Le Chasse-marée

Comment ce "Faune" est-il arrivé dans la nef ?
Il s'agit bien, comme on pourrait s'y attendre, d'un ex-voto ; mais c'est un ex-voto dont l'histoire est assez particulière.
Le capitaine Dufour avait très certainement réalisé son modèle pour lui-même et non pour l'accrocher dans l'église.
Bien plus tard, sa fille s'étant mariée au fils d'un autre capitaine de Barfleur, monsieur Blancvillain, les époux étaient désespérés de ne pas avoir d'enfants.
Il firent vœu d'offrir le modèle à l'église de Barfleur s'ils avaient une descendance.
Le vœu fut exaucé. L'enfant naquit quelques années plus tard ; cet heureux événement nous permet de connaître ce baleinier, et de revivre son histoire...

L'histoire du "Chasse-Marée" depuis sa création serait trop longue à raconter, tant ont été nombreuses et diverses les directions et initiatives prises par cette petite entreprise, qui a tenté au fil des ans de promouvoir un véritable mouvement culturel.
Voici donc, plus simplement, quelques dates et points de repère, choisis parmi les réalisations qui ont balisé cette aventure partagée avec des milliers de lecteurs.
1979
Lancement de la Fédération Régionale pour la Culture Maritime, sous la présidence d'un des futurs fondateurs du "Chasse-Marée".
Début d'un foisonnement d'initiatives individuelles et associatives que le "Chasse-Marée", encore en gestation, va susciter et soutenir.
1981
Parution du premier numéro du "Chasse-Marée", dont les sept mille exemplaires sont diffusés artisanalement sur le littoral. Cette première action permet de rassembler rapidement trois mille abonnés.....

Bien qu'il soit fils de constructeur, Henri Guerrand avait tenu à créer son propre chantier.
En 1931, il obtient une concession sur la grande cale de Saint-Vaast, entre le chantier de Pierre Bellot et la chapelle des marins ...

Nanti, Jules Verne l'est assurément depuis la publication, en 1872, de son "tour du monde en 80 jours". Un immense succès, tout comme la pièce de théâtre qui en est tirée trois ans après et fait l'objet de quatre cent représentations.
Les droits d'auteur induits l'autorisent à rêver d'un nouveau bateau. Le premier "Saint Michel" - prénom du fils de l'écrivain -, une ancienne embarcation à bourcet-malet qu'il a fait modifier au Crotoy, ne mesure que 9 mètres à la flottaison.
Un peu juste pour le "bureau flottant" dont il rêve.....
(extrait de l'article "Grâce aux droits d'auteur du tour du monde en 80 jours" contenu dans le numéro 239 de la revue "Chasse-Marée" parue en mars 2012)

Edouard Peisson (1896-1963) a publié une trentaine de romans et autant de nouvelles sur la mer. Et pourtant, l'homme et sa carrière n'étaient jusqu'ici guère connus.
Si l'exactitude de ses récits repose sur le travail précis de l'écrivain, l'émotion qui s'en dégage est nourrie par les souvenirs du marin de commerce.
Une oeuvre unique, portée par un style d'une rare sobriété, qui parle de ceux dont le seul titre de gloire est le livret d'inscrit maritime.
Celui de Peisson portait le n° 10181.....
(Introduction de l'article de 14 pages consacré à Edouard Peisson dans le numéro 178 de la revue "Chasse-Marée" parue en mai 2005)

Au fil des 100 numéros de la revue et des 50 ouvrages publiés, un très grand nombre de thèmes a ainsi été traité par des auteurs de grand talent, originaires de dix pays différents.
La collection du "Chasse-Marée", devenue fort précieuse, constitue déjà une véritable encyclopédie de la vie maritime, fluviale et lacustre.
Mais la matière s'avère encore prodigieusement riche : les articles en préparation qui s'accumulent sur les étagères de la rédaction prouvent que d'immenses domaines attendent encore d'être explorés...
(extrait de "Cent numéros ! Le Chasse-Marée a quinze ans", éditorial du n° 100 paru en août 1996)

Rares sont les familles de bateaux traditionnels qui peuvent se vanter de compter autant de rescapés.
Avec ses cent soixante vaquelottes, le Cotentin témoigne d'une richesse que l'on était loin de soupçonner voici seulement une dizaine d'années.
Al'instar des canots de misaine de Cornouaille, des sinagos du Morbihan, des sloups coquilliers de la rade de Brest ou des barques catalanes, les vaquelottes ont stimulé l'enthousiasme d'une nouvelle génération de propriétaires qui se sont efforcés de restaurer et de regréer au mieux ces vieux bateaux de travail ...

A compter des années 1850, Barfleur voit diminuer ses activités de cabotage et de long-cours au profit de la pêche côtière.
Celle-ci se pratique à bord de petites unités non pontées, qui arment surtout aux cordes à proximité du Cotentin, autour des îles anglo-normandes et sur le littoral de la Bretagne nord.
Certaines pêchent aussi le maquereau de dérive et partent pour Dieppe à la saison du hareng.
Ces "bateaux" ou "Canots", tels que les nomme l'administration, sont grées en bisquine - même si pour les affaires maritimes, ce terme est le plus souvent réservé aux grandes bisquines de cabotage de Saint-Vaast.
La plupart de ces bateaux sont construits par les charpentiers barfleurais : les frères Lescellières, Célestin Paris et son fils, Pierre Fichaux dont l'entreprise est rachetée en 1870 par son petit-neveu Charles Bellot.
Passé la pointe de Jonville, au nord-est de Saint-Vaast, les fonds rocheux ne se prêtent qu'aux arts dormants. Quand elles restent dans leur quartier les bisquines de Barfleur arment donc essentiellement aux cordes, aux claies (casiers) et aux filets dérivants.
Alors montées par quatre ou cinq hommes, elles pratiquent surtout les baux (cordes de fond) au large de Barfleur et jusqu'aux environs d'Aurigny......
(extrait de "L'Ami Pierre - bisquine de Barfleur)

Pour le Chasse-Marée, la connaissance intime des techniques nautiques est un préalable indispensable à toute histoire maritime.
En nous documentant avec précision sur la structure et le fonctionnement des navires du passé, l'archéologie navale nous aide à pénétrer le quotidien réel des hommes de mer.....

Pour autant, chacun des personnages de Vercel possède un caractère unique, échappant ainsi à un classement en de réductrices figures stéréotypées.
A l'instar de la documentation, cette particularité contribue à la véracité d'une oeuvre romanesque qu'il est urgent de redécouvrir.
La lecture de Roger Vercel - injustement disparu de nos dictionnaires -, n'est-elle pas une formidable occasion de revivre une époque révolue et de larguer les amarres ?
(conclusion de l'article de 12 pages consacré à Roger Vercel dans le numéro 142 de la revue "Chasse-Marée" parue en avril 2001)

Prenez le large avec Yann Calec, commandant d'un des nombreux "Liberty ships" que les États-Unis ont laissé aux pays européens, après la seconde guerre mondiale.
Ses aventures le mènent dans un premier temps de Rouen vers la mer des Caraïbes, au prise avec des sous-mariniers nazis expatriés, à la solde d'un armateur véreux. Il prend ensuite la route de Pointe-Noire pour charger des grumes, poursuivi par des trafiquants insaisissables.
Enfin, rattrapé par son passé, il devra parcourir les côtes d'Indochine, en pleine guerre, sur les traces de son père.
Les auteurs ont été conseillés par Georges Tanneau, collaborateur du "Chasse-Marée" et auteur de récits passionnants sur son passé à la pêche et au commerce.
(extrait de "La boutique du "Chasse-Marée" n°227 paru en octobre 2010)

Le chantier "Bellot"s'est établi au bout de la "cache" du puits après la guerre de 1870.
On installe alors un atelier faisant approximativement 12 mètres sur 6, bordé en bois et recouvert de papier goudronné.
Cet abri sert à ranger les outils, à faire la petite mâture, les avirons, les poulies, les pompes et les petits canots ou les plates.
Il sera plus tard remplacé par un atelier plus vaste ...

C'est donc en 1970, que le Faune est descendu de la voûte dans un triste état.
Déjà deux ou trois ans auparavant, le modèle avait été affalé, et on s'était aperçu que le pont avait disparu : il ne restait qu'un tas de sciure au fond de la coque, les vers n'en avaient fait que quelques bouchées.
Tout l'accastillage était en vrac à fond de cale.
Le commandant Choisy, capitaine au long-cours, vivement attaché comme tous les habitants de Barfleur à ce bateau, avait monté un pont provisoire pour le présenter à une exposition.
Quand il m'a été confié de le réparer, j'ai dû refaire tout le pont en virures, sans démonter les bas-mâts ni leurs haubans....