[Visite du château de Versailles]
Il n’avait pas arrêté de penser à tous ces pauvres types qui s’étaient cassé les reins pour des salaires de misère à construire ce monument d’orgueil, pour qu’un ramassis de semi-demeurés à force de mariages consanguins, parasites et bons à rien, dilapident les deniers publics, autour d’un illuminé qui se prenait pour rien moins que le soleil. Pour que tout ce beau monde puisse se goinfrer jusqu’à la déraison, forniquer à la lumière des feux d’artifice et chier derrière les paravents dans tous les coins du palais.
La pluie s’était arrêtée. Les champs luisaient, on aurait dit un linceul souillé par des larmes invisibles. Celles du Très-Haut. Qui chialait. Car Lui connaissait la fin de l’histoire.
La nuit allait tomber sur le monde.
Le pognon que j’ai vraiment, ce sont des billets, du vrai fric. Et ça me sert guère qu’à payer mes deux « K » : vodka et Rébecca.
Elle gagnait sa vie comme entraîneuse... à boire. Personne n'avait son pareil pour pousser un gars a commander un verre. Puis un autre. Et encore un.
Curieux comme Lilli tenait la marée, aussi. Non seulement elle repérait du premier coup d'œil le type qui avait la bourse la plus garnie, mais la vidait aussi vite sur le zinc que dans le lit. "C'est parce que le contenu d'une bourse est toujours inversement proportionnel à l'autre" aimait-elle répéter souvent.
(Dans la nouvelle "Regarde au coin de la rue, fiston, si le clebs à trois pattes cavale à reculons" de Justin Hurle)
Né avec une cuillère en argent dans la bouche. Mort avec un couteau en inox dans les couilles.
Cette nouvelle de mon aïeul a été rédigée à l'occasion du Festival de littérature populaire imaJn'ère en 2015 après Jesus-Christ (ancien calendrier). [...]
Comme on le sait, la période était bien trouble. D'après ce qu'il reste des informations à notre disposition [...] le monde était divisé physiquement en une multitude de petites nations gérées par des despotes au service des Grands Actionnaires qui tenaient le monde en esclavage. Les masses étaient détournées des préoccupations logiques par des jeux où mouraient de nombreux sportifs payés pour les distraire ou par des images générées par les sbires des GA projetées sur des écrans plats à haute définition en vue d'une lobotomisation douce.
(Dans la préface à la nouvelle "Mars prey" de Jean-Hugues Villacampa)
Le mystère n’est pas immoral. Le mystère n’est pas politique. Les gens aiment le mystère.
« La tour » - Léon Calgnac
- Je ne vais plus pouvoir aller à l’école, gémit-elle, je ne reverrai plus Lolotte, ma meilleure copine...
- Lolotte n’était pas une bonne fréquentation pour toi, ma puce, décréta P’pa. Quand on se met du rouge à lèvres avant d’avoir de vrais nichons, c’est qu’on est destiné à tourner pas comme il faut. Quant à l’école, avec les notes que tu y collectionnais, ce ne sera pas une grosse perte. M’man et moi, on se chargera de t’apprendre ce qui est vraiment utile dans la vie.
Florentin, lui, n’était pas fâché de ne plus avoir à se rendre au collège. Beaubec, le prof de maths, lui en avait fait voir de toutes les formules, aussi se plaisait-il à l’imaginer écrabouillé sous une lourde plaque de béton, une calculette enfoncée dans chacun de ses orifices naturels. Ça avait du bien, la fin du monde, au bout du compte, même si àa ôtait tout espoir de constituer une équipe de foot.
« Enfin l’Apocalypse » - Brice Tarvel
Oui, c’est une entreprise insensée. Ne pourrait-on pas dire la même chose de la Commune ? Après tout, vous avez accepté de travailler avec des femmes ; c’est déjà fou, non ?
« La Garde rouge » - Arnaud Cuidet
Depuis que l’ennemi avait conquis les airs, la guerre avait pris une nouvelle tournure. De l’attaque, les nations continentales étaient passées à la défense puis au repli contrôlé. De l’espoir, les peuples étaient passés à l’accablement. À une certaine forme de désillusion et de fatalisme.
« Écarlate était le ciel » - Anthony Boulanger