dickens, on est devant une sorte de conte de désillusions, un conte cruel. »

 

Takuto Kashiki, Minuscule
Komikku, traduit du japonais par Fédoua Lamodière, 11 tomes, 205 pages pour le tome 1, 8,50 €

 

 

« Ce manga a changé ma vie. Quand je le lis, en 2014, je comprends que les mangas que je lisais ado ont d'autres choses à m’offrir. Minuscule, c’est mon manga de transition, c'est le manga qui fait que je reprends, que je retombe dedans en 2014, c’est le livre qui fait que, l’année d’après, 95 % de mes lectures sont des mangas. Je commence alors à acheter énormément, énormément de livres qui m’entraînent, quatre ans plus tard, à ouvrir ma librairie. Tout a commencé par ce manga, qui est une simple tranche de vie à hauteur d’insectes, et me fait comprendre qu’il y a autre chose que le shônen, qu'un monde merveilleux s'offre à moi.


Il s’agit d’une tranche de vie adorable, de rencontres extraordinaires avec la nature et avec le monde animal. Et c'est aussi un recueil d’histoires tendrement humaines avec des moments de résilience et des personnages qui vont faire face au deuil – au deuil de soi, au deuil des autres. On y trouve des moments qui parlent d’humanité, des moments tendres, des moments doux. Et c'est aussi ça, la littérature : chercher des refuges. C’est un vrai chef-d'œuvre. J’ai trois tomes en attente de lecture mais je me refuse à les lire, parce que je sais que c'est tellement précieux, que je n’aurai pas l’occasion de les découvrir deux fois dans ma vie, alors je me les garde pour des moments où j'en aurai besoin. C'est une œuvre précieuse pour tous ces aspects. »


 


Merci à Mickaël Brun-Arnaud d'avoir pris le temps de nous répondre !

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