– Tu te souviens de l’époque où on se plaignait de notre vie monotone ? Quand on disait qu’il n’arrivait jamais rien à Missoula ? me demande-t-elle.
J’étouffe un léger rire, malgré l’atmosphère grave qui règne dans la pièce.
– C’est toi qui te plaignais ! Nous étions tellement tranquilles à cette époque !
Je regarde Tristan avant de reprendre :
– Cependant, je n’échangerais ma vie actuelle contre celle d’avant pour rien au monde. J’y ai tellement gagné…
En réponse, sa main caresse la mienne. Iris reprend :
– Je te comprends : tu étais une jeune fille timide, réservée, un peu effrayée par tout ce qui t’entourait. Tu es devenue une femme courageuse, qui affronte des épreuves terribles sans faillir. Tu peux être fière de celle que tu es devenue.
Je reste sans voix devant la déclaration d’Iris. Et émue. Je ne sais pas quoi lui répondre, tellement je suis touchée. Graham ajoute :
– Iris a raison. Tu as découvert tout à coup que tu étais une mona, tu as appris en à peine quelques mois ce que la plupart d’entre elles apprennent en plusieurs années. Tu as risqué ta vie plusieurs fois, mais cela t’a rendue plus forte. Nous sommes tous très fiers de ce que tu es devenue. [...] .
Tristan se lève le premier pour partir, puisque notre décision est prise. Il donne une accolade à chacun de ses frères avant de les quitter. Je n’ose me diriger vers Iris, mais c’est elle qui vient vers moi et me serre contre elle.
– Fais attention à toi, Deva, me chuchote-t-elle avant que je parte.
J’essaye d’avoir l’air serein, mais intérieurement, je suis terrifiée.
J’ai l’impression que nous sommes en train de nous dire adieu…
Elle est tout ce que j'ai, et je veux l'accompagner dans cette épreuve qu'est la maladie, quelle qu'en soit l'issue.
J’aimerais être comme elle. J’aimerais avoir plus confiance en moi, être capable de me laisser aller au lieu de toujours faire ce qui est raisonnable. J’aimerais moi aussi être capable de marcher comme si je portais une couronne invisible sur le sommet de ma tête.