Aymen Hacen - L'impasse .
A l'occasion de l'Escale du Livre 2017,
Aymen Hacen vous présente son ouvrage "L'impasse" aux éditions Moires. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/Recherche?requete=Aymen%20Hacen%20%2F%20Les%20%C3%A9ditions%20Moires Notes de Musique : Happytime by Podington Bear. Free Music Archive. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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C’est tout au moins ce que Cioran dit aux personnes qui désirent mettre fin à leurs jours : « Si tu veux un conseil, le voici : quand tu ne pourras plus rire, alors seulement tu devras te tuer. Mais tant que tu en es capable, attends encore. Le rire est une victoire, la vraie, la seule, sur la vie et la mort." Aussi le rire tragique est-il un rire salvateur qui soigne et guérit les maladies de l’âme.
On ne discute pas avec un candidat au martyre.
Le fanatisme est la mort de la conversation. » (Cahiers, p. 737)
Journal du Ramadan
Si Cioran a approuvé l’idée du suicide, il s’est familiarisé avec elle comme avec une virtualité dont le mérite est d’assurer la liberté comme principe de vie. Parce que, pour celui qui essaye de se supporter et de supporter la vie, « l’idée du renoncement », comme celle du suicide, se distingue fortement du renoncement ou du suicide tout court. La différence est la suivante : le suicide est un poison qui menace la vie dans l’immédiat, il est à la fois possible et imminent ; alors que l’idée du suicide est un antidote contre le suicide, car elle suppose une suspension de l’action en faveur d’une réflexion.
"Quiconque parmi vous aura pris connaissance de ce mois devra commencer le jeûne, est-il dit dans le saint Coran. Quant à moi, j’ai cette année décidé d’observer le ramadan pour arrêter de fumer. Vu ce qui se passe chez nous, je me demande si je vais y arriver… ", avais-je écrit le vendredi 19 juillet 2013. Depuis, je n’ai plus jamais fumé. À quoi bon, me dis-je, chaque fois que l’envie ou la tentation se font sentir. En revanche, beaucoup de choses ont évolué — en mal cela va de soi : mes inquiétudes exprimées quant à l’installation d’une nouvelle oligarchie théocratique se sont avérées fondées. Nous sommes plus que jamais dans le « cause toujours » des pseudo-démocraties, quand le « ferme ta gueule » des vraies dictatures ne se fait pas entendre à coup de balles réelles et d’assassinats. Cela, je me bats, encore et toujours, donc je suis, donc nous sommes — sûrement.”
Loin des bancs de l’université, des chaires et des discours officiels, Cioran revendique le statut d’un « Privat Denker − un penseur privé » qui traduit ses « expériences personnelles », qui, émancipé de tout souci de continuité et de logique, se contredit, et surtout qui voudrait « faire de la philosophie dans la rue, tresser ensemble la philosophie et la vie. »
C’est justement ce que pense Cioran pour qui la « sagesse » est une pratique quotidienne qui, au lieu d’éloigner l’homme de ses préoccupations immédiates en soulevant des questions insolubles, lui permet « d’aborder la vie », parce qu’il « n’ y a finalement que deux grands problèmes : comment supporter la vie et comment se supporter soi-même. »
Il ne s'agit plus de plaire, il faut défaire l'arbitraire.
En effet, l’étranger défie les natifs sur leur propre terrain au point de réécrire son premier livre en français, Précis de décomposition, trois ou quatre fois : " Alors je me suis dit, confie-t-il à Jean-François Duval : si Pascal a rédigé dix-sept fois ses Provinciales, moi, comme métèque, il faut quand même que je fasse un effort ".
Toutefois, c’est dans la jubilation que Cioran mène sa « pensée tragique », parce que le tragique s’avère indissociable de la joie, comme le désespoir de la gaieté.
Selon l’aveu de sa compagne Simone Boué, Cioran « n’aimait pas écrire » et, après l’échec éditorial des Syllogismes de l’amertume en 1952, il « avait plus ou moins renoncé à écrire, et il aurait même définitivement renoncé si Paulhan, directeur de la Nouvelle Revue Française, ne lui avait pas demandé des textes […] » Il s’agit d’un véritable « paradoxe » : comment celui qui écrit : « Je rêve d’un monde où l’on mourrait pour une virgule » peut-il être tenté par cette forme de suicide littéraire que représente le silence ?