Aude Terray

Roumanie, Angleterre, France et nous suivons les « vies » de la Princesse Bibesco, ses voyages en « Orient-Express », ses périples en avion (les premiers), ses relations amoureuses, ses échanges politiques parfois troubles dont elle ne sortira pas indemne pour certains.



Un monde disparu, englouti par les deux guerres mondiales, un monde fermé sur lui-même, rivalités, amours malheureuses, éphémères, une femme à qui tout est dû, plaisante et déplaisante qu’Aude Terray nous raconte après d’intenses recherches.



Amour inconditionnel pour son pays, la Roumanie, mise au ban, souffrance devant le dur vécu de sa fille, la Princesse Bibesco traverse les épreuves selon les codes de son milieu : ne rien laisser paraître.



Auteure reconnue avec des fortunes diverses, quelques titres demeurent : Katia (dont on tirera deux films) et le Perroquet vert mais le contemporain a placé au purgatoire l’oeuvre de cette femme trop marquée par son statut (l’entre-soi) et une époque engloutie et dans les idées et dans la manière de vivre.



Livre intéressant, l’histoire et la place de la Roumanie en ces temps nous est contée ainsi que les moeurs, les relations, la place de la femme dans une société trop misogyne.

Il est des discours dont on a l'impression d'avoir toujours entendu parler. Des discours qui sont devenus des moments d'histoire à eux tout seuls : qu'il me suffise de citer le "I have a dream" de Martin Luther King.



En France, si vous interrogez les gens autour de vous sur un discours national marquant, il y a de grandes chances pour que l'on vous cite le discours d'André Malraux lors du transfert au Panthéon des cendres de Jean Moulin.



C'est celui que j'aurais cité. Difficile de ne pas oublier cette vidéo montrant celui qui était alors ministre de la Culture déclamant de sa voix si particulière ces mots, désormais si célèbre : "Entre ici Jean Moulin avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi : et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé..."



Pourtant, si les mots sont connus, le contexte l'est beaucoup moins.

Anne Terray s'attache à nous révéler l'envers du décor.



Le choix même de Jean Moulin fut imposé notamment par Malraux alors que d'autres - anciens résistants notamment -contestaient ce choix, Moulin n'étant pas reconnu par tous,à l'époque en France, comme le chef naturel de la résistance.



Héros de la seconde guerre, traitres, futurs hommes d'état déchus comme Papon se côtoient durant cet hommage national.



Le portrait qui émerge de ce court récit est aussi celui d'une France en pleine dichotomie, entre ces adultes qui ne souhaitent pas revenir sur "leur guerre" mais qui restent prisonniers de leur culpabilité, de leurs souvenirs et ces jeunes qui n'ont pas connu le conflit, insouciants, désireux de vivre avec en ligne de mire : mai 68.



Enfin loin de cette figure d'écrivain primé, de ministre de la culture éloquent, le portrait d'André Malraux nous offre une vision moins élogieuse du personnage.



Aude Terray signe un livre fort, intéressant, plein d'émotions, navigant entre le récit des jours passés et son travail de recherche à l'image d'un "Hhhh" de Laurent Binet mais je dirais avec un peu moins de maîtrise dans ce va-et-vient entre passé et présent.



Un récit à lire pour éclairer d'un jour nouveau un événement passé à la postérité de notre histoire nationale.

Dans ce récit Aude Terray nous fait vivre comme si nous étions présents les derniers mois de Drieu La Rochelle .

Dans un style vif fait de courts paragraphes l'auteure nous dépeint ses deux suicides manqués , sa cavale orchestrée par ses ex-épouses et maîtresses , ses doutes , ses envies et aussi sa terrible lassitude de vivre .

Très bien documenté , un livre parfait non par pour réhabiliter le fasciste que Drieu fût mais pour mieux comprendre ce que furent ses motivations .

Tout d'abord, je remercie Babelio ainsi que l'éditeur pour cet ouvrage d'Aude Terray.



Pour ma part, je suis une grande fan de Jean Moulin. Il est pour moi un héros et c'est un peu stupéfaite, et sans doute naïve, que je viens de découvrir qu'il n'était pas un héros pour tout le monde.



Lorsque les années passent, l'histoire s'estompe et les enjeux, les stratégies sont oubliées.

Dans ma conception de l'histoire, Jean Moulin est un héros, chef de la résistance. Les autres résistants étaient, bien entendu, des héros aussi.

Quand on ne connait rien à la politique française, ce qui est mon cas, on pense qu'André Malraux est un écrivain. Du coup, je n'ai jamais spécialement fait des liens entre les deux hommes.

Pour moi, le Général de Gaulle est aussi un héros libérateur de la France grâce, notamment, à la résistance.



Or, dans ce livre, j'ai découvert que les choses étaient plus compliquées que cela car, par exemple, il semblerait que Jean Moulin ou le Général ne faisaient pas l'unanimité



Ensuite, toujours de mon point de vue, il me semblait évident qu'un héros allait au Panthéon.



Et bien la aussi je faisais erreur... Ce n'est pas aussi simple et il y a une espèce de jeu de pouvoir autour de cette mythique entrée.



L'auteur du livre nous permet de découvrir tout cela. Elle explique les tenants et les aboutissants ainsi que le déroulement des deux jours de cérémonie commémorant l'entrée de Jean Moulin au Panthéon.



L'événement est bien raconté par contre, et c'est la raison de mon 2etoiles et 1/2, c'est que d'une part l'auteur fait des allers retours dans le temps ( 39/46-64-2018) et les changements d'époque sont souvent confus et, d'autre part, elle s'adresse à des lecteurs initiés aux arcanes politiques. Or, étant belge, je n'entends goutte à la politique française.



Du coup, je n'ai pas compris pourquoi Jean Moulin n'était pas unanimement un héros, je n'ai pas pu apprécier toutes les subtilités d'Aude Terray.



Je réserverais donc ce livre à un public ayant déjà lu une biographie du chef de la résistance par exemple ou des ouvrages sur le Général.



J'ai également trouve dommage qu'il n'y ait aucune photo dans ce livre.

Biographie de Claude Pompidou, épouse du deuxième président de la République. Femme moderne, cultivée, amateur de mode, d'art contemporain et femme au service de son mari. Cette biographie est aussi le portrait d'un couple très uni, d'une génération, d'époques révolues : les années Trente, la Guerre, les Trente Glorieuses.

Elle survit plus de trente ans à son mari et continue son combat en faveur de l'art contemporain. Avec son mari, elle a fréquenté les artistes et continue à le faire après le décès du président. Elle fera vivre le projet du centre Beaubourg-Georges Pompidou qu'il avait crée sans en voir l'aboutissement.

Livre qui permet de se replonger dans la France des années 50/60 et de suivre la vie de Claude Pompidou, une femme de président finalement peu connue par ma génération.

Sa vie est intéressante du point de vue de son implication dans le monde artistique de l'époque. Les Pompidou ont vraiment été un couple d'avant gardiste dans ce domaine.

L'auteur reste cependant factuelle, en raison notamment du manque de coopération de la famille Pompidou à ce livre. On reste parfois à la surface de l'intime et c'est un peu dommage.

Voici une biographie très complète de la princesse Marthe Bibesco, une des dernières aristocrates roumaines, écrivaine, mondaine, diplomate, proche des puissants de l'entre-deux guerres, propriétaire du fabuleux palais de Mogosoaia, en banlieue de Bucarest, et qui suite à son expropriation par les communistes passera les 30 dernières années de sa vie en France.



On découvrira avec plaisir la vie des dernières grandes familles roumaines et leurs nombreux liens avec la France.

Le livre d’Aude Terray aspire à rendre vivante la figure de la princesse Bibesco, écrivaine prolifique et figure majeure du rayonnement culturel de la Roumanie de la première moitié du XXe siècle.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..

PLACE DES GRANDS HOMMES



▶️ Madeleine Lioux a 97 ans en 2011 : née en 1914, cette vieille dame qui a traversé le XXème siècle a tout connu, tout vécu : la passion, les honneurs, les tragédies de l’Histoire et Les drames personnels - sa vie est un roman, et pour cause!, elle a épousé les deux frères Malraux !..

▶️ Issue de la bourgeoisie, enfant pianiste prodige puis professeur de piano et concertiste, elle rencontre Roland Malraux, le demi-frère cadet d’André Malraux, en 1942 : vif, drôle, original, idéaliste et séducteur, il est irrésistible - Elle ne lui résistera pas : "Roland était un garçon expensif, qui avait de l'esprit, il s'exprimait avec une grande facilité et il était peut-être plus léger que son frère, mais il n'était pas superficiel. Il était profond, sensible. C'était sa façon à lui d'être gentleman." ils se marient mais cette folle passion dure peu : entré dans la Résistance dès la 1ère heure, Roland est arrêté puis déporté à l’Est - il n’en reviendra pas...

▶️ À la libération, André Malraux prend en charge sa jeune belle-sœur et le fils en bas âge de Madeleine ; une complicité puis une intimité s’installent - André ne peut vivre sans une femme à ses côtés ; "Ce qu'il aime chez sa belle-soeur, c'et la force de caractère, la paix et la sérénité apparentes. Il admire sa résistance dans la tragédie. Pas un cri, pas une larme, pas une plainte. Une maîtrise de soi qui l'étonne chez une femme et dont il lui st reconnaissant, lui le pudique, le misogyne de sa génération. A l'opposé de ce qu'il avait dû subir auprès de Berthe la mère, de Clara l'épouse et de Josette la maitresse." Ils se marient ; "Madeleine devine André à chaque instant. C'est ce qu'il aime, qu'elle soit à son écoute. Mais la jeune femme se garde bien de lui montrer trop rapidement qu'elle l'a compris. Malraux avance à pas masqué, il veut garder ses mystères, campé dans son personnage énigmatique, les gestes et les regards codifiés. Ses secrets sont verrouillés. Malraux domine la situation et Madeleine la maîtrise ; ne sont jamais abordés l'intimité des coeurs et des corps par pudeur, ni les questions matérielles par désintérêt, ni trop longuement les enfants par ennui." Leur union durera 20 ans, et puis le couple s'éloigne, la lassitude, la mort des deux enfants illégitimes de Malraux dont il ne s'occupait pourtant pas et que Madeleine considérait elle, comme ses fils... Malraux retourne auprès de son ancienne maitresse, Louise de Vilmorin et répudie Madeleine avec un manque d'élégance et un mépris qui heurtent même ses amis les plus proches...

▶️ Passé la violence du choc, Madeleine rebondi et reprend, dans cette 3ème partie de vie, une carrière de concertiste internationale...

▶️ On croise au cours de ce récit, le Général de Gaulle, bien sûr, Georges et Claude Pompidou, JFK et Jackie Kennedy, Issac Stern et Rostropovitch....

▶️ Ce remarquable roman biographique est aussi le portrait en creux saisissant d’André Malraux : «il a du génie mais il est bien décevant » disait de lui Roland, le demi-frère... Malraux, personnage magnifique et hors norme, combattant en 36, résistant en 44, écrivain de génie et homme politique visionnaire, compagnon du Général de Gaulle...mais aussi égoïste, orgueilleux, jouisseur narcissique, mauvais père, misogyne à l’extrême...et puis, le héros de la famille, le résistant de la 1ère heure, ce n’est pas lui, c’est Roland...

▶️ Un récit formidablement documenté sur la Grande Histoire et une histoire de famille complexe et fascinante - PASSIONNANT, COUP DE CŒUR!

Avec ce livre, Aude Terray nous plonge dans une époque et une histoire intimement liée à la Vème République, celle de la panthéonisation de Jean Moulin. Cendre de conséquence qu’on tire tantôt à droite, tantôt à gauche.



Je ne connaissais pas la vie de Jean Moulin, à part ce que tout le monde en sait, c’est-à-dire son rôle dans la résistance. Avec son livre, Aude Terray m’a comblé un peu cette lacune en présentant l’homme et ses femmes. Elle abordera même la supposé homosexualité de Moulin qui a l’air d’être qu’une affabulation selon les personnes qui l’ont connu.



Mais là n’est pas tout à fait le sujet du livre, car ce qui nous intéresse ici, c’est surtout les journées du 18 et 19 décembre 1964. Jours de la panthéonisation de Jean Moulin que l’autrice va faire revivre avec ses grands personnages comme Malraux, De Gaulle, et ses inconnus, la fleuriste, le proviseur d’école, etc.

En abordant ce moment, Aude Terray va en outre nous montrer toute l’effervescence, les préparations, qui a autour de cet évènement, mais aussi les angoisses qui pèsent sur cette journée. Les menaces écrites ou par téléphone, ou encore la douleur de Malraux pour rédiger son discours. Selon l’autrice un des plus beaux qui soit, mais qui soulève dans ce livre plusieurs voix discordantes. Toute comme la présence d’une certaine personne à l’hommage de Jean Moulin, celle de René Hardy connu pour avoir selon certaines sources de l’époque dénoncé Jean Moulin. (Et selon la page Wikipédia est passé à travers de la condamnation au "bénéfice « de la minorité de faveur »".)



Ce livre qui se partage entre deux époques, raconte aussi les recherches et questionnements de l’écrivaine : les archives plus ou moins parlantes ; les lieux visités ; les personnes qu’elle a dû rencontrer, dont Daniel Cordier qui a connu Jean Moulin. Et dans l’ensemble, ces points étaient intéressants à lire, mais pour être franche, pas à tous les coups…

Bien sûr, c’était captivant de voir comment Jean moulin a pu être perçu : homme ouvert à tous les courants ; communiste ; gaulliste. De prendre connaissance des diverses versions sur son arrestation, les guerres d’historien, la guerre des femmes - bien mise en avant dans le livre d’ailleurs. Mais à côté, la description des lieux ou encore le questionnement débile sur Johnny Hallyday (what ?!), j’avoue que je m’en serais passée. Par moment j’avais un peu cette impression qu’il fallait broder.



D’ailleurs je ne sais pas si ça vient de ça et le fait que le livre fasse un peu roman avec les personnages secondaires, les inconnus, mais finalement je trouve ce bouquin plutôt vide. Tellement peu rempli que j’en viens à me demander si Aude Terray a répondu aux questions écrites dans le résumé. Alors oui, certaines ont été plus ou moins abordées, mais par exemple la raison des deux jours je crois que je ne l’ai pas vu. En tout cas j’ai rien retenu. Le trou. Le vide. Le néant.

Et au final, autant j’ai trouvé que livre abordé bien les esprits, celui douloureux de Malraux, celui tourné vers l’avenir de Pompidou, ou encore la vie de Madeleine Malraux, mais pas tant l’importance de l’évènement et ce qu’il représente. Par contre la description de l’évènement, oui, là l’auteure a été jusqu’au bout.



Bref ! Je ressors de cette lecture mitigée. J’ai découvert avec plaisir des choses sur Jean Moulin, les hommes et les femmes de décembre 1964 (à moi d’aller plus loin), mais je trouve le livre un peu maigre et pas très bavard. Je m’attendais à un peu plus, mais bon ça reste une bonne intro, mais juste une intro.
Lien : http://voyagelivresque.canal..

Les années Pompidou relèvent de l’Eden. Pensez, c’était la fin des célèbres 30 Glorieuses et le premier choc pétrolier n’avait pas encore ébranlé nos économies !



Aude Terray nous le rappelle savamment.



Claude Pompidou incomprise ?

Sa personnalité échappe encore à la mémoire des Français, qui évidemment avec un esprit réducteur l’assimile aux partouzes (pas de fumée, sans feu vous soutiendraient les habitués du café du coin) de l’affaire Markovic ou à sa vie mondaine guidée, conseillée et facilitée par un couple mythique, Guy et Marie-Hélène de Rothschild.

Et pourtant son action culturelle (protection des arts, les Kandinsky, Béjart, Boulez, Saint-Phalle, Tinguerly, etc…), sociale et caritative (sa Fondation) est passée au second plan.



Et puis, Claude Pompidou apparaît tour à tour timide et sans complexe, sincère et rentranchée. Méfiante et droite, elle fut plus considérée en tant que veuve (sauf par Giscard, petit marquis frelaté et inélégant) du président Pompidou. Et la voilà douairière de la République.



Aude Terray dans une biographie précise, un peu répétitive cependant, montre et décrit un destin, celui d’une femme de province née le 13 novembre 1912, à Château-Gonthier, orpheline à 7 ans de sa mère. Et puis, sa rencontre à Paris avec Georges Pompidou, un autre provincial, et leurs débuts dans la vie sociale, l’irrésistible ascension, les amis (la liste est un ersatz du Who’s Who), les épreuves, le souvenir. Beaucoup de courtisans de la République se souviennent de ses déjeuners et de ses dîners, quai de Béthune. Beaucoup lui doivent et par une sorte de miracle s’en souviendront lors de son enterrement en juillet 2007.



Et bien sûr son formidable travail pour sa Fondation et la défense du souvenir de son mari au travers du Centre éponyme forcent l’admiration, surtout dans ce monde où finalement la mémoire est balayée au profit d’un égoïsme exacerbé et somme toute crétin.
Lien : http://livrespourvous.center..

Ouvrage intéressant mais manichéen vis à vis des dirigeants de la résistance intérieure. Le pauvre Henri Frenay en prend plein la tête, et c'est injuste et médisant. Frenay est un militaire issu des renseignements et du contre-espionnage, parfaitement au fait des techniques de réseaux et de guérilla. Moulin issu de la Préfectorale n'y connaissait rien et voulait néanmoins tout contrôler. Des heurts logiques sont apparus et Frenay s'en explique dans ses mémoires 'La nuit finira'. Il aurait mieux fallu rétablir la vérité historique plutôt que caricaturer ainsi la Résistance.

Un livre intéressant, Je ne connaissait de Jean Moulant que ce qu'on nous apprends à l’école, le résistant. Et qui ne connait pas ce fameux discours avec cette voix si grave : "Entre ici Jean Moulin...."

Ça remets les choses dans une autre perspective, sur certaines choses Je ne savaient pas qu' il ne faisaient pas l'unanimité comme De Gaulle. En même temps on ne peut pas plaire à tout le monde hein ! Et les réseaux sociaux en ce temps là ça n’existait pas .

Parfois un peu de "brodage" mais sinon ça reste intéressant et pourquoi pas aller creuser soi-même avec d'autres livres ou témoignages.