Aude Terray - Madame
Malraux .
Aude Terray vous présente son ouvrage "Madame
Malraux". Parution le 11 septembre 2013 aux éditions Grasset. Rentrée littéraire 2013. Notes de Musique : 9 Satie/ Sports Et Divertissements - Colin-Maillard
Je n’ai pas perdu mon temps. Pour Alain Trapenard, il n’y a pas de doute, c’est Malraux qui a convaincu le Général de Gaulle de transférer Moulin au Panthéon. La décision en a surpris plus d’un. A l’époque, son nom ne figurait même pas à l’annuaire de la Résistance. Les grandes figures qui s’imposaient étaient Brossolette, Gingouin ou Passy. L’autre point qu’il faut avoir bien à l’esprit, explique Trapenard en élevant simultanément le sourcil broussailleux et l’index, c’est que l’affaire n’a pas été facile à monter, il a fallu organiser les cérémonies en deux étapes bien distinctes : l’hommage des vétérans le vendredi et l’hommage de la nation le samedi. Quand je lui demande s’il faut considérer qu’il y eut un temps pour le militaire et un temps pour le politique, l’homme ne relève pas.
La jet-set, le luxe, l’argent, Saint-Tropez, les fêtes composent un cocktail explosif et sulfureux. L’image est désastreuse pour celui qui est devenu entre temps présidentiable. C’est son talon d’Achille, ses ennemis l’exploitent avec cruauté. Ce qui favorise l’affaire et son développement, c’est aussi la jalousie et la haine que suscitent l’ambition naturelle et la réussite du couple Pompidou. C’est bien leur mode de vie, leurs amis, leur histoire personnelle qui sont visés. Le procédé utilisé est aussi classique qu’efficace. Le scandale lié au sexe, à la pornographie, et au mythe d’une élite aux mœurs dépravées est une arme redoutable pour casser une carrière politique.
Les femmes tenaient beaucoup de place dans ma vie, et je reste convaincu qu’un visage de jeune fille et qu’un jeune corps souple et doux sont parmi ce qu’il y a de plus émouvant au monde, avec la poésie.
Son voyage au bout de la nuit repris du Journal de Drieu en date du 17 octobre 1944:
"Je voudrais rentrer dans la nuit qui n'est pas la nuit, dans la nuit sans étoiles, dans la nuit sans dieux, dans la nuit qui n'a jamais porté le jour, dans la nuit immobile, muette, intacte, dans la nuit qui n'a jamais été, et qui ne sera jamais. Ainsi soit-il"
p.231/232
Ce jeune couple déteste les étiquettes et brouille les pistes. Pour eux, la vie est un art. On peut ne pas être riche et apprécier le luxe, être intellectuel et aimer la mode, marier le profond et le futile, la connaissance et l’apparence. Ils rejettent les carcans de leur époque et de leur milieu d’origine.
Ne pas être autre que ce que l’on est, mais l’être pleinement, honnête vis-à-vis de soi et des autres .
Le jeune provincial est un boulimique de la vie, que rien ni personne n’intimide, un curieux insatiable, un éclectique, amoureux du Paris intellectuel et artistique mais aussi du Paris qui brille. Un séducteur apprécié des jolies filles.
La vie des médecins de campagne est rude à l’époque. Le téléphone n’existe pas, l’hospitalisation n’est pas entrée dans les mœurs. La campagne est déshéritée, les routes mal entretenues et les chemins souvent impraticables. Les fermes n’ont ni électricité, ni eau courante. La sécurité sociale n’existe pas et les médicaments sont très chers. On fait donc appel au médecin en dernière extrémité.
Claude aime non seulement conduire, mais elle se grise de vitesse sur les petites routes de la Mayenne. Elle étonne dans le pays. Fait rare et considéré à l’époque comme une provocation, la jeune fille porte le pantalon et fume. Une vraie garçonne. Certains la trouvent un peu hautaine, indépendante, intellectuelle. On ne lui connaît ni amie de cœur, ni flirt. Elle se moque du qu’en-dira-t-on.
La prière n’est pas forcément prononcer des mots ou demander quelque chose. C’est une élévation, une aspiration de l’âme .