Il faut reconnaître que le terme était bien trouvé.
Concis, évocateur, ambigu à souhait, le mot "impressionnisme" pris son élan et, survolant les problèmes propres à l'art de peindre, ne tarda pas à désigner toute une façon nouvelle de voir et de sentir, un nouveau mode de l'être, bref quelque chose comme un nouvel empire, gorgé de lumière et de grand air, conquis sur les ténèbres poussiéreuses du marécage académique. - Jean Tardieu
C'est Elie Faure qui le premier a consacré à Soutine des pages enthousiastes où il plaçait ce peintre parmi les plus grands, pour ses recherches techniques et pour sa force d'expression. Pourtant, salué très jeune comme un maître, Soutine est demeuré toute sa vie isolé et quasi méconnu, la plupart de ses œuvres enfouies dans des collections privées. Il refusait systématiquement d'exposer, non par fausse modestie, mais par une inquiétude invincible qui le poussait à reprendre et souvent à détruire toute œuvre ancienne qui lui tombait sous la main. Hormis sa participation à la grande exposition de l'Art indépendant en 1937 il fallut attendre des années après sa mort pour que des expositions importantes lui soient consacrées. C'est seulement aujourd’hui qu'il est possible de mesurer, grâce aux rares témoignages publiés par ceux qui le connurent bien, quelle fut la personnalité secrète et sensible de cet admirable brasseur de matière.