Le petit d'homme ne naît pas complètement humain, il doit le devenir en s'appropriant le système de la langue, cela s'appelle la langue maternelle, qui donc n'est pas une construction rationnelle.... mais le résultat de pratiques familiales, scolaires et institutionnelles, que le futur locuteur doit s'approprier non seulement intellectuellement mais (avant tout) affectivement. C'est pourquoi la langue maternelle est la langue de l'affect.
On comprend par là l'importance de la langue maternelle : langue primordiale, langue de la mère, et donc langue de l'affect et du désir, celle dont on ne se débarrasse jamais, même si l'exil nous contraint à parler d'autres langues, et vers laquelle on revient toujours.
Il est impossible de séparer le langage du monde au sein duquel il surgit et dont il est partie prenante - le langage est dans le monde et du monde. D'où la nécessité de la linguistique externe : il n'y a pas de séparation radicale entre le langage, la société des locuteurs, les corps des locuteurs individuels et les institutions qui interpellent les sujets. (p 60).
" J'avais, en guise de point de départ, envoyé mon héroïne au fond d'un terrier de lapin sans avoir la moindre idée de ce qui arriverait ensuite. [...] En l'écrivant, j'y ajoutai des idées nouvelles en grand nombre, qui semblaient jaillir spontanément de cette source originelle. [...] Mais - et ce point peut intéresser quelques lecteurs d'Alice - chacune de ces idées, et pratiquement chacune des expressions utilisées, naquit d'elle-même. Parfois une idée surgit au cours de la nuit, et il me faut alors me lever et faire de la lumière pour pouvoir la noter, parfois elle surgit tandis que je me promène, solitaire, sur la lande, et il me faut alors m'arrêter et, les doigts presque gourds, noter quelques mots qui permettront à l'idée nouveau-née de ne pas périr; mais quelles que soient les circonstances de sa naissance, elle naît spontanément." - Lewis Carroll, dans Alice à la scène.
La langue standard, ici l’anglais par opposition aux anglais minoritaires […] insiste mais n’existe pas.
« le figural » [selon Laurent Jenny, réside dans] ces petites aspérités de langue qui retardent ou interrompent la lecture et forcent le lecteur à prendre conscience de la non-transparence du texte qu’il est en train de lire.
Ainsi, lorsque je me promène avec mon chien dans la ville, les même sensations nous interpellent l’un et l’autre, ou à peu près (j’ai la truffe moins sensible que lui), mais nous n’en tirons pas les mêmes perceptions.
C’est un des graffitis les plus fréquents sur les murs de ma banlieue. Il manifeste l’intérêt que les élèves des collèges locaux portent à l’apprentissage des langues étrangères.
L'amoralisme d'Alice est bien la source de sa force mythique, de sa persistance.