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3.9/5 (sur 5 notes)

Nationalité : Royaume-Uni
Né(e) le : 23/04/1949
Biographie :

Il est professeur à Oxford.
Il enseigne l'économie et la politique publique.

Source : Le Soir et Wikipédia
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
En Europe, jusqu'à une période récent, la tendance dominante parmi les élites politiques consistait à épouser le multiculturalisme, interprété comme le droit à un séparatisme culturel permanent. Ce dogme et les politiques qu'il préconisait répondaient à la préférence pour le séparatisme culturel affirmée par diverses communautés d'immigrés, et la légitimaient. Ainsi, la répartition spatiale des lieux où résident les immigrés constitue-t-elle une manifestation objective du séparatisme.
[...]
Le recensement de 2011 a révélé que les autochtones britanniques étaient devenus minoritaires dans leur propre capital. L'importance de cette concentration se vérifie également dans les centres-villes. Selon un indices de ségrégation, sur 36 groupement communautaires en Europe, les Bangladais de Bradford composent la population la plus concentrée sur le plan spatial.
[...]
Le séparatisme s'exprime aussi dans les pratiques culturelles, quoique sous une forme moins aisée à évaluer. Cette tendance, qui ne caractérise pas tous les courants migratoires, a peut-être plus à voir avec l'essor du fondamentalisme islamiste qu'avec les politiques d'accueil. On observe par exemple que les musulmans français de la seconde génération sont moins enclins que leurs parents à inscrire leurs enfants dans les cantines scolaires. Les Britanniques d'origine bangladaise adoptent de plus en plus le voile intégral, alors qu'au Bangladesh lui-même les femmes ne le portent pas : dans ce cas il est clair que les immigrés ne s "accrochent" pas à des pratiques de leur société d'origine mais affirment leur différences avec la population indigène. En Grande-Bretagne, cette séparation culturelle a conduit à une suggestion émise par l’archevêque de Canterbury lui-même : la nécessité parlementaire d'introduire un système juridique parallèle, inspiré de la charia. On ne saurait mieux concrétiser l'importation par des migrants de leurs propres institutions.
Le séparatisme juridique est la dernière étape avant le séparatisme politique [...] On en a une démonstration lorsque les organisations politiques des pays d'origine se reforment dans les pays d’accueil. [...] En revanche l'année 2005 a vu l'émergence à Tower Hamlets d'un acteur plus affirmé avec la création par les musulmans britanniques de leur propre mouvement politique, baptisé Respect. A ce jour (2011), il a remporté deux élections partielles, l'une à Tower Hamlets justement, la seconde à Bradford, deux secteurs on l'a vu, à très forte concentration musulmane. Respect s'adresse aux électeurs sur la base de leur identité ethnico-religieuse. Il s'oppose ainsi farouchement aux grands partis politiques traditionnels. E Grande-Bretagne les électeurs peuvent voter physiquement ou par correspondance. [...] Dans une structure familiale où le chef de famille jouit d'une autorité considérable sur tous les membres, l'exécution à domicile du devoir civique peut faire l'objet d'influences inappropriées.
[...]
La municipalité actuelle de Tower Hamlets cherche à transformer son statut juridique et à passer de simple arrondissement au rang de municipalité, ce qui lui conférerait des pouvoirs considérables étendus. Compte tenu de la concentration spatiale déjà évoquée, l'aspiration persistante du séparatisme politique accoucherait sans doute de villes dominées par des partis politiques à dominante immigrée. Ce qui équivaudrait, au niveau municipal, à un transfère d'institutions issues de sociétés pauvres à une société riche.
[...]
Le transfère des institutions de sociétés d'origine vers les sociétés d'accueil inverse, non sans quelque ironie, la suggestion de Romer : en se comportant comme des colons, et peut-être sans en avoir pleinement conscience, les immigrés semblent appeler de leur vœux l'importation des institutions l'importation des institutions dysfonctionnelles... auxquelles ils avaient échappé en partant.

pp.148-152.
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Bien que la citoyenneté soit d'abord un concept juridique, elle n'aura de véritable consistance morale que si elle repose sur un socle de considération mutuelle. La citoyenneté ne se résume ni à l'accès aux prestations de l’État, ni au respect obligatoire de la loi. Elle se définit d'abord par une position envers autrui.
La fourniture pérenne de biens publics dépend de la capacité des immigrés comme la population indigènes à faire preuve d'une considération mutuelle équivalente à celle que les autochtones se témoignent entre eux. Si la préservation de la différence culturelle, malgré la menace potentielle qu'elle représente pour les biens publics, est considérée comme un droit de l’individu, une tension s'installe entre cette différence culturelle et le droit individuel au logement social que la culture indigène, et elle seule, a rendu possible.
En plus de participer à la course au logement social, à mesurer que les immigrés s'établiront, ils accèderont au marché du logement privé, tirant à la hausse les loyers et prix de vente des biens immobiliers. Une estimation récente de l'Office pour la Responsabilité budgétaire britannique évalue à 10% le surcoût du prix au mètre carré lié à la migration.

pp. 169-170
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[...] La compétition pour le logement social a un impact bien plus flagrant : les immigrés ne sont pas seulement pauvres, mais ils se concentrent dans quelques quartiers déshérités. On peut supposer que les flux migratoires passés ont produit des effets significatifs. Une accélération persistante pourrait sérieusement restreindre l'accès des autochtones pauvres aux logements sociaux Les immigrés doivent-ils bénéficier d'un droit spécifique au logement social ? Cette question qui fait l'objet d'un véhément débat politique soulève des questions éthiques complexes. Si les immigrés sont démunis en comparaison des autochtones, ils ont déjà bénéficié d'un effet d'aubaine considérable lorsque l'on compare leur niveau de vie avec celui qui serait le leur dans leur pays d'origine. Satisfaire cette tranche supplémentaire de besoins en logements suppose d'en priver un certain nombres d'autochtones qui sont eux-mêmes dans le besoin, du moins selon les normes de la société d'accueil.

p.168
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Bien que tombée en désuétude, l'assimilation présente de substantiels avantages, non seulement pour les indigènes mais pour tout un chacun. Sur le plan éthique elle est cohérente avec la règle d'or qui veut que l'on traite autrui comme on voudrait qu'il nous traitât. Surtout, d'un point de vue éthique, les immigrants issus de sociétés pauvres ne peuvent défendre une conception multiculturelle qu'à condition d'avoir soutenu la même position dans leur pays d'origine. Mais le séparatisme culture, dans les sociétés pauvres, a rarement été couronné de succès. Montalvo et reynal-Querol estiment justement que le séparatisme culturel dans les pays pauvres accroît l'incidence des violences intergroupes.
De leur côté, les avocats les plus acharnés de la séparation culturelle qualifient l'assimilation de "génocide culturel". Inexcusable usage, en l’occurrence, d'une locution dont l'impact émotionnel devrait être réservé aux terribles situations où elle s'impose réellement. Dans leur pays d'origine, les cultures d'immigrants suivent un développement soumis à une dynamique qui leur est propre. On ne voit pas quel motif éthique justifierait qu'en contrepartie de son admission, un migrant ne fût pas invité à assimiler la culture indigène. Pour le formuler plus concrètement, doit-on attendre des migrants qu'ils apprennent la langue du pays d'accueil ? La langue est un trait d'union extrêmement utile, bien sûr : sans un langage commun il sera difficile, par exemple, de s'entendre sur une politique commune. Mais plus encore la langue joue un rôle important de considération mutuelle : rappelez-vous cette étude consacrée aux immigrés mexicains en Amérique, qui montrait que ceux d'entre-eux ayant appris l'anglais étaient plus enclins à coopérer dans la fourniture de biens publics. Les immigrés qui rechignent à apprendre la langue locale sont davantage prédisposés à profiter sans contrepartie des biens publics qu'une langue commune a permis de créer. En outre ils risquent fort de ne pas se sentir assujettis à la règle d'or de la réciprocité : accepteraient-ils que les immigrants s'installant dans leur pays d'origine ne fussent pas non plus tenus d’apprendre la langue locale ?

pp 145-146
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Les migrants n'apportent pas seulement le capital humain généré dans leurs sociétés d'origine, mais également les codes moraux qui y sont en vigueur. [...]

Pendant la période considérée, les diplomates jouissaient d'une immunité juridique qui leur permettait de ne pas avoir à s'acquitter de ces contraventions ; la seule limite au contournement des paiements était donc celle que pouvaient éventuellement leur dicter leurs principes moraux. Fisman et Miguel ont constaté une grande diversité de comportement selon le pays d'origine des diplomates, en fonction, précisément, du niveau de corruption relevé dans le pays en question. Ces diplomates avaient donc importé leur culture avec eux. L'étude a également cherché à savoir si l'immersion dans la vie new-yorkaise avait permis aux diplomates concernés d'intégrer progressivement les normes de comportement locales : dans ce cas, l'incident du non-paiement aurait rejoint les étiages très bas observés parmi les diplomates venus de pays à faible niveau de corruption. Or c'est la tendance inverse qui a été observée : les diplomates des pays à fort niveau de corruption ont continué à ne pas payer d'amendes, tandis que ceux qui venaient de pays à faible niveau de corruption se sont montrés moins enclins à s'acquitter de leur dû. On peut donc raisonnablement déduire de ces résultats que les fonctionnaires internationaux étudiés ici, loin d'assimiler les normes des New-Yorkais, se sont plutôt ralliés aux usages propres à la seule communauté diplomatique. Si les attitudes adoptées vis-à-vis des amendes de stationnement reflètent la culture d'origine, il en va de même des comportements inspirés par la redistribution sociale. Geert Hofstede a tenté de mesurer systématiquement un vaste éventail de différences culturelles observables d'un pays à l'autre. Ses mesures sont corrélées a des différences de comportements globalement bien évaluées, comme le taux d'homicide. Aussi dérangeante soit cette observation, force est d'admettre que les différences culturelles produisent des conduites sociales très contrastées, et que les migrants introduisent leur culture dans les pays d'accueil.

pp. 100-101
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Une autre façon de tricher consiste à se faire passer pour le membre d'une catégorie éligible à l'entrée. Dans les années 1980, la Suède avait adopté une très généreuse politique d'octroi de citoyenneté aux demandeurs d'asile venus d’Érythrée, alors province éthiopienne, en proie à la guerre civile. A mesure que les flux augmentaient, cette générosité s'est atténuée. En réaction, certains immigrés érythréens qui avaient acquis la nationalité suédoise se sont mis à prêter leur passeport à des amis ou à des parents très ressemblants : en cette période antérieure à la reconnaissance biométrique, les fonctionnaires suédois ont adopté une méthode de reconnaissance non visuelle : les Érythréens devenus citoyens du pays avaient inévitablement fini par apprendre un peu de suédois, alors que les aspirants-fraudeurs n'en parlaient pas un mot. Mais de même qu'in immigrant potentiel, ou le conjoint qui le rendra admissible, peuvent acquérir les compétences exigées, rien le les empêche d'apprendre une langue étrangère. Ainsi, en pleine guerre civile, dans un pays ravagé par la famine, il s'est trouvé des Érythréens assez désespérés pour apprendre la langue de Strindberg afin de se faire passer pour des citoyens suédois.
Au registre des subterfuges figure aussi le dépôt d'une demande d'asile. La répression implacable qui sévit dans de nombreux pays pauvre entraîne d'évidents effets en la matière. Symétriquement, les politiques d'accueil des demandeurs d'asile suscitent nécessairement les tentations de fraudes. Se faire passer pour un demandeur d'asile est d’autant plus répréhensible qu'un tel comportement sape la légitimité d'une institution humanitaire vitale. [...].
Reste une ultime option, coûteuse autant que risquée : c’est de tenter l'aventure migratoire sans visa, en essayant de franchir les barrières physiques érigées par les pays d’accueil. [...]

pp. 229-230
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Il y a quelque chose de déstabilisant à observer la croissance d'une communauté qui affiche un faible niveau de confiance. Si le nombre de personnes préférant les conduites opportunistes aux stratégies coopératives croît à l'excès, les autres peuvent en arriver à juger inconséquente la poursuite de ces stratégies de coopération. L'ingrédient vital d'une coopération réussie, c'est qu'il se trouve assez de gens pour s'accorder à sanctionner ceux qui ne coopèrent pas. Mais si ceux qui adoptent des stratégies opportunistes plutôt que coopératives sont surreprésentés dans la population immigrée, la sanction peut être interprétée à tort comme une discrimination, ce qui freinera les ardeurs punitives des autochtones. En outre, d'autres membres du groupe d'immigré pourront considérer à tort la punition de leur opportunisme comme une discrimination à l'encontre de leur communauté et décider de punir en retour ceux qui appliquent ces sanctions destinées à imposer la coopération : rappelons-nous que dans les jeux coopération, ce sont les "supers méchants" qui sapent le plus efficacement le système coopératif.

pp. 109-110
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Robert Putman est un éminent sociologue de Harvard et le plus grand spécialiste mondial du concept de "capital social". En s'appuyant sur un large échantillon américain, il a examiné les effets de l'immigration sur la confiance. Une de ses conclusions , si dérangeante qu'elle puisse paraître, est conforme à ce que l'on sait : plus la proportion d'immigrés au sein d'une communauté est importante , plus faible sera la confiance mutuelle entre immigrés et autochtones. En d'autres termes la promiscuité, loin de mener à une compréhension mutuelle accrue,engendre un renforcement de la suspicion réciproque.
Le célèbre chercheur a néanmoins mis en évidence un tout nouveau résultat bien plus troublant encore : plus le niveau d'immigration est élevé dans une société donnée, plus faible est la confiance non seulement entre les groupes, mais au sein même de ces groupes. Un niveau d'immigration élevé est corrélé à un niveau de confiance mutuelle abaissé parmi les autochtones de la société considérée.

pp. 110-111
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Les effets des politiques multiculturelles sont aisés à mesurer : aptitude réduite des migrants à assimiler la langue nationale (ce qui, nous savons, amenuise la volonté de coopérer dans la fourniture de biens publics) et ségrégation spatial accrue. Koopmans a également constaté qu'un système d'aide sociale généreux ralentissait l'intégration en incitant les immigrés à stagner au bas de l'échelle sociale. Bien sûr, la population indigène n'est pas épargnée par cette tentation, mais cette dernière a davantage de prise sur les immigrés, habitués à un niveau de vie considérablement inférieur. Même les minima sociaux leur semblent attractifs : l'efficacité des incitations à décrocher un travail et donc un revenu plus substantiel s'en trouve atténuée d'autant. La conjugaison de ces deux facteurs, ralentit l'intégration sur le lieu de vie comme dans le monde professionnel, et ce d'une manière significative, si l'on en croit les chiffres de Koopmans.

p. 158
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Nous avons la claire obligation morale de secourir les pauvres qui habitent d'autres pays. Autoriser certains d'entre eux à s'installer dans nos sociétés riches constitue une manière de les aider. Pour autant, ce devoir de soutien aux nécessiteux ne saurait impliquer l'obligation de généraliser la libre circulation de tous sans considération de frontières. En fait, les partisans d'une libre installation des pauvres dans les pays riches seraient sans doute les premiers à s'opposer au droit des riches à aller s'installer dans les pays pauvres - relent colonialisme oblige. L'argument selon lequel la pauvreté donne le droit de migrer revient à confondre deux questions qu'il serait préférable de distinguer : l'obligation faite aux riches d'aider les pays pauvres et le droit à la liberté de circulation entre les pays.

p. 28
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